Archive pour février 2004

Le pompon

Vendredi 27 février 2004

16061 au compteur tout en bas à droite , copie d’écran à l’appui.

(Note : ça fait deux fois de suite que ça tombe un week-end. Est-ce un signe de régularité ?)

Vendredi 27 février 2004

Golden Joe, Eric-Emmanuel Schmitt

Vous aurez peut-être noté mon intérêt pour ses oeuvres. Ce qui suit est un extrait de la scène 13.

Joe. Tu peux te relever mère, tout le monde est parti.

MEG. Pourquoi ? Creuse encore un peu et laisse-moi au fond. (Elle s’assied.) Ne rentre pas dans ce jeu, s’il te plaît. L’intérieur ! La profondeur !

JOE. Tu as peur ?

MEG. Pour toi, Joe, tellement. Tu dois continuer tout droit, comme avant, sinon…

JOE. Sinon ?

MEG. Rien.

Un temps.

JOE. Sinon, je finirai comme mon père…? Comme mon père : asphyxié par les odeurs ?

MEG. (violemment.) Comment le sais-tu ?

Joe sourit. Il la met sur la banquette et s’assoit non loin d’elle.

JOE. Je ne sais rien. Tu vas m’expliquer tout ça. Il est mort à cause de toi, c’est bien cela ?…

Un temps.

MEG. Tu voudrais être dur à mon égard, mais tu ne le seras jamais autant que moi avec moi. Approche.

Joe s’exécute. Les deux corps se touchent presque dans la pénombre.

MEG. Je suis née molle, informe, une flaque de vase. Je n’ai pas de consistance. Lorsque quelqu’un fait un creux, je m’y vautre. Si l’on m’imprime une forme, je la garde. Jusqu’à la suivante. Rien n’est profond ni ferme en moi, rien n’est précis. J’ai tous les désirs et je n’en ai aucun, je rends tout chaotique. L’eau de pluie la plus pure peut m’arroser, j’en fais de l’eau croupie. Michel-Ange sculpterait en ma boue la vierge la plus sublime, je ne garderais la pose qu’une nuit. Je suis flasque, mon fils, flasque. J’ai tous les désirs et je n’en ai aucun. Tout se reflète en moi et s’y déforme immédiatement. Rien ne tient et rien ne se tient. Je pourris tout. C’est pour cela que j’ai aimé ton père.

Ton père était un roc. Solide. Lourd. Des arêtes fermes. On s’y cognait. On s’y blessait. On y saignait. Il n’y avait pas d’homme plus rassurant oiyr une femme de glaise et d’eau. Auprès de ton père, je prenais de la consistance, je devenais dense. Auprès de lui, je savais quoi faire, quoi dire, quand me taire. Auprès de lui, j’étais grande, j’étais forte, j’étais utile : on appelle cela la soumission, je crois ? Plus je tremblais, plus je me sentais devenir quelque chose? J’échappais à la boue. Il mettait de l’ordre dès qu’il ouvrait la bouche, et son regard me densifiait : j’étais son épouse, la mère de son enfant. Il m’intégrait à un ordre éternel, celui des hommes, auquel moi, femme de glaise et d’eau, je ne pouvais accéder.

Il était dur, froid, impartial, violent. Et plus il m’écrasait, et plus je me sentais être. Oh, j’aimais même ses coups quand je me montrais trop sotte. La chaleur de ma joue qui rougissait, ma vie qui avait repris forme sous sa gifle, ma joue devenue solide qui m’empêchait de fuir de toutes parts, ma peau lisse, fermée, bien cousue par la douleur… J’ai aimé ton père comme aucune femme n’a aimé, aimé d’un amour craintif, religieux, de l’amour qu’on doit à son créateur.

Même au lit, mon Joe, j’étais heureuse avec ton père. Là aussi l’homme devient dur quand la femme reste d’eau. J’essayais de lui prendre sa force. J’allais puiser dans ton père la puissance de te faire ; moi qui étais incapable de produire quoi que ce soit, j’ai tenu cela pendant neuf mois, Joe, par la force de ton père, par la seule force qu’il avait mise en moi ou que j’étais allée chercher en lui.

Alors, toi aussi, quand tu es né, tu m’as donné la consistance. Tu hurlais, tu pissais, tu chiais : j’étais heureuse, gouvernée une nouvelle fois par un homme, esclave d’une volonté qui me donnait de l’être. Je t’ai aimé, mon Joe, ou plutôt j’ai aimé ce que tu faisais de moi, une servante de chaque instant, une machine à nourrir, à torcher, à laver, habiller, faire les devoirs, corriger les fautes… ce dévouement aveugle et incessant que l’on appelle amour.

