Archive pour octobre 2002

10 grues à l’horizon

Jeudi 31 octobre 2002

Brumeuse, l’horizon.

Résultats

Mardi 29 octobre 2002

Raté.

Je souris dans la glace, je grimace, j’aurai des pattes-d’oie, comme Michel Drucker !!

Dimanche 27 octobre 2002

J’ai besoin non seulement de sortir mais de marcher. J’ai donc profité de cet intermède de clémence météorologique. J’avais à faire quai de Gesvres. J’y ai rencontré une bouquiniste qui m’a acheté des livres. Elle m’a rappelé une E. que j’ai bien connue. Elles n’avaient pas le même âge, je n’ai pas non plus remarqué de traits physiques communs en particulier, mais il y avait quelque chose qui m’a fait penser à elle tout de suite. C’est étrange. Ensuite j’ai marché jusqu’à Port Royal, je suis passé rue Saint Jacques, puis rue des écoles, j’ai regardé la vitrine de Compagnie mais je ne suis pas rentré. Je suis ressorti de chez Gibert les mains vides, j’ai traversé le Luxembourg, je suis remonté par l’Observatoire. J’ai croisé le 83 (d’un peu près d’ailleurs !) qui m’a fait penser à Ultraorange (enfin dans la mesure où on peut penser à quelqu’un qu’on n’a jamais vu). Désobéissant à la logique je suis parti vers la place d’Italie en 91 et en 27. A l’arrêt du 27 j’ai écouté discuter deux vieilles dames : On est fou quand on est jeune. Ne trouvant pas ce que je cherchais à Italie 2, je suis reparti en métro vers Montparnasse. Chez Habitat j’ai vu, comme à chaque fois, le canapé de mes rêves (bah oui dans les rêves il y a de la place pour tout !) : Maxime (sigh). Si j’avais du fric, et un endroit où le poser, je l’achèterais sans réfléchir (je me permets d’insister fermement : s’il y a un Habitat près de chez vous allez le voir). Ahhhh, Maxime (tant qu’à faire trois places avec des coussins en plus, tissu B rouge ou prune) {alors là concentrez vous, Back to the future style, je requiers toute votre attention : j’avais commencé cette entrée samedi soir avant de partir, je m’étais arrêté à catalogue (cf infra). Ma soeur est arrivée donc je me suis arrêté. Or hier soir chez M. et J.M. j’ai fais la connaissance de G., je vais y revenir, à qui j’ai parlé de ce canapé et qui m’a fait remarqué qu’on aurait du mal à décorer une pièce autour d’un canapé rouge (j’en étais déjà à proposer qu’on vive tous chez M. et J.M. parce qu’ils ont vraiment trouvé LE truc, qui a le truc ;o) ) ; il s’est avéré que le canapé était un sujet de discussion très riche}.[Je reprends :] Ahhhh, Maxime, dans un salon avec du parquet, une cheminée et des lampes uniquement d’appoint (j’aime beaucoup les lampes). Une musique douce, une pile de livres et une amie non moins douce à qui lire des histoires (ça fait cliché ? bon bah je rêve de clichés, c’est pas grave, moi mon envie c’est ça). Enfin bon, on arrête de rêvasser et on regarde sa feuille. J’ai donc pris la lampe (cf supra) que j’étais venu chercher pour l’offrir à M. et J.M. pour leur pendaison de crémaillère ce soir. Je suis resté béat devant les guirlandes lumineuses (blanches, roses, multicolores, clignotantes ou non, en forme de fleurs, de lampions ou de boules de fibres optiques (c’est mieux en vrai parce que dis comme ça c’est pas génial)). C’est le genre de conneries que j’achète très facilement mais j’ai résisté car mes finances sont très moyennes. Ne pouvant rien contre la loi de Murphy j’ai commencé à faire la queue dans la file la plus lente. Derrière moi une mère et sa fille discutaient : / C’est quand le meilleur âge pour les enfants pour toi ? Je veux dire celui que tu as préféré ? Tu vois par exemple quand on s’est mis à parler ça devait déjà faire un peu moins animal. \ Oh tu sais il n’y a pas d’âge que j’ai préféré. / …un peu insistante… \ J’aimais bien quand vous vous entendiez. Il y a des photos où vous jouez ensemble / … Ce fut effectivement très long. J’ai réclamé du papier cadeau et le catalogue. Je suis ensuite rentré chez moi (où j’ai écrit la première partie de cette entrée, ça y est vous avez tout remis dans l’ordre ?).

Il y avait pas mal de monde à cette soirée, dont une immense majorité que je n’avais jamais vu. Je me suis dispensé de dire bonsoir à tout le monde, comme tout le monde finalement. G. est une amie de M. avec qui j’ai entamé la discussion et là je tombe dans un de mes paradoxes classiques (à rapprocher de S.) : je ne l’ai jamais rencontrée auparavant (par contre il semble qu’elle nous connaissait de nom ma soeur et moi car M. lui avait parlé de nous), elle me plaît mais au lieu de me retrouver plus ou moins paralysé je reste à discuter avec elle pendant deux heures. Moi-même je ne comprends pas : j’avais un petit peu bu mais franchement rien qui puisse expliquer une déshinibition totale (peut-être ai-je fini par trouver LA quantité…). Elle a même un défaut terrible pour moi (qui aurait normalement dû me servir de prétexte) : elle fume (je suis le Don Quichotte du tabac, enfin entendons-nous bien : chez moi). Pourtant j’ai bien envie de la revoir. Là on retombe dans ma vie : nous n’habitons pas dans la même région (ce serait trop simple !). A suivre…

C’est horrible un plafond parfait, bien lisse, sans aucun défaut(le pire étant un plafond noir). Eventuellement je pourrais accepter un plafond laqué : c’est parfait (non parce que tant qu’à laquer le plafond autant le faire bien) mais les reflets compensent largement. Quand j’étais petit le plafond de ma chambre était lambrissé. Je voyais mille choses dans les fibres et les noeuds du bois, beaucoup d’animaux. Je regarde le plafond. Il n’est pas très beau le plafond de ma chambre. Il est blanc. Il y a des fissures et des coups. Cela peut chagriner l’oeil de l’homme de l’art (non, pas le plafonnier !) mais pour moi c’est parfait. Je peux laisser mon imagination s’y ébattre. J’y ai trouvé d’autres animaux. Il y a un taureau et un dragon. Un jour j’ai entendu une série d’entretiens avec Jean Giono dans lesquels il racontait que durant ses séjours en prison il avait voyagé dans les défectuosités du plafond de sa cellule. Je m’étais dit qu’il n’y avait pas que moi et d’une certaine façon cela flattait mon ego de retrouver Jean Giono au plafond.

