3 grues à l’horizon
Jeudi 30 octobre 2003Parfois la vie ressemble à la fin de A day in the life.
Parfois la vie ressemble à la fin de A day in the life.
- Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur.
- Mais une des innombrables particularités qui distinguent l’homme de la bestiole, c’est qu’il en veut plus. Et même quand il a la quantité suffisante, c’est la qualité qu’il réclame. Les faits bruts ne lui suffisent pas, il lui faut aussi les “pourquoi”, les “comment” et les “jusqu’où”.
La fée carabine, Daniel Pennac
Il y a quelques temps de cela, dans les temps anciens donc, l’hiver n’était pas nécessairement plus rude qu’aujourd’hui (mais un peu quand même, car c’était mieux avant), en revanche le confort était beaucoup plus rudimentaire (attention, c’est une des exceptions qui confirment la règle : ce n’était pas mieux avant). On ne procédait pourtant pas moins à la toilette du matin. Ainsi l’hiver quand le point d’eau le plus proche (je vous laisse faire des réperages autour de chez vous : mare, étang, lac, lavoir, puit, ruisseau, rivière, mer, océan, etc) était gelé on se retrouvait au lieu habituel et on brisait la glace afin de pouvoir faire ses ablutions. Le moment était très intime. En effet, chacun en tenue de toilette devait se tenir bien serré contre les autres pour se réchauffer. L’expression “briser la glace” faisait référence à ce moment précis et, par conséquent, à une grande intimité. Par la suite le sens en a été édulcoré pour devenir celui que nous connaissons aujourd’hui.
Une autre explication dispute l’origine de cette expression à celle-ci. Briser la glace signifierait à l’origine briser le miroir et ainsi cesser son narcissisme pour s’intéresser un peu aux autres.
A vous de choisir.
Le Monoprix près du bureau a réouvert son stand à soupes comme l’hiver dernier. Pour fêter l’événement, l’arrivée précipitée de l’hiver et le fait que le monsieur qui sert ressemble à Super Mario (oui enfin bon il a des moustaches et une casquette quoi mais il n’est même pas brun mais il a une bonne tête) ce fut la semaine de la soupe :
lundi : Brocolis-Stilton
mardi : Tomates à la Sicilienne
mercredi : Minestrone
jeudi : Brocolis-Stilton
vendredi : Brocolis-Stilton (oui bon bah c’est pas de ma faute si je déjeune tard et qu’il n’y a plus beaucoup de choix quand j’arrive)
Si je vous dis que je n’aime pas la soupe et que je le clame haut et fort (à part le gaspacho, la soupe à l’oignon et la soupe de poissons parce que quand même c’est bon !) depuis des années vous allez me trouver un peu incohérent…
J’ai vu et entendu David Bowie interpréter Ashes to ashes (et plusieurs extraits de Low et Ziggy Stardust et xeteras)… l’extase.
Algésiras est revenue. Je commençais à trouver le temps long… et à m’inquièter un peu.
Ce qui a commencé doit finir… lis-je sur le cul d’un bus incrusté en lettres vert fluo informatiquement© sobres au-dessus de la tête de Keanu Reeves aka Neo. Comment voulez-vous ne pas vous gausser face à tant de platitude, d’autant plus pour une oeuvre que ses créateurs voudraient, littéralement en l’occurrence, révolutionnaire ? Est-ce parce que les bus ont les fesses plates ? Je ne le crois pas. Est-ce parce que les créatifs (hum hum… très hâtifs ?) sont plats ? Enfin non il ne faut confondre. Aux Etats-Unis ils ont des créatifs : Everything that has a beginning has an end. En France on a des traducteurs…
Dans le métro je vois une photo du nouveau gouverneur de Californie qui fait la couverture de Télé-loisir (il me semble). Cet éminent hebdomadaire d’informations, particulièrement pointu en matière de politique internationale, se propose en effet de nous expliquer pourquoi il pourrait devenir Président. N’étant pas féru d’analyses politiques j’ai renoncé à le lire. En revanche, je me fais la remarque que Terminator, qui n’a pas attendu Néo pour savoir que ce qui a commencé doit finir…, a un sourire horizontal (il sourit vers les côtés, on dirait qu’on lui écarte la bouche avec un tendeur qui passerait derrière sa tête, vous voyez un peu ce que je veux dire ?). Dubitatif dans un premier temps à propos de ma propre remarque je me suis empressé de faire un test en me souriant dans la vitre de la rame : je souris vers le haut, ma bouche fait un croissant dont les cornes sont pointées vers le ciel (enfin si je suis debout). Craigant l’autosuggestion je décide d’observer d’autres personnes qui ignorent encore tout de ce que je viens de réaliser et qui sont donc totalement objectives dans leur sourire. Là les choses se corsent : il est difficile de trouver des gens qui sourient dans les transports le matin aux heures de pointe un jour froid et humide ! Toutefois il me semble déceler dans les ébauches de sourire que je parviens à surprendre le même trait commun avec le mien. Dès lors je m’interroge sur l’origine du sourire de Monsieur muscles. Serait-il trop musclé du visage ? Aurait-il avalé une haltère par mégarde ? Les services secrets américains auraient-ils inventé le tendeur invisible ? A moins qu’il ne s’agisse d’un lifting raté (gobage de mouches intensif en perspective). Le mystère reste entier, mon envie de le résoudre est inversement proportionnel…
Sinon hier soir j’ai réalisé que je n’avais pas allumé l’ordi de la maison depuis une semaine… Périodes de vacances exceptées je crois que ça fait plusieurs années que ça ne m’était pas arrivé. Je me demande alors ce qui distingue l’intérêt de la dépendance…
Fred Vargas écrit principalement des romans policiers (du moins j’ignore si elle écrit dans sa discipline d’origine : l’archéologie du moyen-âge) qui se déroulent souvent à Paris mais pas toujours. Je ne propose pas de commentaire ni de résumé de chacun de ses romans mais je vous indique juste leur ordre chronologique et leurs personnages principaux afin que vous puissiez suivre plus facilement sans avoir à chercher.
