Archive pour mai 2006

Tout simplement impossible

Dimanche 28 mai 2006

Interview Brel Brassens Ferré - 06.01.1969

Ces paroles de Léo Ferré sur la tendresse avant de les entendre je les ai lues. Je m’en suis offusqué.

Par la suite j’ai compris qu’elles m’avaient touché autrement que ma première réaction n’avait pu me le laisser croire.

Il m’a fallu longtemps avant de comprendre que ce qui me trouble ce n’est pas le rejet de la tendresse qui m’avait immédiatement semblé aberrant mais l’expression de mon anxiété par quelqu’un autre.

Je me suis soudain trouvé confronté à l’affirmation extérieure de ce que je ressens et dont je ne m’explique toujours pas l’origine.

Curieusement, plus tard, en écoutant une interview donnée six ans après par Léo Ferré je me suis réjoui d’entendre un discours différent.

Radioscopie avec Jacques Chancel - 03.11.1975

Peut-être y ai-je vu par analogie la possibilité de ressentir les choses autrement.

Je connais très mal le répertoire de Léo Ferré. Je n’ai jamais été très curieux de défricher sa discographie. Néanmoins le personnage peut difficilement laisser indifférent. Finalement, je l’ai sans doute plus écouté parler que chanter.

J’ai repensé à ces interviews il y a peu de temps.

Je me suis fait la réflexion que la masturbation permet de satisfaire certains besoins ou envie sexuels en s’auto-stimulant mais qu’il est tout simplement impossible de procéder de façon équivalente en ce qui concerne la tendresse.

Bref, je me sens seul.

Dimanche 28 mai 2006

Et avec une vieille 106 quelle intensité peut-on espérer ?

Vendredi 19 mai 2006

Plier seul une housse de couette de 220×240 est toujours un grand moment de solitude.

Lundi 15 mai 2006

Il est avéré que je supporte pas les vacances seul qui constituent un bon compromis entre l’ennui et l’angoisse.

Après avoir quitté mes compagnons de la première semaine j’ai tenu à peine plus de vingt quatre heures avant de rentrer à la maison.

Les payasages du Cotentin sont pourtant magnifiques.

On peut marcher sur d’immenses plages désertes dont on se demande pourquoi il n’y a pas plus de gens pour venir profiter du paysage.

Les genèvriers et les giroflées qui foisonnent forment autant de nuages jaunes parfois ponctués de tâches de rousseurs qui flottent au ras du sol jusqu’aux habitations lorsqu’il n’y a pas de dunes.

J’aime ces giroflées sauvage dont les fleurs qui vont du jaune au brique ont un parfum qui me plaît tant.

Je me suis arrêté au Belvédère du Thot pour contempler l’anse de Vauville qui tente en vain d’embrasser l’horizon au bord duquel l’île d’Aurigny se tient en équilibre.

On n’est guère surpris que le large se refuse à la funeste étreinte de ces bras qui supportent une centrale nucléaire pour l’un et la fameuse usine de retraitement nucléaire de La Hague pour l’autre. Cette dernière ressemble un immense vaisseau extra-terrestre qui se serait abîmé au bord de la terre.

Vauville est riche d’un jardin botanique enchanteur, à quelques pas de la mer, qui vaut à lui seul de venir jusque dans ces contrées reculées.

Ce n’est pas voyager seul qui me pose un problème, ce qui me dérange c’est de n’aller retrouver personne.

Je repensais à ce qu’avait dit Octave quelques jours plus tôt. A force de s’entendre répéter les mêmes choses on finit par s’en persuader. On adapte, inconsciemment peut-être, son comportement au rôle que les autres nous composent.

J’ai toujours été celui qui aimait être seul, un peu introverti par rapport à Calliope qui est plus extravertie, celui qui n’aime pas la collectivité que Calliope affectionne, celui qui a une vie intérieure intense…

Ce n’est pas si simple.

J’ai besoin de solitude, c’est vrai, mais pas envie de vivre seul. Mon équilibre avec les autres est seulement un peu plus fragile que ce que je crois être la norme.

J’ai peur d’être absorbé (le premier mot qui m’est venu à la bouche à ce sujet était bouffé) par l’autre ou les autres selon les situations.

