La nuit je mens

J’ai eu 12 heures de cours ce week-end. Je me suis donc alloué quelques loisirs pour équilibrer !

J’ai donc vu Minority report. C’est très réussi !! Avoir une nouvelle de Philip K. Dick à la source est un gros avantage évidemment (je me suis demandé si je ne devenais pas schizophrène à la fin de plusieurs de ses romans et Blade runner est un de mes films préférés, mais vous le saviez, n’est-ce pas ?) mais il y a aussi tous les effets spéciaux (je ne suis pas spécialement fan mais ils sont au service de l’histoire) qui l’habillent. Je n’ai pas vu passer les 2h25. Sans verser dans le purisme et/ou le militantisme : les multiples publicités sont très désagréables.

Dans un tout autre registre j’ai également vu Embrassez qui vous voudrez qui m’a beaucoup fait rigoler, fourbement d’ailleurs car il y a finalement beaucoup d’amertume derrière ces situations cocasses.

J’ai suivi la voie d’Ultraorange pour une nouvelle sorcellerie artistique (de Vincent Ravalec ; Librio n° 502). L’idée est attrayante. Elle m’apparaît toutefois partiellement comme un prétexte, disons un masque (je trouve que c’est plus dans le ton et que l’image est plus belle, plus artisitique ) pour une entreprise plus noble encore. Si l’auteur se défend à raison de s’aventurer sur le terrain de l’universelmy il n’en demeure pas moins qu’il ébauche à grands traits un modèle de société : cet essai est politique et humaniste. Si l’on préfère on dira qu’il stigmatise les failles de notre société actuelle. J’y ai retrouvé quelques unes de mes notions de prédilection, notamment la foi, la quête, l’équilibre… Je trouve même que ma théorie de la réalité objective et des réalités subjectives s’incarne plutôt bien dans le jeu (nota bene : faire preuve d’humilité). Il serait long de reprendre ici l’ensemble du livre, bien qu’il soit très court (paradoxalement…). Il conviendrait plutôt de confronter ses notes respectives entre lecteurs. C’est une oeuvre ouverte, ce qui est la moindre des choses en l’espèce (si vous l’avez lu vous comprenez pourquoi). Paradoxalement l’aspect pratique me semble toutefois un petit peu difficile à expliquer à des néophytes en internet (j’ai déjà essayé d’expliquer quelques notions relatives au net à mon grand-père, mon père et ma soeur… ce n’est pas évident du tout la virtualité).

Je pense que le chanteur, en particulier l’auteur/compositeur/interprète, a longtemps été et, j’ose espérer, est encore dans une large mesure une sorte d’écrivain public, bien plus que l’écrivain ou le poète (en raison du format de ses oeuvres et de leur relative simplicité). En effet, qui ne s’est jamais retrouvé dans une chanson ? Qui ne s’est jamais dit qu’elle exprimait exactement ce que vous ressentiez ? Je suis sûr que beaucoup de gens se sont déjà exprimés au moins une fois par l’intermédiaire d’une ou de plusieurs chansons. C’est un disque offert, une compilation faite spécialement (souvent le fruit d’une longue préparation) ou un morceau choisi à un moment précis. Vous avez des sentiments, vous avez la volonté de les exprimer et vous choisissez une chanson pour le faire parce que c’est celle qui les décrit le mieux, parce qu’elle vous plaît cette chanson, c’est à la fois une déclaration et un présent : écoute, c’est ce que je ressens et puis c’est très beau aussi. Je me demande s’il faut y voir une marque d’humilité, une manière de dire je ne saurais pas le dire aussi bien ou bien une façon de se protéger un peu (ce qui ne me semble absolument pas blâmable) en empruntant les mots d’un autre comme soutien. D’où l’importance de la chanson et la nécessité d’auteurs de qualité (parce que Lorie c’est sympa mais parfois ses textes sont un petit peu limités pour exprimer certaines subtilités ; toutefois je pense que son dernier tube exprime l’envie de beaucoup de gens).