J’adore le passage à l’heure d’hiver. Prenons des bonnes résolutions : tâchons de répondre à ces questions qui ne me semblent pas inintéressantes :

- Que peut-on faire avec ce que l’on a ?
- Comment peut-on faire tel que l’on est ?

Weather depression ?

Vendredi 25 octobre 2002

C’est pas possible, pas possible, pas possible ce temps !!! Je vais sortir, rejetter la tête en arrière pour bien voir le ciel en face, lui crier combien je déteste ce temps… et me noyer.

Ce matin mon père m’a appelé (c’est suffisamment rare pour être signalé, ceci dit mes appels le sont encore plus) pour une histoire d’impôts, sans grand intérêt. En revanche ce qui en avait (de l’intérêt) c’est ça : Bon et puis si tu ne l’as pas la Terre continue à tourner, il y a des tas d”autres choses à faire. Et bien ça fait plaisir, surtout de sa part (ça ne va jamais, rien n’est jamais assez bien, je vous laisse imaginer ce que pouvait donner le fameux peut mieux faire qui est l’appréciation que j’ai le plus ramenée au cours de ma scolarité). Ma mère le dit aussi mais bon de sa part c’est normal (oui, je sais le monde est injuste, ce sont les remarques et les compliments des gens qui en font le moins qui ont le plus de valeur, c’est la conséquence de la rareté, il est vain de lutter contre ça). Je me demande quand même franchement ce que je vais faire si je n’ai pas cet écrit (et les oraux qui suivent, sinon retour à la case départ sans toucher 3000 € (je me demande à combien ils ont arrondi dans le Monopoly)) … Surtout ne pas parler travail avec O. ou N. qui sont déprimants pour ça.

Il paraît que Les mystérieuses cités d’or ne comportent en tout et pour tout que 39 épisodes. Il me semble que pour Ulysse 31 et nombre d’autres séries c’est à peu près identique. J’aurais dit qu’il y en avait des centaines. Le monde des enfants est bien plus vaste que celui des adultes. Je le pense peut-être parce que j’avais une imagination très fertile (que j’ai conservé en grande partie). Tout semblait si grand lorsque j’étais enfant. Vous avez sans doute déjà vécu l’expérience la plus frappante qui consiste à vous retrouver adulte dans un endroit où vous n’étiez pas retourné depuis votre enfance. Une cruelle déception provoquée par la petitesse des choses se mêle toujours au plaisir de retrouver ces lieux chargés de souvenirs (parfois jusqu’à l’annihiler complètement ; je crois que c’est ainsi qu’on devient amer, en ne parvenant pas à accepter les changements dûs à l’évolution et l’ordre naturel des choses). Le faible nombre d’épisodes de la série m’a fait le même effet.

C’est étrange, j’ai le sentiment qu’on n’a de cesse de vouloir rétrécir le vaste monde, notamment grâce aux réseaux physiques ou virtuels. Peut-être que ça commence dès l’enfance finalement. On veut aller au bout du monde, on se précipite, on se projette et puis soudain on est adulte, le monde rétrécit (ça me fait penser à L’écume des jours de Boris Vian), on entrevoit la fatalité (petite note : le mot fatal ne signifie pas mortel mais inévitable, il peut donc éventuellement être employé comme synonyme de mortel mais son sens est beaucoup plus large, si tant est qu’un sens puisse être large) de notre fin et on se retourne, on se raccroche, on freine… en vain.

La pluie cogne aux carreaux, comme si les gouttes se précipitaient sur eux, irrésistiblement attirées par la houle de l’orchestre, pour se fondre dans la mer de Debussy.

11 grues à l’horizon

Jeudi 24 octobre 2002

Mardi j’ai déjeuné avec O. et N. Nous avons parlé de nos examens respectifs, quoique tous dans le même domaine. Il pleuvait et il faisait froid, N. est rentrée se coucher passablement déprimée par les propos de O. qui prend un malin plaisir à garder son calme en distribuant son stress à tout le monde. Je sentais bien que je n’allais encore pas bosser durant l’après-midi (je n’arrive pas à bosser pour un truc que je ne suis pas sûr de passer ; si cela doit arriver j’aurais toujours le temps de paniquer et de me maudire pour ma bêtise récurrente en la matière le moment venu). Je suis donc resté avec lui. Nous avons fait un tour à la FNAC, d’où j’ai réussi à ressortir les mains vides (bon d’accord après avoir reposer ce que j’avais pris, deux ridicules CD, mais ce n’est déjà pas un mince exploit, qui tombe bien compte tenu de mes finances), puis nous avons fini l’après-midi chez lui. C’est l’occasion de discuter un peu, ce que nous n’avons plus souvent le temps faire. Il conserve son pragmatisme et son optimisme habituels (qui, à mon sens, sont indefectiblement liés). Je pense aussi que E. participe à leur maintien à un niveau élevé.