J’avais deux juges désormais. Tous les soirs, je rendais des comptes à ton père. Il te regardait. Il voyait ce que tu devenais, comment tu poussais, il jugeait mon travail. Et j’allais guetter sur le mouvement de ses sourcils les compliments ou les reproches. (Elle se lève, troublée.) Puis un jour - est-ce un jour, est-ce une longue suite de jours - tu es devenu adulte. Tout d’un coup, je me retrouvais sans travail, sans plus de comptes à rendre… Où aurais-je mendier ma consistance ? Je n’étais plus la souillon de personne. Au contraire, je trouvais dans vos yeux la reconnaissance tranquille qu’on donne à une mère digne, à une épouse honnête, qui a achevé sa tâche : j’étais déjà morte et sanctifiée dans vos yeux.

Je n’avais plus rien à obtenir. Le mérite m’était collé sur le front, définitivement.

J’ai d’abord cru que j’étais finie, Joe, je me traînais dans mon cadavre.

Puis j’ai senti la vase, en moi, de nouveau - la vase qui remuait, la vase qui fuyait de partout sous cette figure trop nette ; j’ai senti l’informe qui me retravaillait, l’informe que je suis. C’est à ce moment-là que je me suis rapprochée de ton oncle. Il est comme moi, Archibald, il est flou, il est visqueux… il est vivant…
C’est dans un lit, une couche d’adultes, que nous nous en sommes rendu compte. Nos eaux se sont mêlées, longuement, indéfiniment. Ce qu’on appelle la tendresse.

La tendresse, Joe, deux désespoirs qui se mêlent, deux inquiètudes qui se rassurent, deux peurs de n’être rien qui se retrouvent dans la caresse.

Je ne quitterai plus la boue, Joe, c’est trop tard. Je l’ai retrouvée. J’ai tenté d’avoir la fermeté des statues, ce n’était pas pour moi. J’ai une odeur, je pue, je suis humaine.

JOE. Et mon oncle, il a une odeur ?

MEG. Enorme, puissante, écoeurante, entêtante, fétide. C’est ma souille, laisse-moi le rejoindre.

Elle se lève. Joe la retient brutalement. Il la plaque contre lui.

JOE. Et si je voulais la sentir, la souille ?

MEG. Pas avec moi.

JOE. Je me sens seul, loin de toi.

MEG. (menaçante). C’est le destin des fils… coupé du ventre, coupé de l’amour… sans retour… garde tes distances !…

Ils restent un instant l’un contre l’autre. Leurs corps sont tendus, entre la répulsion et le désir.

JOE. De quoi mon père est-il mort ?

MEG. De m’avoir découverte avec ton oncle, au lit. D’avoir découvert que ça le faisait souffrir. D’avoir découvert qu’il m’aimait.

NOIR

Seulement je ne crois que ce soit nécessairement un portrait de femme.

Seulement je ne crois pas que rien soit jamais tout blanc ou tout noir, tout glaise ou tout roc, mais qu’il y a toujours un peu de roc dans la glaise, de blanc dans le noir, et inversement, comme dans le taiji (ne serait-ce d’ailleurs pas le sens de la dernière réplique ?) mais lequel l’emporte ? Suis-je plutôt glaise ou plutôt roc ? Cet état est-il susceptible d’évolution ? Dans quelle mesure ? Comment se fait-il que je ne le sache pas ? Cela signifie-t-il seulement que je ne veux pas le savoir ? Pourquoi ?

Comment peut-on ne pas accepter d’être soi ?

Jeudi 26 février 2004

A livre ouvert, William Boyd

Je me suis toujours efforcé de faire ce que voulais faire et non ce que je pense que je devrais faire.

Moi, c’est l’inverse. A tel point que je ne sais plus toujours bien faire la différence tant j’ai pris l’habitude de faire ce que je pense que je devrais faire. Est-ce que je sais ce que je veux faire ? Est-ce que je ne voudrais pas faire ce que je pense que je devrais faire ? Qu’est-ce que je pense que je devrais faire ? Des choses bien. Pourquoi ? Pour qui surtout ? Des choses bien pour les autres. Du moins ce que je crois bien pour eux, selon eux. Des choses pour leur plaire ou plutôt pour ne pas leur déplaire. Tout en pensant que l’on doit pouvoir plaire en faisant ce que l’on veut. S’agirait-il alors de choisir ceux auxquels je ne veux pas déplaire ? Ceux auxquels je veux plaire peut-être même ? Serait-ce de la séduction plutôt qu’un respect craintif ? Une manière d’essayer de maîtriser les choses ? Mais ne maîtrise-t-on pas moins en faisant ce que l’on veut ? Des choses pour ne pas les décevoir. Comme s’ils attendaient quoi que ce soit de moi. De la même manière que je me sens responsable des gens qui me sont proches. Sans que l’on m’ait rien demandé. Sans savoir quoi faire. Est-ce ce que je veux d’ailleurs ? Quelle terrible catastrophe risquerais-je à faire ce que je veux ? Me tromper peut-être ? Alors que si je doisle faire je ne me trompe pas, je suis une malheureuse victime du destin tout au plus. De toutes manières je n’avais pas le choix. Faire ce que je pense que je devrais faire n’est peut-être qu’une façon de ne pas choisir.