Il n’est pas exceptionnel d’entendre développer l’idée que le sexe et l’Amour sont deux choses distinctes qui ne font pas nécessairement corps (je n’ai pas pu résister). Si l’on s’en tient à ce précepte on pourrait parfaitement être fidèle à une personne Amoureusement parlant tout en ayant des relations sexuelles avec une ou plusieurs autres (en même temps ou en plusieurs fois). Il me semble que pour que cela fonctionne il faut être deux à partager cette idée. Au-delà de ce cas dont je n’ai pas l’impression qu’il soit le plus fréquent la notion de fidélité m’intéresse assez. D’un point de vue pratique être fidèle c’est tout simplement dire non. C’est aussi simple que cela. C’est de se dire non ou bien le dire à une autre personne. On en déduit tout de suite que la fidélité ne se fait jour que dans certaines circonstances. On n’est pas fidèle à proprement parler en n’ayant jamais été obligé de dire non, on n’a jamais été en situation d’éprouver sa fidélité. Bien présomptueux qui pourrait jurer à l’avance de sa fidélité (toutefois l’idée du mariage ne me rebute pas du tout et si je me mariais je devrais jurer fidélité… présomptueusement mais en y croyant sincèrement). En revanche on peut jurer de sa volonté de l’être. Tout le monde n’a pas cette volonté. Je crois que pour pouvoir s’y tenir il faut faire tout à fait sienne cette fidélité en la réfléchissant. En clair il s’agit d’être fidèle à soi-même en étant fidèle à l’autre. Il faut oser s’avouer que si je te trahis c’est que je me suis trahi moi-même (j’ai l’impression qu’on a tendance à dire je me suis trompé sans vraiment réaliser que cela signifie la même chose que tu m’as trompé, il n’y a qu’une personne qui change). On fait corps (expression récurrente du jour) avec ses idéaux, ses croyances et ses promesses, ils constituent une extension de soi. Je te suis fidèle car à mon sens c’est une marque de respect envers la personne avec qui j’ai une “intimité de couple” et ainsi je me suis fidèle. Le plus difficile en pratique, pour en revenir à ma distinction du départ, est de déterminer le corps de cette fidélité (je souris en pensant qu’on parle beaucoup plus couramment de corps du délit), ce qu’elle recouvre. C’est quoi notre fidélité ? Il n’y a aucune règle, il faut s’accorder, c’est un duo ; or il n’est déjà pas toujours facile d’être fidèle à soi-même…

Contre toute attente la fidélité n’est pas mon sujet. Je pensais donc à cette distinction entre le sexe et l’Amour et il me semblait qu’elle était plus souvent évoquée par les hommes que par les femmes (c’est un sujet sérieux et sexuel alors je ne parle pas de filles et de garçons ; les filles et les garçons se tiennent par la main, se font des bisous et rêvent) bien que d’aucuns considèrent qu’il s’agisse là d’un poncif. Je me suis demandé pourquoi (pas à propos du poncif !). Il m’est venu une idée, très symbolique, soit, mais qui ne me semble pas totalement saugrenue. Peut-être est-ce tout simplement parce que la sexualité de l’homme est externe contrairement à celle de la femme. L’image n’est pas très ragoutante mais c’est ainsi : l’homme est dissociable de son sexe, pas la femme. Je ne parle pas que des nombreuses idées plus ou moins reçues à ce sujet mais de la réalité physique, physionomique et je contaste simplement une étrange similitude entre cette réalité physique et cette idée de distinction, ça ne va pas plus loin. Je me suis quand même demandé comment se serait si la femme était également dissociable de son sexe. Comment seraient les relations sexuelles et la conception de l’Amour s’il n’y avait pas de pénétration ? Imaginons que la reproduction (parce que bon il ne faut pas se leurrer l’instinct de reproduction, inconscient, avance masqué sous le désir sexuel mais il est bien là, au moins durant un temps) se fassent selon d’autres modes. Je laisse libre cours à votre imagination.

L’homme est un animal diurne. L’obscurité et la fraîcheur de la nuit lui sont défavorables, pour ne pas dire hostiles. Il n’est pas nyctalope, son odorat est faible, sa peau lisse ne le protège pas du froid, on peut tout juste lui accorder une ouïe plus ou moins sensible. Lorsque le jour décroît l’homme cherche un abri pour passer la nuit. L’homme est sans doute le mammifère le plus adaptable. Il dispose d’une importante capacité d’apprentissage et de doigts opposables : les pouces. Dès lors il peut créer les éléments nécessaires pour pallier à ses faiblesses (équipements qui vont de la petite laine aux lunettes infrarouges en ce qui concerne la nuit). Aujourd’hui il est courant de croiser des hommes à découvert (mais couverts) en pleine nuit. Hardis, il y en a pour se déplacer ainsi même sur la mer ou dans le ciel (qui ne lui sont déjà pas des milieux naturels en plein jour). La rase campagne donne au citadin une bonne idée de ce qu’est la nuit ancestrale. Les jolies lumières qui éclairent les routes et les bâtiments ne sont pas la nuit. La nuit est obscure, on n’y voit guère autre chose que la lune et les étoiles si tant est que le temps soit clair. Le règne de la nuit est arythmé de bruits inquiètants. La nuit porte une cape de froid et d’humidité qui fond lentement mais inexorablement sur la Terre et sur vous.

