Archive pour la catégorie 'Grues'

Changement d’horizon

Jeudi 1 juillet 2004

La fin d’une période, la fin des grues.

2 grues à l’horizon

Jeudi 24 juin 2004

J’ai lu Petite Terre, vaste rêve d’Andrée Chedid. J’ai beaucoup apprécié (et je vous invite (encore) à le lire. Ce sont des nouvelles très courtes). Je n’avais jamais rien lu qu’elle ait écrit auparavant. Néanmoins je la connaissais déjà mais je suis plus familier des oeuvres de son petit-fils (M) ou de son fils (Louis Chedid).

Pourquoi avoir choisi un livre d’Andrée Chedid ? Pourquoi maintenant ? Que le livre m’ait plu ou pas la question est sans intérêt me direz-vous, dans un cas il suffit de savourer son plaisir, dans l’autre il est inutile de perdre plus de temps à propos d’une chose qui m’aurait déplu.

Malheureusement je suis curieux. J’aime savoir.

D’autre part je pourrais peut-être découvrir la manière qui permet de choisir des livres qui me plaisent, quoique des histoires qui ne me plaisent pas ont l’indéniable utilité de mettre les précédentes en valeur.

J’ai choisi ce livre sur un présentoir de la FNAC à cause de sa couverture. La quatrième de couverture m’apprend qu’il s’agit d’une oeuvre de Derold Page intitulée Mon monde.

Je choisis fréquemment des livres pour leur couverture, ce qui quoi que (tiercé relatif) totalement incohérent n’en demeure pas moins un critère comme un autre. Il est particulièrement adapté aux présentoirs de livres de poche qui proposent des dizaines d’ouvrages différents que ne différencient au premier regard que l’illustration qui orne leur couverture. Ce critère présente une première limite évidente avec les livres brochés de chez Gallimard par exemple dont les couvertures ne présentent que le titre imprimé en rouge sur fond mastic. Cepedant tous les livres brochés n’ont pas une couverture aussi sobres et quoiqu’il en soit j’achète principalement des livres de poche. Il présente une deuxième limite due à son incohérence : la couverture peut me plaire mais pas le contenu et réciproquement puisqu’ils n’ont qu’un lien ténu et subjectif.

(Je me permets une large parenthèse pour imbriquer une entrée dans une autre. Cent fois sur le métier Je me plais à penser qu’il y a des gens dont le métier consiste à choisir les illustrations pour les couvertures des livres de poche. Je crois que ça me plairait assez. Lire les histoires pour pouvoir ensuite choisir une illustration. Fouiner dans des banques d’images en quête de celle qui offira un juste écho aux mots de l’auteur. Chercher la bonne image mais parfois aussi le bon texte. (Quelqu’un exerce-t-il un tel emploi ?)

Seulement comment choisir ?

Sur recommandantion (ou prêt ou cadeau) ? Encore faut-il avoir suffisamment confiance dans les goûts du conseilleur (pour mémoire : les conseilleurs ne sont pas les payeurs.). Quoique cela puisse réserver d’agréables surprises en me faisant lire des livres que je n’aurais sans doute pas choisi seul.

Par fidélité à l’auteur dont on a apprécié les oeuvres précédentes ? C’est ce qui fonctionne le mieux mais qui peut aussi être le plus décevant.

En se fiant au titre et/ou à la quatrième de couverture ? En général lorsque la couverture me plaît je retourne le livre pour lire ce qui est indiqué au dos.

Il y a aussi les livres qui me font de l’oeil. Ceux que je remarque une fois, deux fois, trois fois sans les prendre. Souvent je finis un jour ou l’autre par les lire mais pas toujours. J’ai lorgné vers Quelqu’un d’autre de Tonino Benacquista pendant des mois sans jamais l’acheter. Je craignais que cela ne me plaise pas trop. Jusqu’à ce que je le trouve sur le plancher de la voiture d’Eléonore qui me le prêta. J’ai beaucoup aimé. J’ai attendu des années pour acheter uniquement le premier tome de Don Quichotte de la Manche de Miguel Cervantes. Il n’a publié le second que 10 ans plus tard, je vais peut-être me calquer mon rythme sur le sien.