J’en profite pour vous faire part d’une théorie de E. qu’elle m’a exposée il y a quelques temps : le détail qui tue. L’amour (dans un sens large) ne peut pas survivre au détail qui tue. Ce détail c’est un truc que dit ou que fait l’autre et qui tue l’amour. Ce peut être un tout petit détail, un truc qu’on n’a même pas remarqué sur le moment mais avec le recul, après coup, on saura que c’est à ce moment précis que tout a basculé. Parfois on le voit tout de suite. D’après E. on peut avoir deux attitudes : soit on arrête tout de suite, brutalement, afin d’éviter l’agonie, soit on continue mais on a beau faire les efforts qu’on veut, ce n’est qu’une question de temps, le détail qui tue est sans rémission. Ne nous y trompons pas : c’est un problème de sensibilité. Le détail qui tue peut être différent pour chacun (je suis enclin à croire qu’on l’ignore tant qu’on y a pas été confronté car par essence ce n’est pas détachable de la personnalité de l’autre, on ne peut donc pas établir à l’avance une liste de ces détails létaux, c’est beaucoup trop subtil) et même pour chaque partenaire de chacun. Il serait donc très réducteur et irresponsable de rejetter une hypothétique faute sur l’autre en raison de son comportement. Je dois admettre que sa théorie est sans doute plus utile au quotidien que les miennes.

A contrario pourquoi ne parlerait-on pas du moment où l’on sait que ça ne pourrait plus être quelqu’un d’autre (formulation laborieuse, je vous invite à chercher une formule plus jolie et à m’en faire part) ? Peut-être qu’on ne le sait qu’après plusieurs années, peut-être après plusieurs dizaines d’années, ou bien beaucoup plus tôt, mais ce doit être merveilleux ce moment là.

Je ne sais pas vous mais la période n’est pas des plus gaies. La météo est franchement maussade, en tous cas à Paris. J’attends mon résultat qui va soit me plonger dans une frénésie et un stress monstrueux pour les 3 semaines suivantes, soit me laisser sur le carreaux avec une interrogation pertinente soit, mais douloureuse : qu’est-ce que je vais faire ??? En attendant je suis inactif, ou presque, en tous cas je ne révise quasiment pas. Comme d’habitude je veux faire plusieurs choses et ne parvenant pas hiérarchiser mes envies (parce que finalement ça revient à ça) je ne fais rien, ou alors des petits bouts de choses (ce qui fait peu vous en conviendrez)… je me fais un peu l’effet d’un lapin paralysé dans le rayon des phares d’une voiture. Si la réincarnation existe c’est comme ça que j’ai dû changer de corps la dernière fois. Tant qu’à demeurer inactif je préfèrerais être insouciant, c’est plus agréable.

J’ai appris aujourd’hui même le retour de la (world famous) migratrice Scribouilleuse. Je ne voudrais surtout pas écraser ses épaules d’un poids trop lourd mais peut-être va-t-elle contribuer à réchauffer un peu cet automne.

A propos de voyage (cf la migration de la Scribouilleuse supra), avez-vous remarqué que dans tous les films les voyages dans le temps sont toujours quasi-instantanés ? Tandis que les voyages classiques, i.e. dans l’espace, sont plus ou moins longs (sauf bien sûr dans Star Trek grâce à la téléportation ; on peut également débattre à propos de l’hyper-espace dans Starwars), le paysage défile, cela prend du temps, il se passe des choses durant le voyage. Le voyage constitue d’ailleurs relativement souvent l’histoire en elle-même, je pense aux road-movies… Le voyage dans le temps n’est jamais une fin en soi. Il dure une seconde et ne sert qu’à expliquer comment il a été rendu possible ou bien pourquoi le ou les héros sont dans un environnement chronologiquement décalé. Imaginez que les voyages dans l’espace dans les films soient tous des téléportations. Il me semble qu’on y perdrait. J’admets qu’il y a un problème avec le temps : si le personnage ne se déplace strictement que dans le temps il est physiquement immobile et la chronologie (en lieu et place du paysage) défile autour de lui à plus ou moins grande vitesse. Cela ne semble pas passionnant. Mais quand même il faut y réfléchir et je pose la question : à quand les time-movies ? (Comment ça Back to the future c’en était déjà un ?)

La nuit je mens

Lundi 21 octobre 2002

J’ai eu 12 heures de cours ce week-end. Je me suis donc alloué quelques loisirs pour équilibrer !

J’ai donc vu Minority report. C’est très réussi !! Avoir une nouvelle de Philip K. Dick à la source est un gros avantage évidemment (je me suis demandé si je ne devenais pas schizophrène à la fin de plusieurs de ses romans et Blade runner est un de mes films préférés, mais vous le saviez, n’est-ce pas ?) mais il y a aussi tous les effets spéciaux (je ne suis pas spécialement fan mais ils sont au service de l’histoire) qui l’habillent. Je n’ai pas vu passer les 2h25. Sans verser dans le purisme et/ou le militantisme : les multiples publicités sont très désagréables.

Dans un tout autre registre j’ai également vu Embrassez qui vous voudrez qui m’a beaucoup fait rigoler, fourbement d’ailleurs car il y a finalement beaucoup d’amertume derrière ces situations cocasses.

J’ai suivi la voie d’Ultraorange pour une nouvelle sorcellerie artistique (de Vincent Ravalec ; Librio n° 502). L’idée est attrayante. Elle m’apparaît toutefois partiellement comme un prétexte, disons un masque (je trouve que c’est plus dans le ton et que l’image est plus belle, plus artisitique ) pour une entreprise plus noble encore. Si l’auteur se défend à raison de s’aventurer sur le terrain de l’universelmy il n’en demeure pas moins qu’il ébauche à grands traits un modèle de société : cet essai est politique et humaniste. Si l’on préfère on dira qu’il stigmatise les failles de notre société actuelle. J’y ai retrouvé quelques unes de mes notions de prédilection, notamment la foi, la quête, l’équilibre… Je trouve même que ma théorie de la réalité objective et des réalités subjectives s’incarne plutôt bien dans le jeu (nota bene : faire preuve d’humilité). Il serait long de reprendre ici l’ensemble du livre, bien qu’il soit très court (paradoxalement…). Il conviendrait plutôt de confronter ses notes respectives entre lecteurs. C’est une oeuvre ouverte, ce qui est la moindre des choses en l’espèce (si vous l’avez lu vous comprenez pourquoi). Paradoxalement l’aspect pratique me semble toutefois un petit peu difficile à expliquer à des néophytes en internet (j’ai déjà essayé d’expliquer quelques notions relatives au net à mon grand-père, mon père et ma soeur… ce n’est pas évident du tout la virtualité).

