Archive pour novembre 2005

Avant de refermer ce livre

Lundi 28 novembre 2005

C’était moi le fautif. Quand je n’étais pas d’accord, j’aurais dû lui répondre et lui tenir tête. Je ne l’avais jamais fait. Le contredire était impensable. Il m’avait imposé avec une telle violence sa vision du monde depuis ma naissance, et même depuis ma conception, que j’en avais perdu à tout jamais le goût, le désir, le pouvoir ou les moyens de l’affronter.

Franz et François, François Weyergans

Le salut

Lundi 28 novembre 2005

Il y a une échelle de valeur des comportements dont certains font ainsi l’objet de plus de considération que d’autres. Il est communément admis qu’il est plus noble d’adopter telle conduite plutôt qu’une autre.

La fuite a mauvaise réputation. C’est un comportement régulièrement dévalorisé car il révèlerait la lâcheté de son auteur.

Toutefois je reste perplexe en pensant que fuir c’est se sauver.

Dimanche 27 novembre 2005

Quand on pense si souvent à quelqu’un, c’est qu’on l’aime.

Franz et François, François Weyergans

C’est bien une réflexion d’obsessionnel ça !

Préavis

Jeudi 24 novembre 2005

Lu ce matin sur un écran d’information de la RATP :

Suite à un préavis du Syndicat SUD
Trafic normal sur l’ensemble des lignes RATP.

Il s’agissait manifestement d’un préavis de travail.

Mercredi 23 novembre 2005

Il lui arrivait de penser que son livre serait publié à titre posthume, dans l’état où on le trouverait sur sa table. Un comportement typique d’obsessionnel, il le savait bien. L’obsessionnel voudrait faire croire qu’il est déjà mort pour que la mort ne s’occupe pas de lui. Mais ça ne marche pas. Les obsessionnels meurent comme tout le monde. François se demandait de plus en plus souvent s’il ne souffrait pas d’une névrose obsessionnelle dans la mesure où cette névrose consiste à éviter ce qu’on désire, notamment finir un livre, de peur que ce ne soit trop agréable.
Il avait pris des notes sur le comportement des obsessionnels, il avait recopié des phrases qui lui allaient comme un gant : l’obsessionnel n’est jamais à la place où il semble se désigner, il redoute la liberté de ses actes et de ses gestes, il a besoin d’incertitude, il doute de la confiance qu’il peut accorder à ses sentiments, on est frappé par l’érotisation de son monde et spécialement de son monde intellectuel.

Franz et François, François Weyergans

Dans les transports

Mercredi 23 novembre 2005

En dépit de mes efforts pour me détacher de mon addiction à la lecture je persiste à parcourir assidûment des ouvrage divers au moins dans les transports.

Pour des raisons de commodités je n’emporte que des livres de poche. J’ai ainsi développé une certaine dextérité dans le maniement à une seule main de ces ensembles de pages.

Lorsqu’exceptionnellement je suis démuni de mon opium, mes yeux cherchent désespérement quelques mots à déchiffrer entre les mains des autres voyageurs. Il s’agit bien souvent des titres imprimés sur les couvertures de leurs romans que je lis à l’envers. A cet égard j’ai relevé que je n’étais pas le seul à m’intéresser à ce que lisaient les autres.

Autant leur en donner pour leur curiosité. J’ai trouvé à la banque de l’image aux Halles un marque page sur lequel il est écrit cette citation, qui me semble au demeurant très juste, attribuée à Ingrid Bergman : Le bonheur, c’est une bonne santé et une mauvaise mémoire.

Je prends soin de tenir ce marque page contre la couverture de mon livre du moment en m’assurant que la face visible est celle qui comporte la citation.

J’abandonne alors ma lecture par intermittence pour le plaisir d’observer les mines de ceux qui déchiffrent cette phrase.

Mercredi 23 novembre 2005

Peut-on obliger un fils à supporter et assumer les angoisses de son père ? C’est beaucoup lui demander, mais il n’a pas le choix. L’angoisse de nos parents est un héritage qui ne se fait pas attendre : on le reçoit dès la naissance. Une héritage périnatal… Ensuite c’est du goutte-à-goutte. Les parents sont des distillateurs d’angoisse, mais ceux qui n’hériteraient d’aucune angoisse seraient bien démunis.

Franz et François, François Weyergans

Je suis désespéré

Mardi 22 novembre 2005

Je viens de voir Paul Anka reprendre Smells like teen spirit avec un grand orchestre comprenant notamment une section de cuivre.

Ce n’est pas que je n’aime pas les cuivres mais ce serait un peu comme de faire chanter Anarchy in the UK à Barbra streisand.

Réminiscence

Mercredi 16 novembre 2005

Les pâtés impériaux végétariens d’un des traiteurs chinois près du bureau ont un goût qui me fait immédiatement penser à la cuisine de l’appartement qu’occupaient mes grands-parents il y a plus de vingt ans.

Je ne parviens pas à savoir pourquoi.

Travail d’équipe

Mardi 15 novembre 2005

On ne peut pas dire de quelqu’un qui se tourne les pouces qu’il ne sait rien faire de ses dix doigts

Il faut reconnaître qu’il sait se servir d’au moins deux d’entre eux.

En fait c’est toujours pareil, sur un groupe de dix il y en a toujours deux qui travaillent et huit qui glandent.