Je me suis arrêté plusieurs fois déjà sur Ca c’est un baiser de Philippe Djian. La couverture et puis peut-être aussi un souvenir très très flou de lent dehors lu il y a longtemps dont je conserve une impression agréable. J’ai également remarqué Le Robert des noms propres d’Amélie Nothomb mais la couverture me déplaît et je suis un peu las de ce qu’écrit l’auteur dont j’ai pourtant lu tous les romans précédents.

A la longue je bois la tasse de mots. Les volumes s’accumulent près de mon lit plus vite que je ne lis. C’est peut-être une forme de boulimie intellectuelle ou émotionnelle. Je veux lire encore et toujours plus d’histoires jusqu’à plus soif, ni faim, ni sommeil, ni vie ?

2 grues à l’horizon

Jeudi 10 juin 2004

Fardées de la lumière terne du lampadaire une poignée de gouttes de pluie dispersées sur le bitume peinent à figurer un ciel étoilé.

2 grues à l’horizon

Jeudi 3 juin 2004

J’ai décidé de faire un test moi aussi et de vous faire part du résultat.

Tant qu’à faire un test autant que ce soit utile me suis-je dit. Comme je souhaite aller chez le coiffeur incessament sous peu, mon choix s’est porté sur le test Quelle est votre coupe idéale ? du site auFeminin.com.

Le résultat est .

Je ne sais pas encore si je vais m’en tenir à mes habitudes ou si je vais tenter le carré défait, mais une chose est sûre : il faut que je capitalise mes cheveux !

2 grues à l’horizon…

Jeudi 27 mai 2004

…et deux articles sur le rock, un chacune, pour se demander d’où il vient et où il va à l’heure où l’on célèbre les 50 ans du premier enregistrement d’Elvis Presley.

2 grues à l’horizon

Jeudi 20 mai 2004

Je me suis assis sur un banc dans un square. Comme l’ombre du bâtiment derrière moi glissait doucement pour recouvrir l’herbe j’ai eu la sensation que je retombais lentement comme le sable au fond des eaux apaisées.

2 grues à l’horizon

Jeudi 6 mai 2004

On peut écrire noir sur blanc comme on secoue un corps pour en détacher les impuretés, comme on en gratte les scories. La poussière retombe sur l’immaculé et forme des signes, des mots riches de sens. On se sépare de la crasse, on la dépose et même on la modèle pour lui donner une forme sensée, sensible, pour la nommer.

On peut écrire blanc sur noir comme on sillone la buée du bout des doigts des signes abstraits ou figurés sur les vitres d’une voiture pour voir où l’on va ou sur un miroir pour se voir. L’horizon s’élargit avec les sillons, les images se complètent et la lumière s’infiltre comme l’eau dans une fissure. On écarte le voile trouble… avant d’écrire noir sur blanc ?

3 grues à l’horizon

Jeudi 29 avril 2004

Je dois emménager dans un appartement depuis bientôt un mois et tout semble se liguer pour m’en empêcher (y compris moi-même mais pas seulement).

Ca en devient presque inquiètant… Si l’immeuble s’effondre avant que j’y habite je crains que certaines de mes convictions ne s’effondrent avec lui.

3 grues à l’horizon

Jeudi 22 avril 2004

Elle m’agace, je voudrais qu’elle se taise. Je voudrais pouvoir arrêter ses cris. Pourvoir couper le son. Je voudrais pouvoir couper le son instantanément. Mais garder l’image. Pour savoir ce qui va se passer après. Remplacer les paroles par de la musique. Pourquoi je ne peux pas ? Je n’ai plus le pouvoir de zapper ! Je n’ai pas le pouvoir de zapper. Je suis dans la vraie vie. Je ne peux pas changer l’environnemen d’un simple geste. Comment faisaient les gens avant ? C’est récent ce pouvoir. Nous sommes de nouveaux dieux. Au début à la télévision il n’y avait qu’une chaîne. Allumé ou éteint. Image ou écran noir. Un peu comme un livre. Ouvert ou fermé. Seulement le livre accapare moins les sens. Il faut une démarche active du cerveau même face à un livre ouvert. Une télé allumé attire l’oeil, et l’oreille si on ne coupe pas le son. Et puis les chaînes se sont multipliées. Et le pouvoir s’est élargi. Passer d’une chaîne à l’autre. Comme quand on tournait le bouton de la radio mais sans avoir à faire toute la bande pour aller d’une chaîne à l’autre. Et puis il n’y a plus eu de bandes. Internet. Des millions de pages qui s’enchaînent à l’infini. Imaginez la vie des êtres qui vivent dans le réseau comme nous dans notre univers. On dit que notre espace est expansion. D’autres prétendent au contraire qu’il se rétracte. Et le big bang ?