Je pense que le chanteur, en particulier l’auteur/compositeur/interprète, a longtemps été et, j’ose espérer, est encore dans une large mesure une sorte d’écrivain public, bien plus que l’écrivain ou le poète (en raison du format de ses oeuvres et de leur relative simplicité). En effet, qui ne s’est jamais retrouvé dans une chanson ? Qui ne s’est jamais dit qu’elle exprimait exactement ce que vous ressentiez ? Je suis sûr que beaucoup de gens se sont déjà exprimés au moins une fois par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs chansons. C’est un disque offert, une compilation faite spécialement (souvent le fruit d’une longue préparation) ou un morceau choisi à un moment précis. Vous avez des sentiments, vous avez la volonté de les exprimer et vous choisissez une chanson pour le faire parce que c’est celle qui les décrit le mieux, parce qu’elle vous plaît cette chanson, c’est à la fois une déclaration et un présent : écoute, c’est ce que je ressens et puis c’est très beau aussi. Je me demande s’il faut y voir une marque d’humilité, une manière de dire je ne saurais pas le dire aussi bien ou bien une façon de se protéger un peu (ce qui ne me semble absolument pas blâmable) en empruntant les mots d’un autre comme soutien. D’où l’importance de la chanson et la nécessité d’auteurs de qualité (parce que Lorie c’est sympa mais parfois ses textes sont un petit peu limités pour exprimer certaines subtilités ; toutefois je pense que son dernier tube exprime l’envie de beaucoup de gens).

Il n’est pas exceptionnel d’entendre développer l’idée que le sexe et l’Amour sont deux choses distinctes qui ne font pas nécessairement corps (je n’ai pas pu résister). Si l’on s’en tient à ce précepte on pourrait parfaitement être fidèle à une personne Amoureusement parlant tout en ayant des relations sexuelles avec une ou plusieurs autres (en même temps ou en plusieurs fois). Il me semble que pour que cela fonctionne il faut être deux à partager cette idée. Au-delà de ce cas dont je n’ai pas l’impression qu’il soit le plus fréquent la notion de fidélité m’intéresse assez. D’un point de vue pratique être fidèle c’est tout simplement dire non. C’est aussi simple que cela. C’est de se dire non ou bien le dire à une autre personne. On en déduit tout de suite que la fidélité ne se fait jour que dans certaines circonstances. On n’est pas fidèle à proprement parler en n’ayant jamais été obligé de dire non, on n’a jamais été en situation d’éprouver sa fidélité. Bien présomptueux qui pourrait jurer à l’avance de sa fidélité (toutefois l’idée du mariage ne me rebute pas du tout et si je me mariais je devrais jurer fidélité… présomptueusement mais en y croyant sincèrement). En revanche on peut jurer de sa volonté de l’être. Tout le monde n’a pas cette volonté. Je crois que pour pouvoir s’y tenir il faut faire tout à fait sienne cette fidélité en la réfléchissant. En clair il s’agit d’être fidèle à soi-même en étant fidèle à l’autre. Il faut oser s’avouer que si je te trahis c’est que je me suis trahi moi-même (j’ai l’impression qu’on a tendance à dire je me suis trompé sans vraiment réaliser que cela signifie la même chose que tu m’as trompé, il n’y a qu’une personne qui change). On fait corps (expression récurrente du jour) avec ses idéaux, ses croyances et ses promesses, ils constituent une extension de soi. Je te suis fidèle car à mon sens c’est une marque de respect envers la personne avec qui j’ai une “intimité de couple” et ainsi je me suis fidèle. Le plus difficile en pratique, pour en revenir à ma distinction du départ, est de déterminer le corps de cette fidélité (je souris en pensant qu’on parle beaucoup plus couramment de corps du délit), ce qu’elle recouvre. C’est quoi notre fidélité ? Il n’y a aucune règle, il faut s’accorder, c’est un duo ; or il n’est déjà pas toujours facile d’être fidèle à soi-même…

Contre toute attente la fidélité n’est pas mon sujet. Je pensais donc à cette distinction entre le sexe et l’Amour et il me semblait qu’elle était plus souvent évoquée par les hommes que par les femmes (c’est un sujet sérieux et sexuel alors je ne parle pas de filles et de garçons ; les filles et les garçons se tiennent par la main, se font des bisous et rêvent) bien que d’aucuns considèrent qu’il s’agisse là d’un poncif. Je me suis demandé pourquoi (pas à propos du poncif !). Il m’est venu une idée, très symbolique, soit, mais qui ne me semble pas totalement saugrenue. Peut-être est-ce tout simplement parce que la sexualité de l’homme est externe contrairement à celle de la femme. L’image n’est pas très ragoutante mais c’est ainsi : l’homme est dissociable de son sexe, pas la femme. Je ne parle pas que des nombreuses idées plus ou moins reçues à ce sujet mais de la réalité physique, physionomique et je contaste simplement une étrange similitude entre cette réalité physique et cette idée de distinction, ça ne va pas plus loin. Je me suis quand même demandé comment se serait si la femme était également dissociable de son sexe. Comment seraient les relations sexuelles et la conception de l’Amour s’il n’y avait pas de pénétration ? Imaginons que la reproduction (parce que bon il ne faut pas se leurrer l’instinct de reproduction, inconscient, avance masqué sous le désir sexuel mais il est bien là, au moins durant un temps) se fassent selon d’autres modes. Je laisse libre cours à votre imagination.