Tout ça pour dire que cette phrase m’interpelle parce qu’elle me renvoie à moi-même alors que je ne peux pas m’y identifier. Peut-être d’autant plus parce que je ne peux pas m’y identifier.

3 grues à l’horizon

Jeudi 26 février 2004

Si vous manquez d’inspiration à l’heure de vous engager vous pouvez chercher l’inspiration parmi ces quelques centaines de signatures d’artistes.

Il y a pas mal d’autres trucs à voir sur le site, qui renvoie également vers d’autres sites, notamment une fantastique banque d’images.

Cent fois sur le métier…

Vendredi 20 février 2004

Une lettre ouverte de Bruno Masure à David Pujadas publiée dans Libération.

Je partage son avis non sans une lasse amertume car j’ai le sentiment que ce sont des choses qui ont été déjà tellement dites et redites.

Je ne suce pas, je comprends (Private joke ou commentaire post-film)

Vendredi 20 février 2004

Tout laisse à penser que tout ceci est arrivé un dimanche. Un dimanche pluvieux, un dimanche d’ennui. Il errait chez lui (c’est l’intérêt d’avoir de la surface : on peut errer chez soi) lorsque son regard a glissé sur les DVD en vrac sur les étagères.

La mode est au sample. Le concept a gagné le cinéma qui multiplie les clins d’oeil (c’est plus classe que sample) d’un film à l’autre. Ce serait chouette de faire un film bourré de clins d’oeil à d’autres films.

Le premier c’est facile, ce serait aux Rivières pourpres. A travers le titre. Genre Les rivières pourpres 2 mais avec une touche personnelle quand même : Les anges de l’apocalypse (parce que le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas et puis qu’en ce moment l’apocalypse on n’en est pas loin. La religion c’est tendance quoi !).

La scène d’introduction du premier Indiana Jones, Les aventuriers de l’arche perdue était pas mal quand même… Christopher Lee se prête de bonne grâce à cette reconstitution mais bon faut pas pousser l’hommage, elle est mieux à la fin… juste avant l’hommage à Astérix et Obélix quand Benoît Magimel se prend sa dose de potion magique (en fait des amphétamines surper puissantes mais interdites depuis 1945 - ça vaut le C37 qui stimule le cortex cérébral et favorise l’activité cérébrale (un genre d’équivalent aux crèmes de soin pour le visage mais pour le cerveau et en intraveineuse). Où l’on apprend que nos deux héros policiers sont de brillants toxicologues mais aussi qu’ils connaissent leurs manuels par coeur (le C37 c’est dans le 4ème volume chapitre 12)) pour se sortir d’une situation pas mal inextricable quand même (le clin d’oeil à Daylight est tiré par les cheveux ? Soit.).

La poursuite du début de MIB quand Will Smith course un extra-terreste est brillament interprétée par Benoît Magimel qui poursuit un Yamakasi dont on apprendra par la suite qu’il n’est pas seul quoiqu’ils portent tous des robes de bure pour rester incognito. C’est la différence entre les Yamakasi et Luc Besson : eux, ce genre de choses, ils le font à visage couvert.

Les diverses scènes de boucherie sont probablement un clin d’oeil (enfin quand les victimes les ont conservés) à Seven.

J’ai bien aimé le clin d’oeil à Forrest Gump lorsque Jean Réno crie à travers les hauts-parleurs d’un supermarché à un Olivier Brocheriou péniblement rescapé de Quatre garçons pleins d’avenir : Cours Barthélémy, cours ! (réplique moins drôle en soi, je le reconnais, que Hey Jésus il faut rester dans les clous qui perd toutefois un peu de sa force du fait du contexte dans lequel elle est servie)

Mais finalement c’est l’hommage à Titanic qui l’emporte sur tout le reste : un naufrage complet.