Dans la voiture je pensais à une phrase que j’avais lue sous le clavier de quelqu’un qui se reconnaîtra :

Est-ce que j’ai seulement envie de me confronter avec la réalité vue par les yeux d’un autre ?

C’est une belle façon de se poser la question de l’intimité, plus largement, je crois, que celle du couple.

Puis je me suis rappelé que notre capacité à voir en relief résulte de ce que nos yeux voient une même scène sous deux angles légèrement différents. C’est la superposition des deux images distinctes qui rend possible la perception de la profondeur et ainsi du relief.

Un borgne ne voit pas en relief.

La vie prend du relief lorsque nous sommes confrontés à la réalité vue par les yeux d’une autre personne.

En fait ce n’est qu’une histoire de degrés.

Il faut trouver le juste écart (j’avais tapé égard…) pour que ce relief soit agréable aux sens de chacun.

Le bruit de la mer là.

Lundi 15 mai 2006

Je suis rentré au bureau ce matin après deux semaines d’absence et il y a déjà deux personnes qui m’ont demandé si je n’aurais pas grossi… Sachant que nous ne sommes que huit en tout, moi y compris qui m’en était rendu compte sans que l’on ne me le fasse remarquer, ça commence à faire beaucoup !

Dimanche 14 mai 2006

Parfois on quitte les autres seulement parce qu’on ne peut pas se quitter soi-même.

Bribes

Dimanche 14 mai 2006

- You can’t just kill people because it’s convenient!
- That’s what my doctors kept saying. It was the one thing we could never agree on.

Keeping mum, Niall Johnson

Bribes

Dimanche 14 mai 2006

- Ah bah, il ne fuit plus ?
- Ca ne fuit pas un collier…

Samedi 13 mai 2006

Quand Ange m’a montré le GPS qu’il a installé dans sa voiture je lui ai dit que c’était incontestablement très utile mais que les gens d’ici dix ans plus personne ne saurait lire une carte et se débrouiller sans l’aide du précieux outil. A fortiori ceux qui n’auront rien connu d’autre.

De surcroît, quoique l’on ne soit pas tenu de l’utiliser systématiquement, je me suis dit que c’était un peu triste de se dire qu’il n’était plus possible de se perdre. Pour ma part, j’ai découvert un certain nombre de chouettes trucs parce que je m’étais perdu.

Le GPS qui peut ou pourra très bientôt adapter l’itinéraire en fonction des embouteillages, travaux, accidents, etc dont il tient ou tiendra compte en temps réel c’est la productivité maximale appliquée à tous les trajets.

Toutefois en y repensant je n’en suis pas si sûr. L’utilité d’un outil est conditionnée par l’usage que l’on en fait. Le GPS peut ainsi aider à se perdre. En effet, on peut se perdre allégrement et sans craintes dès lors que l’on sait qu’il suffira de redonner la parole à la petite machine pour retrouver son chemin. Si l’on perd le frisson on pourra tout de même conserver une part d’inattendu.

Le GPS fil d’Ariane plutôt qu’étoile polaire…

J’y ai cru

Samedi 13 mai 2006

Pendant des années :

- je me suis demandé pourquoi la maîtresse disait qu’elle faisait la pelle quand elle appelait les élèves un par un pour vérifier que tout le monde était là ;

- je n’ai pas compris pourquoi il était si remarquable de découvrir le poteau rose alors que ce n’est tout de même pas si difficile de repérer un poteau de cette couleur ;

- je me suis interrogé sur la raison qui pouvait justifier l’injustice dont étaient victimes les mineurs dont la signature des parents était requise sur les bulletins d’abonnement ou de commande. Ca me semblait d’autant plus injuste que si leurs parents travaillaient eux-mêmes à la mine ça leur interdisait de fait de pouvoir renvoyer utilement le bulletin ;

- j’ai demandé à mes parents quand est-ce qu’on irait à l’occasion car ils disaient souvent quand je voulais quelque chose ou bien aller quelque part que nous le ferions à l’occasion. En apprenant à lire j’ai été d’autant plus troublé qu’il y avait sur la route du supermarché un dépôt de voitures qui s’appelait L’occasion mais dont l’aspect extérieur ne me permettait pas de penser qu’il s’agissait là de l’endroit tant espéré.