L’homme est un animal diurne. L’obscurité et la fraîcheur de la nuit lui sont défavorables, pour ne pas dire hostiles. Il n’est pas nyctalope, son odorat est faible, sa peau lisse ne le protège pas du froid, on peut tout juste lui accorder une ouïe plus ou moins sensible. Lorsque le jour décroît l’homme cherche un abri pour passer la nuit. L’homme est sans doute le mammifère le plus adaptable. Il dispose d’une importante capacité d’apprentissage et de doigts opposables : les pouces. Dès lors il peut créer les éléments nécessaires pour pallier à ses faiblesses (équipements qui vont de la petite laine aux lunettes infrarouges en ce qui concerne la nuit). Aujourd’hui il est courant de croiser des hommes à découvert (mais couverts) en pleine nuit. Hardis, il y en a pour se déplacer ainsi même sur la mer ou dans le ciel (qui ne lui sont déjà pas des milieux naturels en plein jour). La rase campagne donne au citadin une bonne idée de ce qu’est la nuit ancestrale. Les jolies lumières qui éclairent les routes et les bâtiments ne sont pas la nuit. La nuit est obscure, on n’y voit guère autre chose que la lune et les étoiles si tant est que le temps soit clair. Le règne de la nuit est arythmé de bruits inquiètants. La nuit porte une cape de froid et d’humidité qui fond lentement mais inexorablement sur la Terre et sur vous.

J’ai marché dans Paris pendant des heures et des heures en pleine nuit. Cela m’arrive encore parfois. Je ne crois pas que je l’aurais fait à la campagne. Même en restant sur la route la nuit est inquiètante. Je n’ai pas envie de m’enfoncer dans le noir, d’être aveugle. Pourtant la nuit me fascine et me fait peur (mais je me demande s’il n’y a pas toujours un minimum de peur dans la fascination), depuis que je suis tout petit. Sans que je puisse bien l’expliquer la perception des choses est différente la nuit. Peut-être avez-vous la même sensation. Rouler la nuit est quelque chose de très particulier. Vous vous déplacez dans l’espace mais vous n’en avez qu’une conscience diffuse car le paysage ne défile pas, tout au plus en apercevez-vous subrepticement une image dans les virages comme lorsqu’un éclair s’abat durant les gros orages. Le faisceau des phares semble aspirer la route. La musique remplit l’habitacle et couvre les bruits de la nuit et de la voiture. Le temps se déroule au rythme de la musique. Vous voyagez autant dans la musique que dans l’espace. C’est un voyage irréel. Je trouve cela très futile mais j’en tire un certain plaisir quoique ce ne soit jamais que pour oublier qu’on est seul. C’est étrange comme la sensation de liberté peut être forte dans certaines circonstances et combien la liberté d’aller et venir incarne l’essence de LA liberté (ce qui explique d’ailleurs que la privation de cette liberté par l’emprisonnement constitue la sanction la plus lourde du droit pénal). On pourrait aller au bout du monde la nuit.

Lorsque j’étais encore bébé dès que j’ai su passer par dessus les barreaux de mon lit je me suis relevé autant de fois que je pouvais (à tel point que mes parents ont fini par enlever les barreaux pour éviter que je ne tombe de trop haut) mais j’ai eu peur du noir pendant très longtemps. En général je ne m’endors qu’épuisé. Je résiste jusqu’à tomber de fatigue. Je ne me fonds donc pas dans la nuit, au contraire je lui résiste. Ce qui m’a récemment amené à me demander si cela n’était pas l’expression d’une peur, pas celle du noir, celle de la mort. Je m’en suis beaucoup défendu, et je le fais encore, mais je dois constater les faits. Peut-être est-ce dû aux conditions de ma naissance. Je suis né avec le cordon ombilical enroulé autour du cou, j’étais donc tout bleu (je sais, c’est très drôle de m’imaginer en schtroumpf) et il a fallu me placer sous oxygène. Je me demande dans quelle mesure il peut y avoir une corrélation.

A un journaliste qui lui parlait de ses chansons et lui demandait comment il écrivait (les questions classiques quoi) Jean-Louis Aubert avait parlé de la manière de dire les choses. Il avait pris un exemple en distinguant : tu es belle de je te trouve belle et de tu me plais [sous-entendu : comme tu es]. Tout le monde n’y verra peut-être pas de différences mais pour moi il y en a. A mon sens il est beaucoup plus personnel de dire tu me plais. Ainsi, pour rester dans le même registre, je préfère les mots jolie ou mignonne à belle. Ce dernier adjectif me semble assez froid, il m’évoque une chose plutôt qu’une personne, du moins qu’une personne que je connaîtrais ne serait-ce qu’un peu. Une oeuvre d’art, une statue par exemple, peut être belle. On peut également trouver une actrice belle mais c’est différent de quelqu’un qu’on connaît, qui n’est pas qu’une image ou une chose inerte. Pourtant il est plus difficile d’employer jolie ou mignonne qui possèdent auprès d’une majorité de personnes une connotation enfantine ou mièvre. Pour moi il y a une connotation affective dans ces mots là.

Avec deux amis nous avons joué pendant un moment à noter les filles (nous avons d’ailleurs pu vérifier qu’elles-mêmes étaient nombreuses à le faire). Nous n’avons jamais joué à ça qu’à propos de filles que nous ne connaissions pas du tout : des filles que nous croisions dans la rue par exemple. Pour une raison très simple : on ne parle de physique et que de physique, comme on parlerait d’une chose, ce qui est finalement un peu inhumain. Il ne s’agissait pas de les rencontrer. On ne peut pas faire ça avec des gens que l’on connaît ne serait-ce qu’un peu : il y a des liens affectifs (dans un sens très large) plus ou moins importants. Le grand enseignement a été qu’il était rare que nous tombions d’accord.

S. était encore absente. J’ai discuté avec sa cousine. Elle est souffrante :o/

Il y a des moments où je me sens seul et en général simultanément stupide.