- Les jeux de l’amour et de la mort (1986) : le seul que je n’ai pas lu et qui met en scène des personnages que l’on ne retrouve pas par la suite. Un coup d’essai.
- Ceux qui vont mourir te saluent (1994) : un roman qui se déroule en Italie avec des personnages que l’on ne retrouve pas par la suite non plus.
- Debout les morts (1995) : trois historiens, chacun spécialiste d’une période (préhistoire, moyen-âge et première guerre mondiale il me semble), Marc, Lucien et Mathias (dans le désordre car je suis sûr que Mathias fait la préhistoire), et Vandoosler, et Kehlweiler, l’ancien flic aux réseaux multiples et Buffo.
- Un peu plus loin sur la droite (1996) : les mêmes.
- L’homme aux cercles bleus (1996) : le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg enquête à sa manière. Camille apparaît.
- Sans feu ni lieu (1997) : Les apôtres et Kehlweiler.
- L’homme à l’envers (1999) : Jean-Baptiste Adamsberg et Camille enquêtent dans les Alpes.
- Les quatre fleuves (2000) : un roman/bande dessinée en collaboration avec le dessinateur Edmond Baudoin qui met en scène le commissaire Adamsberg.
- Pars vite et reviens tard (2001) : une très bonne histoire avec, encore, le commissaire Adamsberg.
- Coule la Seine (2002) : trois nouvelles comme autant de croquis du commissaire Adamsberg ainsi que de Danglard, non cité précédemment mais néanmoins présent.
Deux petits traités de philosophie quotidienne :
- Petit traité de toutes vérités sur l’existence (2001)
- Critique de l’anxiété pure (2003)
Enfin on annonce la sortie chez Librio (n° 547) de Salut et liberté ! suivi de La nuit des brutes pour le 27 novembre prochain mais il me semble qu’il y avait eu semblable annonce l’année dernière avant la sortie de Coule la Seine.
- L’argent ça n’a rien à voir avec l’amour, il vaut mieux être pauvre et aimé que riche et mal aimé.
- Oui mais quand on est riche et mal aimé on a les moyens de s’acheter de la drogue et ainsi on ne tombe pas dans la délinquance.
Au détour d’un disque que je n’ai pas écouté depuis longtemps j’ai quelques flashs de l’époque où mes parents vivaient encore ensemble, avant même que nous ne réalisions que quelque chose n’allait pas. C’est déjà si loin. C’est devenu si rare. J’ai tout oublié alors même que j’étais déjà adulte (presque ? enfin si tant est que je le sois jamais). Je n’ai que très rarement des images de l’époque où nous étions quatre. Tout a disparu. Pas exactement en fait. Je sais que c’est là, je peux sans doute les retrouver facilement mais en même temps non. Comme on sait où est enterré un être cher mais on n’irait jamais déterré sa carcasse. Il est là mais il n’est pas là. C’est lui mais ce n’est plus lui. Vous voyez ?
Parfois lorsque je me dis que j’ai pu oublier, du moins occulter, autant de choses, une question me tracasse : qu’ai-je pu oublier d’autre ?
En même temps il y a des choses que j’aimerais bien oublier, mais vraiment oublier, comme si je les avais toujours ignorées. Des choses que l’on m’a apprises sans vraiment le vouloir, de ces choses qui se sont immiscées, qu’on ne réalise que longtemps après et dont on réalise simultanément combien elles nous ont plombés et nous plombent encore.
Mais je me construis autour (contre ?) de mes contraintes et je serais autre si je n’étais pas moi, etc, etc, etc