(sans compter tous les clins d’oeil qui m’ont échappé)

C’est affligeant. Je ne suis pas un puriste de la vraissemblance des histoires mais le scénario de ce film est truffé d’incohérences, d’inachevé et il est manifestement bâclé. Les dialogues sont paresseux, usés, voire franchement mauvais. La fin est décevante pour ne pas dire stupide.

Luc Besson est installé, il a suffisament d’argent et son nom peut lui permettre de trouver facilement ce qui pourrait lui être nécessaire le cas échéant. Seulement il est regrettable (euphémisme) que ce soit pour aboutir à ce genre de résultat.

Ce film nous a fait rire mais après, une fois sorti du cinéma et comme on rigole d’un nanard. Je ne crois pas qu’il ait vocation à faire rire mais c’est sa seule chance d’offrir un bon moment à ses spectateurs.

Bon il se peut aussi simplement que j’ai basculé du côté vieux de la force.

3 grues à l’horizon

Jeudi 19 février 2004

Tout serait différent si rien n’était pareil.

Et réciproquement.

Switch on the radio

Mardi 17 février 2004

Vous êtes d’humeur compilatrice ? Vous recherchez des idées ou des références de chansons ? Vous êtes curieux de nouveaux airs ?

S’il est bien une chaîne radiophonique à la programmation musicale hétéroclite entre toutes c’est FIP. Saluons les bienfaits de la technique qui permet aujourd’hui d’écouter FIP de tout endroit où l’on peut se connecter à internet (enfin, si tant est que l’on ait une carte son… non, je ne travaille pas dans une grotte !)

Vous noterez, chose fréquente, que l’on peut connaître le tracklisting en temps réel. C’est moins excitant que de rester l’oreille collée au poste en attendant désespérément que l’animateur indique qui chantait cette chanson géniale tout en priant pour qu’il ne l’ait pas dit avant la chanson, quand on n’écoutais pas, mais c’est plus pratique.

Il y a quelques années lorsque l’on entendait une super chanson à la radio on devait avant tout identifier QUI la chantait ou, à tout le moins, son titre. L’animateur avait dû annoncer avant ce que c’était, en tous cas il n’avait rien dit après. Franchement ça ne lui aurait pas coûté un grand effort que de le redire après et ça nous aurait évité de trépigner autant. Cela pouvait parfois prendre plusieurs heures d’écoute attentive, voire dévote, ensuite pour retomber dessus et parvenir enfin, au comble de l’excitation, à identifier le titre de ces quelques minutes de bonheur. Les habitués appelaient l’antenne pour demander quel morceau était passé dix minutes plus tôt. Les plus hardis osaient aller à la FNAC ou chez le disquaire du coin pour fredonner l’air qui leur avait plu (vous souvenez-vous de la pub de la FNAC il y a quelques années avec tous ces gens qui fredonnaient des airs improbables ?), plongeant parfois leur interlocuteur dans un abîme de scepticisme. Je me souviens d’une telle situation (excepté le fait que je ne vends pas de disques) avec ma mère rentrant du cinéma où elle avait vu Ceux qui m’aiment prendront le train et me disant qu’elle avait entendu une chanson qui lui avait plu. Elle commence à fredonner des houuuuuhhooouuuuu qui me laissent totalement démuni et que je n’identifierai que beaucoup, beaucoup plus tard sur l’enregistrement d’une rediffusion du film à la télé, dont je ne verrai d’ailleurs que ce passage. Il s’agissait d’un morceau de Jeff Buckley dont je ne me rappelle plus le titre, qui n’apparaît pas sur le CD de la bande originale du film, vers laquelle je m’étais tourné,en désespoir de cause, à l’époque.

Bref on gagne en confort ce que l’on perd en excitation. Cependant ce n’est pas le seul service supplémentaire qu’offre l’accès par le net. En effet, dans le bas du cadre gris En direct, il y a une dernière ligne/lien intitulée les archives de la programmation (sur 10 jours). Là, on rentre dans le vif du sujet.

Une fois le titre et/ou l’interprète connu il restait encore à fouiner dans les bacs pour parvenir à trouver LE disque recelant la pépite, parfois la seule malheureusement. Ce qui peut être très facile pour un morceau qui vient de sortir va alors se révéler beaucoup plus ardu pour un morceau ancien et plus ou moins oublié.