La mouette

Vendredi 18 octobre 2002

Il y a de cela quelques temps je me trouvais au jardin du Luxembourg, où cohabitent pigeons, canards et mouettes justement, et j’avais les yeux un peu dans le vague. Mon regard a alors surpris une scène qui demeure unique à ce jour car je n’ai trouvé personne qui ai déjà assisté à quelque chose de similaire. J’ai vu une mouette se gratter en vol (je sens que vous êtes un peu déçu là, non ?). Je promets que je l’ai vu se gratter le cou avec une de ses pattes et ceci en vol. J’étais assez ébahi (oui je me satisfais de choses simples… parfois). O. aimant beaucoup les mouettes (j’ignore pourquoi ; je lui aurais raconté de toute manière) je lui raconte l’anecdote, qui est tout de même originale. Il n’a pas voulu me croire !! Il continue d’ailleurs régulièrement à me ressortir cette anecdote (et quelques autres, notamment la théorie des atomes) quand il veut me signifier que je dis n’importe quoi. Je n’ai plus de relations avec mon seul témoin qu’il a disqualifié au motif que nos relations pouvaient laisser douter de sa bonne foi. Mais je persiste et signe !

L’express de cette semaine contient quelques pages sur l’anxiété. Des trois profils décrits je pense que celui de l’imaginaire me ressemble le plus (mais je crois avoir parfois des accès d’hyperactif et de sceptique, surtout de sceptique) :

Son angoisse le pousse à se réfugier dans l’imaginaire et à rêver d’idéal, ce qui favorise sa créativité. De nombreux artistes, poètes ou romanciers appartiennent à cette catégorie. L’anxieux imaginatif tente d’établir une passerelle entre son monde intérieur, menacé par des monstres invisibles, et le monde externe, plus facilement contrôlable. Son imaginaire grandiose voudrait ne se nourrir que d’amour, d’admiration et de perfection. Mais rien n’est jamais assez beau dans le réel. De ses instants de bonheur il a tendance à ne retenir que le relatif, l’inachevé, à amplifier le moindre défaut. Perfectionniste, il est rarement satisfait de ses œuvres. Cette vision spontanément négative le rend parfois susceptible, voire un peu «parano». Il peut, dès que les autres s’approchent, se replier sur lui-même, de peur d’être critiqué ou déçu par leur comportement. «Dans mon enfance et mon adolescence, je changeais de trottoir pour éviter les autres jeunes parce que j’avais l’impression qu’ils allaient se moquer de moi, raconte Astrid, 30 ans. Aujour-d’hui encore, il m’arrive souvent, le soir, de me demander si je n’ai pas été désagréable avec les gens pendant la journée, si on n’a pas mal interprété mes propos. Cela peut m’empêcher de dormir», confesse cette professeur de lettres fanatique d’écriture et d’arts plastiques. Timide, peu sûr de lui, dépendant du regard des autres et toujours sur le qui-vive, l’anxieux imaginatif cherche malgré tout à séduire et guette l’approbation et l’admiration de son entourage dans l’espoir de se rassurer. Dans une ville inconnue, il s’accroche à son plan. Il tente parfois de fuir ses idées noires en recourant à l’alcool ou à d’autres dépendances. Il suscite chez les autres un sentiment d’admiration, de compassion mais aussi d’agacement. Il peut en effet se montrer très irritable, tant ses exigences sont parfois disproportionnées par rapport à la réalité.

Alain Bashung (j”aime beaucoup Alain Bashung ; tant que j’y suis : dans Ally Mc Beal ce soir il y avait Christina Ricci et je l’aime beaucoup aussi) sort un nouvel album L’imprudence. L’express de cette semaine contient un dossier sur l’anxiété. Le ministre inférieur ne parle que d’insécurité. La vitesse au volant est stigmatisé. On n’admet plus qu’il puisse y avoir des événements qu’on ne puisse imputer à la responsabilité de personne.

La sécurité, la responsabilité (que plus ou moins inconcsiemment de nombreuses personnes assimilent à culpabilité, la distinction étant devenue particulièrement difficile à faire accepter depuis le tristement fameux responsables mais pas coupables de l’affaire du sang contaminé) et le sacro-saint principe de précaution (dont je me demande quand il va remplacer Liberté, égalité, fraternité au frontispice des bâtiments publics) s’amalgament dans un maelström censé soigner l’anxiété collective. L’imprudence et le risque sont évidemment ardemment pourchassés. Le risque incarne le mouvement tandis que la sécurité incarne l’immobilité. On retrouve ce cher équilibre auquel s’oppose les excès, néfastes par nature.

Je me demande si ce n’est pas la vitesse qui nourrit ainsi l’angoisse collective et provoque ce besoin de sécurité. Je pense notamment à la vitesse de l’évolution technologique. Ce sont des domaines essentiellement matériels, ce qui permet une représentation aisée et justement on voit bien qu’on ne peut se reposer sur rien car tous ces repères concrets évolue extrêmement rapidement. Ce qui pourrait éventuellement inciter les gens à aller chercher un peu de stabilité à travers la spiritualité (ce qui nous renvoit encore vers Malraux). Cela me rappelle un proverbe chinois : Ne craignez pas d’être lent, craignez seulement d’être à l’arrêt.

Je réalise bien que ce ne sont que des bribes, comme souvent, qui plus est assez détachées (j’essaierai d’écrire plus legato la prochaine fois). Je crois que je n’ai littéralement pas tellement de suite dans les idées.

Enfin je ne résiste pas à l’envie de vous copier ci-après les paroles de This town ain’t big enough for both of us parce que quand même !