3 grues à l’horizon (et 4 285 199 774 pages recensées par Google)

Jeudi 8 avril 2004

Lu chez Flo :

Tu sais comment je suis, je vampirise puis voilà, je n’avais plus rien à apprendre de lui.

Et si c’était un peu ce que je fais… le nombre de personnes entrées dans ma vie est presque égal à celui de celles qui en sont sorties.

C’est vrai que j’ai une envie inextinguible, pathologique même, d’apprendre, y compris des autres. Seulement voilà les autres ne sont pas comme des livres. On ne les referme pas comme on les termine. Une relation se termine mais pas l’autre sauf si malheureusement il meurt mais sa vie peut encore avoir des échos pendant longtemps. Une personne évolue, souvent. On apprécie ou pas sa manière de le faire mais c’est subjectif, c’est propre à chacun de ceux qui la connaissent.

On finit pas connaître les autres, ils deviennent prévisibles mais c’est ce qui est rassurant. Ce n’est sans doute pas si vrai. Ils sont prévisibles mais ils évoluent. Moi aussi. Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir de plaisir dans l’habitude ?

Dieu dit à Pascal : Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé et Saint Augustin écrivait : Nous chercherions donc comme si nous allions trouver mais nous ne trouverions jamais qu’en ayant toujours à chercher (non je n’ai pas fait de théologie, je n’ai pas achevé la lecture des confessions de Saint Augustin, je ne sais pour ainsi dire rien à ce sujet mais il est vrai que je fais une fixation sur cette dernière phrase). Je cherche à connaître les autres jusqu’à les trouver, les connaître et me les rendre plus prévisibles. Et après ça… Pourtant je suis convaincu que l’on construit dans la répétition. Toute construction, toute structure est une somme de répétitions. On ne compose qu’avec sept notes, douze demi-tons répétés et combinés à l’infini à différentes hauteurs.

J’ai une envie… un besoin plutôt. J’ai l’obligation d’apprendre. Je crois que je dois apprendre plus, toujours plus. Je ne pourrai jamais tout apprendre. Que se passerait-il si je n’apprenais plus ? Quelque chose de grave. A moins que ce ne soit pour voir quand je vais déborder ? ou exploser ? A moins que ce ne soit qu’une habitude.

J’ai envie… de savoir entre autres. Seulement je crains de ne trouver de plaisir que dans l’envie. Plus de désir, plus de plaisir. Sitôt que j’appréhende l’objet, même immatériel, de mon désir il y a un vide, un trou d’air, une dépression.

J’apprends beaucoup en lisant.

Jean Giono a passé un certain temps en prison. Il racontait que la lecture lui manquait beaucoup et qu’ayant sympathisé avec un gardien il avait demandé à celui-ci d’essayer de lui trouver un livre. L’homme n’avait su trouver qu’un manuel d’instruction militaire. Giono a commencé à le lire et a rapidement trouvé le sujet rébarbatif. C’est alors qu’il a retourné le livre et a commencé à suivre des yeux les lignes dont les lettres n’étaient plus que de signes dépourvus de sens. Il a alors découvert qu’en fait ce qui lui manquait était cette gymnastique des yeux.

Il n’y a sans doute pas que ça. Les causes se déplacent groupées, compactes. Elles s’imbriquent, se fondent jusqu’à former un maelström dont on a du mal à isoler chaque élément. Allez essayer de récupérer vos ingrédients dans un gâteau qui sort du four…

Je fuis dans les livres plus qu’ils ne fuient en moi en distillant leur contenu. Les livres sont riches de promesses. Une bibliothèque est un univers, comme la FNAC… Toutes ces tranches de livres alignées sont autant de portes entrouvertes sur mille possibles. Une infinité de mondes libérés des contraintes de temps et d’espace, autant d’illusions laissant croire que tout est possible. La virtualité avant l’heure pour se libérer de la pesanteur et des limites physiques et matérielles.