Votre style d’attachement
Imaginez que vous ayez à choisir entre ces trois phrases celle qui vous décrit le mieux.
1. “Je trouve relativement facile pour moi de me lier aux autres, et ça ne me dérange pas de dépendre d’eux comme de les sentir dépendre de moi. Je ne me soucie pas souvent du risque d’être quitté ou que quelqu’un devienne trop proche de moi.”
Cette proposition montre quelqu’un à la fois à l’aise avec l’intimité, mais aussi avec le maintien d’une certaine indépendance entre les amoureux.
2. “Je suis plutôt mal à l’aise dans une relation proche avec les autres. Je trouve difficile de leur faire complètement confiance, et difficile de me laisser aller à dépendre d’eux. Je deviens nerveux quand quelqu’un se montre trop proche de moi, et, souvent, mes partenaires amoureux souhaitent avoir avec moi plus d’intimité que je n’aime en avoir.”
Ici, on aime bien l’indépendance, tandis que trop d’intimité ou de proximité déplaît. L’autre pourra vous accuser d’être froid ou distant.
3. “Je trouve que les autres sont réticents à devenir aussi proches de moi que je le souhaiterais. Je me fais souvent du souci en pensant que mon partenaire ne m’aime pas vraiment, ou ne voudra pas rester avec moi. J’ai envie de me fondre complètement avec quelqu’un, et ce désir fait souvent fuir les autres.”
Là, c’est l’inverse, on souhaite la plus grande intimité possible, et les signes d’indépedance de l’autre sont vécus comme inquiètants. Si l’autre n’est pas gentil, il vous qualifiera de “collant”.
Si vous aviez habité Denver, Colorado, en 1985, vous auriez trouvé ce test des trois phrases dans le journal local, le Rocky Mountain News, et, en acceptant d’y répondre, vous auriez participé à la recherche de Cyndy Hazman et Philip Shaver. Non contents de votre première réponse, ceux-ci vous auraient longuement interviewé par la suite sur votre enfance, le style émotionnel de vos parents et vos plus intenses relations amoureuses.
Les résultats de l’étude montrèrent que les personnes dont les réponses les rapprochaient de la catérogie attachement sécure (phrase 1) étaient globalement plus heureuses, moins souvent divorcées, avaient confiance en leur conjoint et l’acceptaient malgré ses défauts, tout ayant des vies professionnelles satisfaisantes. Comme les bébés qui partagent le même style d’attachement, elles avaient une capacité à la fois de s’attacher et d’être autonomes.
Les adeptes involontaires de l’attachement évitant (phrase 2) avaient souvent une bonne réussite professionnelle, mais semblaient ne guère en profiter, concentrés sur le travail, plutôt solitaires, trouvant les demandes de la vie amoureuse excessives pour un résultat décevant. Autonomes, mais ayant de la difficulté à s’attacher.
Quant aux personnes révélant un style d’attachement ambivalent (phrase 3), elles décrivaient une vie sentimentale tourmentée, avec passions violentes et déceptions cruelles, craintes d’être abandonnées, et des difficultés à se concentrer sur leurs activités professionnelles.
S’interroger sur le style d’attachement apporte plus de questions que de réponses, mais laisse entrevoir que nos relations amoureuses d’aujourd’hui se sont construites à partir de ce grand élans instinctif qui nous a poussé vers notre mère.
Toutefois, si certains chercheurs pensent que les styles d’attcahement du bébé déterminent ceux de l’adulte qu’il deviendra, d’autres ne retrouvent pas cette continuité (et certains opposants cont jusqu’à parler du “mythe de l’attachement”!) L’attachement n’est pas un dogme, mais le thème de débats scientifiques toujours actuels, débat nourri par les résultats de nouvelles études sur les bébés ou les adultes, et non pas en se livrant à des exégèses des textes fondateurs de Bowlby.
La force des émotions, François Lelord et Christophe André
J’avais déjà rencontré auparavant le sujet des trois types d’attachement développés par les bébés qui conditionneraient, au moins en partie, leur comportement d’adulte.
En revanche, je n’avais pas lu de descriptions parmi lesquelles s’en trouve une dont je me sente suffisament proche pour pouvoir les départager, même si je sentais bien, en fait, vers quel style d’attachement je tendais naturellement le plus, évitant, tout en souhaitant parvenir à m’en détacher autant que possible au profit d’un autre me semblant plus propre à favoriser des relations avec les autres plus heureuses, sécure.
Quant à comprendre les raisons de ma nature, c’est une autre histoire.