Zoo time is she and you time
The mammals are your favourire type, and you want her tonight
Heartbeat, increasing heartbeat
You hear the thunder of stampeding rhinos, elephants and tacky tigers
This town ain’t big enough for both of us
And it ain’t me who’s gonna leave

Flying domestic flying
And when the stewardess is near do not show any fear
Heartbeat increasing heartbeat
You are a khaki-coloured bombadier it’s Hiroshima that you’re nearing
This town ain’t big enough for both uf us
And it ain’t me who’s gonna leave

Daily, exept for Sunday
You dawdle in to the cafe where you meet her each day
Heartbeat, increasing heartbeat
As twenty cannibals have hold of you, they nead their protein just like you do
This town ain’t big enough for both uf us
And it ain’t me who’s gonna leave
Shower, another shower
You’ve got to look your best for her and be clean everywhere
Heartbeat, increasing heartbeat
The rain is pouring on the foreign town, the bullets cannot cut you down
This town ain’t big enough for both of us
And it ain’t me who’s gonna leave

Census, the latest census
There’ll be more girls who live in town though not enough to go ground
Hearbeat, increasing heartbeat
You know that :
This town isn’t big enough,
not big enough for both of us
This town isn’t big enough,
not big enough for both of us
And I ain’t gonna leave

11 grues à l’horizon

Jeudi 17 octobre 2002

Le doute prenant la forme de questions aussi diverses que variées poursuit inlassablement le siège de mon esprit. Ainsi je m’interroge à propos de l’usure des atomes. En effet, l’atome étant le constituant élémentaire de la matière et, sauf le vieux mythe de l’antimatière, ne se détruisant pas à proprement parler mais se transformant et se recyclant à l’infini au gré des liaisons chimiques et des expériences nucléaires, il ne me semble pas exclu que nous puissions être partiellement constitués d’atomes très anciens ayant auparavant participés de choses ou d’êtres aussi divers que des pierres, un chat, une tortue, un mixer, un glaive antique, un Pharaon, un arbre, la mer rouge, Marylin Monroe, etc (on peut développer le concept à l’infini). J’irais même plus loin. Si on suppose que les atomes ne s’usent pas il y aurait une masse atomique potentiellement quantifiable, comme une immense caisse de légo, dont l’éternel recyclage constituerait l’ensemble de la matière (il me semble bien qu’au terme des expériences de chimie on devait retrouver la même quantité de matière éventuellement sous une forme nouvelle). Ce qui tendrait à étayer au moins partiellement la théorie de la réincarnation (ce ne serait malheureusement qu’une réincarnation partielle et purement physique, mais potentiellement multiple puisque l’on pourrait contenir des atomes de diverses origines). Ca me fait un peu mal d’appuyer les dires de Paco Rabanne (je vous rappelle qu’il s’agit d’un homme qui creuse des trous dans le sol pour faire l’amour avec la Terre). Pour vérifier que ma théorie tient debout (ceci dit un arbre mort peut tenir debout très longtemps, il n’en est pas moins vide de sève ; tout rapprochement avec une société existante ou ayant existé ne serait peut-être pas infondé et donc discutable) il faudrait passer à l’expérimentation (ce qui devrait nous occuper plusieurs siècles, rien que ça !). Il me semble qu’il faudrait trouver un moyen de marquer les électrons ou les protons afin de pouvoir organiser leur traçabilité.

En revanche si les atomes s’usent il va falloir trouver comment apparaissent les nouveaux atomes. Y’a-t-il une source ?

Cher scientifique qui a lu ces lignes, a été réanimé et revient pour vérifier qu’il n’a pas été l’objet d’une hallucination, tout d’abord j’admire ton courage, ensuite ma théorie me satisfait je te prie donc de me laisser dans mon obscurantisme sur ce point.

Pour l’anecdote, les quelques personnes à qui j’ai exposé cette théorie d’avant-garde me parlent toujours mais me regardent différemment (je le sens bien).

Je profite de mon intrusion dans le monde de la science pour vous faire part d’une autre idée. Si le clonage est mené à terme il me semble que cela pourrait apporter une réponse à la question antédiluvienne de l’Ame. En effet, bien plus que les jumeaux monozygotes, les clones vont peut-être nous éclairer sur l’âme de l’homme. Ces corps parfaitement identiques, à tel point qu’ils en sont interchangeables, seront-ils habités de façon similaire par une même âme présentant les mêmes caractéristiques d’identité et d’interchangeabilité ? Malraux avait peut-ête raison (le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas) mais pour des raisons dont il ne se serait pas douté. Si l’identité parfaite des corps ne se traduit pas par l’identité parfaite de l’âme cela risque de raviver certains doutes. Cela sans compter les quelques lignes de Françoise Giroud dont je vous avais fait part il y a peu.

Je me demande si la mer est rassurante parce qu’elle émet un son régulier qui rappelle le bourdonnement constant qu’on entend en ville ou bien s’il faut y voir quelque chose de plus lointain et de plus primitif, pour tout dire de foetal. En effet la mer présente la particularité de produire un son régulier, rythmé, comme les battements du coeur. Il me semble que ce sont les deux seuls cas dans la nature.

Cette bentley qui était présentée au Mondial de l’automobile me plaît bien (je parle de l’esthétique parce que je doute, même riche jusqu’à l’indécence, que je dépenserais une somme pareille pour une voiture) je trouve qu’elle ne dénoterait pas dans un Batman :

La notion même de révision me sort par les yeux… ce qui est plutôt gênant compte tenu de tout ce que je dois lire et donc faire rentrer dans ma tête par mes yeux.

George Orwell s’est trompé… de date

Lundi 14 octobre 2002

La loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés affirme que l’informatique ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Parfois je me dis que si la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) disposait de pouvoirs proportionnels à l’importance des fichiers à traitement automatisé, disons les bases de données pour employer un langage actualisé (la transcription n’est peut-être pas tout à fait exacte), nous serions à l’aube d’une dictature collégiale (la CNIL est composée de 17 membres) s’il n’était ce L.

On n’a plus de considération que pour l’habit, il n’y a plus d’hommes mais des uniformes
On n’a plus que des images sans goût, sans odeur, intouchables… parfois sonorisées
On ne brûle plus de bois dans une cheminée pour se chauffer ou pour manger mais des poubelles ou des voitures en croyant s’amuser
On ne mange plus que des choses préparées industriellement dont on ignore l’origine et le processus de fabrication qu’on serait bien incapable de reproduire
On ne fait plus l’amour dans un lit pour montrer qu’on aime mais on nique dans des voitures ou des caves pour faire comme les autres
On ne croit plus en rien ni en personne
On ne rêve plus assez fort pour espérer
La déshumanisation c’est d’abord ne plus traiter les autres hommes avec le respect et la considération suffisants pour concilier l’égalité et la différence.