Ce système permet d’accéder au tracklisting des dix derniers jours (comme son nom l’indique) de deux manières différentes : chronologiquement ou par mot clé. On peut ainsi faire défiler la programmation de toute une journée et trouver ce qui nous a fait dresser l’oreille l’avant-veille vers 21h30 ou bien rechercher quels artistes ou quels titres passent plus ou moins régulièrement. Enfin, l’atout suprême, on peut connaître l’auteur, le compositeur et l’album sur lequel trouver la version diffusée pour chaque morceau.

Bien sûr Jazz à fip n’aura sans doute jamais le même pouvoir d’évocation pour beaucoup d’entre vous que pour moi qui l’ai entendu des centaines de fois à la radio, notamment en voiture, quand j’étais enfant mais au-delà des considérations nostalgiques je crois que FIP a une programmation variée et à ce titre intéressante dont on peut profiter pleinement grâce à l’outil que l’informatique a permis de développer ainsi qu’à internet qui en rend l’accès possible au plus grand nombre.

Dans ces conditions mon histoire de fouiner dans les bacs paraît anachronique. A l’évidence une fois les détails du titre trouvés on ne sortira pas de chez nous, nous ne nous dirigerons vers nulle part, mais ouvrirons seulement la fenêtre de votre logiciel de p2p pour y ajouter une recherche.

On gagne en confort ce qu’on perd en excitation… quoique si le morceau n’est pas trouvé rapidement…

En fait on gagnerait du temps à ce que Fip rajoute dans sa fenêtre détails du titre un lien de téléchargement.

(Note : suis-je le seul à avoir l’impression que le son de FIP est compressé (depuis toujours) ?)

Mardi 17 février 2004

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Eric-Emmanuel Schmitt

J’y ai retrouvé des morceaux de dialogue qui avaient été repris tels quels dans l’adaptation cinématographique réalisée par François Dupeyron que j’ai vue l’année dernière. Des phrases que j’aurais aimé entendre plus tôt ; quoique les aurais-je seulement comprises ?

- Ton amour pour elle, il est à toi. Il t’appartient. Même si elle refuse, elle ne peut rien y changer. Elle n’en profite pas, c’est tout. Ce que tu donnes, Momo, c’est à toi pour toujours ; ce que tu gardes c’est perdu à jamais.

- Pour un homme normal, je veux dire un homme comme toi et moi - pas Alain Delon ou Marlon Brando, non -, ta beauté est celle que tu trouves à la femme.

Et puis aussi il y a un court passage à propos des derviches tourneurs et je me suis rappelé ce jeu lorsque nous étions enfants et que nous tournions sur nous-mêmes jusqu’à l’étourdissement. Il n’y avait aucune velléité, consciente du moins, de prière. Je me souviens que nous nous faisions parfois doucement avertir que nous risquions de nous blesser. Cependant je reste intrigué que cette attitude nous soit venue instinctivement. Comme cette position que je prends souvent quand je suis allongé et dont Mina m’avait dit un jour que c’était une position relaxante de Yoga et/ou (?) de sophrologie. Le corps saurait-il trouver de lui-même les bonnes positions pour peu qu’on sache le laisser faire ou, autrement dit, se laisser aller ?

A méditer

Dimanche 15 février 2004

Les gens doivent être traités en fonction de l’idée qu’ils se font eux-mêmes de la manière dont ils devraient être traités.

J’ai lu cette phrase du philosophe Michael Walzer (dont j’ai appris l’existence à cette occasion) dans un article paru dans Courrier international.

A priori je partage son opinion. Toutefois après quelques secondes de réflexion je pense qu’elle est sujette à caution. Je doute que l’on puisse être aussi affirmatif dans toutes les situations. Doit-on maltraiter les gens qui croient devoir l’être plutôt que d’essayer de les aider à comprendre pourquoi ils ont cette idée ? Est-il acceptable de maltraiter des gens parce qu’ils croient qu’ils doivent être traités ainsi ? Ce qui est de la maltraitance à mon sens en est-elle au leur ? Je ne m’imagine pas traiter l’autre mal, à mon idée, même si c’est ainsi qu’il estime devoir être traité ce qui, a priori, doit être la bonne manière selon lui, du moins la manière normale ? Comment puis-je savoir mieux que l’autre ce qui est bien pour lui ?

Par ailleurs peut-on sincèrement croire que cette affirmation a été et est respectée et appliquée par la majorité des gens ? Si oui il est inquiètant de constater que tant de gens se plaisent à être maltraités (hypothèse fort improbable) ; si non comment faire en sorte que cela soit ? Doit-on l’ériger en précepte, en règle, quitte à faire fi de la remarque ci-dessus ? Quelle serait alors la sanction de la transgression de cette règle ? Y a-t-il déjà aujourd’hui une sanction, naturelle, à cette affirmation ?