J’ai marché dans Paris pendant des heures et des heures en pleine nuit. Cela m’arrive encore parfois. Je ne crois pas que je l’aurais fait à la campagne. Même en restant sur la route la nuit est inquiètante. Je n’ai pas envie de m’enfoncer dans le noir, d’être aveugle. Pourtant la nuit me fascine et me fait peur (mais je me demande s’il n’y a pas toujours un minimum de peur dans la fascination), depuis que je suis tout petit. Sans que je puisse bien l’expliquer la perception des choses est différente la nuit. Peut-être avez-vous la même sensation. Rouler la nuit est quelque chose de très particulier. Vous vous déplacez dans l’espace mais vous n’en avez qu’une conscience diffuse car le paysage ne défile pas, tout au plus en apercevez-vous subrepticement une image dans les virages comme lorsqu’un éclair s’abat durant les gros orages. Le faisceau des phares semble aspirer la route. La musique remplit l’habitacle et couvre les bruits de la nuit et de la voiture. Le temps se déroule au rythme de la musique. Vous voyagez autant dans la musique que dans l’espace. C’est un voyage irréel. Je trouve cela très futile mais j’en tire un certain plaisir quoique ce ne soit jamais que pour oublier qu’on est seul. C’est étrange comme la sensation de liberté peut être forte dans certaines circonstances et combien la liberté d’aller et venir incarne l’essence de LA liberté (ce qui explique d’ailleurs que la privation de cette liberté par l’emprisonnement constitue la sanction la plus lourde du droit pénal). On pourrait aller au bout du monde la nuit.

Lorsque j’étais encore bébé dès que j’ai su passer par dessus les barreaux de mon lit je me suis relevé autant de fois que je pouvais (à tel point que mes parents ont fini par enlever les barreaux pour éviter que je ne tombe de trop haut) mais j’ai eu peur du noir pendant très longtemps. En général je ne m’endors qu’épuisé. Je résiste jusqu’à tomber de fatigue. Je ne me fonds donc pas dans la nuit, au contraire je lui résiste. Ce qui m’a récemment amené à me demander si cela n’était pas l’expression d’une peur, pas celle du noir, celle de la mort. Je m’en suis beaucoup défendu, et je le fais encore, mais je dois constater les faits. Peut-être est-ce dû aux conditions de ma naissance. Je suis né avec le cordon ombilical enroulé autour du cou, j’étais donc tout bleu (je sais, c’est très drôle de m’imaginer en schtroumpf) et il a fallu me placer sous oxygène. Je me demande dans quelle mesure il peut y avoir une corrélation.

A un journaliste qui lui parlait de ses chansons et lui demandait comment il écrivait (les questions classiques quoi) Jean-Louis Aubert avait parlé de la manière de dire les choses. Il avait pris un exemple en distinguant : tu es belle de je te trouve belle et de tu me plais [sous-entendu : comme tu es]. Tout le monde n’y verra peut-être pas de différences mais pour moi il y en a. A mon sens il est beaucoup plus personnel de dire tu me plais. Ainsi, pour rester dans le même registre, je préfère les mots jolie ou mignonne à belle. Ce dernier adjectif me semble assez froid, il m’évoque une chose plutôt qu’une personne, du moins qu’une personne que je connaîtrais ne serait-ce qu’un peu. Une oeuvre d’art, une statue par exemple, peut être belle. On peut également trouver une actrice belle mais c’est différent de quelqu’un qu’on connaît, qui n’est pas qu’une image ou une chose inerte. Pourtant il est plus difficile d’employer jolie ou mignonne qui possèdent auprès d’une majorité de personnes une connotation enfantine ou mièvre. Pour moi il y a une connotation affective dans ces mots là.

Avec deux amis nous avons joué pendant un moment à noter les filles (nous avons d’ailleurs pu vérifier qu’elles-mêmes étaient nombreuses à le faire). Nous n’avons jamais joué à ça qu’à propos de filles que nous ne connaissions pas du tout : des filles que nous croisions dans la rue par exemple. Pour une raison très simple : on ne parle de physique et que de physique, comme on parlerait d’une chose, ce qui est finalement un peu inhumain. Il ne s’agissait pas de les rencontrer. On ne peut pas faire ça avec des gens que l’on connaît ne serait-ce qu’un peu : il y a des liens affectifs (dans un sens très large) plus ou moins importants. Le grand enseignement a été qu’il était rare que nous tombions d’accord.

S. était encore absente. J’ai discuté avec sa cousine. Elle est souffrante :o/

Il y a des moments où je me sens seul et en général simultanément stupide.

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