Et puis il y a la vraie vie, celle qui n’occupe pas seulement ma tête mais aussi mon corps !

La Normandie est une région humide, surtout le dimanche ! Samedi nous sommes allés nous promener à Deauville-Trouville. Il y avait un bon vent, une écharpe de sable glissait à la surface de la plage et la mer grondait mais écumait de manière peu naturelle. Nous avons marché dans le sable. Un coup d’oeil vers les planches, une pensée pour Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée. Les jolies maisons à colombages. Nous sommes allés manger des gâteaux chez Charlotte Corday, il faisait bon sur la terrasse ensoleillée.
La partie endiablé de cartes nous a mené très tard. Nous nous sommes insultés de tous les noms et nous avons rigolé assez pour tenir jusqu’à Noël.
Dimanche nous sommes restés à l’abri. La grande maison au milieu des champs. La cheminée immense.

Je m’étais motivé très fort, c’était ce soir, j’aurais trouvé le moment et les mots, je ne serais pas reparti sans lui avoir parlé… elle n’était pas là. Dois-je y voir un signe ?

Nous avons dû couper le chauffage à cause d’un problème de tuyauterie. Le plombier ne vient que demain. J’étais content de ne pas être là ce week-end. J’étais frigorifié aujourd’hui. Je suis sorti déjeuner avec O. Je n’ai quasiment pas (surtout pas) bossé.

J’étais mieux dans la petite maison que dans la grande. Il y avait une cheminée dans le salon, une porte fenêtre qui donnait sur le balcon, le grand canapé en velours vert, la table basse qui est toujours restée, le piano noir, la table, les gros radiateurs en fonte, les aiguilles à chapeaux, avec les verroteries au bout, les murs étaient beiges, puis ils devinrent roses et rouges. C’était sans doute parce que j’étais enfant.

11 grues à l’horizon

Jeudi 10 octobre 2002

Je me dis qu’il n’y a de plus belle admiration que réciproque.

Je suis allé voir L’homme du train de Patrice Leconte. C’est une oeuvre de bonne facture mais c’est triste, lugubre. Ces deux hommes en bout de course dans cette petite ville de province… Plutôt déprimant. J’ai accidentellement enfoncé le clou en lisant quelques nouvelles de Romain Gary qui n’étaient pas plus gaies.

Ensuite j’ai retrouvé S. (non ! pas S. dont je parle tout le temps, une autre S. que je connais depuis le lycée, il faut que je trouve une solution pour les noms…) avec qui je devais dîner. Je me permets de vous conseiller d’aller faire un tour à L’alouette sise au 18 rue du Champ-de-l’Alouette dans le 13ème arrondissement. C’est à 2 minutes de la station Glacière. C’est bon (le Corbières était très bien), le personnel est agréable, la musique est bien, le volume aussi ! Bref, elle fait partie des gens que je ne vois que relativement rarement mais régulièrement (quoique là ce ne soit pas le bon exemple car nous partons en Normandie ce week-end avec d’autres amis et pour moi famille, à savoir ma soeur). Nous avons bavardé pendant quelques heures. C’est curieux nous nous sommes retrouvé sur certains traits de caractères, qui touchent principalement aux difficultés liées à la vie sentimentale (qui a soufflé comme tout le monde ? Il fallait le dire avant, nous nous serions tous retrouvé au resto !). En fait nous sommes les deux seuls célibataires du groupe de ce week-end (1- j’ai plusieurs cercles d’amis 2- n’imaginez aucun arrangement vous disposez de bien trop peu d’éléments) donc nous nous retrouvons de temps en temps pour discuter.

Je ne me suis pas encore mis à bosser, j’ai un polycopié posé sur lit qui me nargue. Je me suis levé un peu plus tard que d’habitude, je dois sortir (enfin, dois, tout est relatif, mais bon je n’aime pas rester enfermé toute la journée et je voulais faire deux ou trois trucs), ce soir ma soeur et ma demi-soeur viennent manger… Ca va être tendu de se tenir au programme ! Soyons confiants (surtout moi si vous permettez). Je vais peut-être retrouver ces fulgurances de concentration que j’avais parfois et qui me rendaient extrêmement efficace l’espace d’une heure ou deux (notamment pour apprendre les poèmes ou durant des partiels de la dernière chance), sait-on jamais ? Je pense qu’il y a deux causes fondamentales à cette difficulté de concentration. D’une part le fait que ça me soit imposé, que je doive réviser, ce que je qualifierai de cause extrinsèque. D’autre part je suppose qu’il y a également une cause intrinsèque : il s’agit sans doute de la traduction d’une forme de doute, d’angoisse. La concentration c’est le rassemblement, se concentrer c’est rassembler ses capacités et son attention en un faisceau fixé sur un point précis. La concentration est nécessairement l’adéquation à l’instant présent. Le problème est que je me disperse beaucoup, j’imagine, je me projette, je gravite autour du point présent mais j’ai du mal à faire le point. C’est exactement comme avec un appareil reflex : pour obtenir une bonne photo il faut faire la mise au point, c’est à dire tourner la bague le mise au point jusqu’à obtenir une image nette. Lorsque l’on parvient à la netteté on saisit l’instant présent. Je fais mal la netteté, je suis fréquemment dans le flou (que d’aucuns qualifient d’artistique, en général hein ! pas le mien en particulier (Jacques Brel disait qu’un artiste c’est quelqu’un qui a mal aux autres, c’est peut-être pour ça que le flou est artistique, mieux vaut ne pas voir les autres trop nettement dans ce cas-là, l’exemple de mon père tend à me laisser croire que je touche du doigt la réalité objective (souvenez-vous…))).