Archive pour la catégorie 'Vocabulaire'

La femme idéale comme l’homme idéal existent, le problème est qu’il n’y a qu’eux qui le savent

Mercredi 11 décembre 2002

Octave : Tu fais quelque chose lundi ?
Moi : Euh, non, rien.
Octave : Tu veux risquer ta vie ?
Moi : Oui.
Octave : Tu te souviens du cadeau de Noémie pour tous mes noëls et anniversaires jusqu’à la fin de mes jours ?
Moi : Oui.
Octave : Je me disais qu’on pourrait faire ça lundi.

Donc lundi, si le temps le permet, baptême de vol à vue pour Octave… Je demanderai à voir la licence du pilote avant de monter je pense…

A part ça j’ai appris un mot : controuvé, qui signifie inventé de toutes pièces. Il ne devrait pas être trop dur à replacer celui-là.

J’ai aussi fait une découverte (qui n’en est sûrement pas une pour un certain nombre d’entre vous) : on peut faire glisser les images des pages internet dans la barre qui est juste au-dessus de la barre de tâches en bas de l’écran. L’image s’affiche alors seule dans son format d’origine sur fond blanc. C’est tout.

Boogie woogie Christmas

Mercredi 4 décembre 2002

Bon je m’étais dit que je n’achetais plus de CD (ou alors vierges, mais pas trop quand même) mais j’ai craqué. J’ai acheté le dernier du Brian Setzer Orchestra. C’est d’autant plus grave que c’est un disque saisonnier et que je ne l’écouterai sans doute plus d’ici un mois mais bon ça va swinger (cf le titre ci-dessus).

Dans le métro j’ai regardé les gens : tout le monde a des cernes. C’est fatigant le mois de décembre. A l’époque où j’avais encore des cours je me souviens que c’était le mois que je trouvais le plus fatigant. J’arrivais épuisé aux vacances. Dans la rue j’ai vu un side-car avec deux petits enfants dedans. Ils étaient tout emmitouflés sous la capote et devaient bien rigoler tout les deux au milieu des embouteillages du boulevard Saint-Germain. Je suis rentré dans la toute nouvelle (tellement nouvelle qu’elle n’est pas encore totalement aménagée) FNAC Digitale. C’est bôôôôôô… On dirait presque de la science-fiction tellement la concentration de technologie est importante. On y trouve une multitude de jouets superbes. La vraie difficulté est de choisir, dans la mesure de ce qu’on peut s’offrir. Pourtant à regarder tout ça j’ai éprouvé une sensation de futilité. D’aucuns me trouveront difficile et rabat-joie. Pourtant c’est vrai : oui moi aussi j’ai envie de jouer avec tout ça mais combien de temps ? D’autant plus que maintenant il n’y a plus grand chose qui ne soit pas dépassée au bout de six mois. Et puis encore faut-il avoir le temps. Enfin bref j’arrête là sinon je suis parti pour un couplet sur la société de consommation (c’est vrai que le temps passé à apprendre à se servir de tout ça est du temps qui n’est pas passé à se demander ce qu’on fait là et à s’angoisser ; la consommation en général a des vertus anti-dépressives).

Swatch a décliné une gamme de montres ultra-plates baptisées thin, on n’aurait pu choisir nom plus adapté. Les boîtes de CD sont aujourd’hui réduites au stricte minimum et dites thin case. Les téléphones et ordinateurs portables, walkmans (tous supports confondus), appareils photos numériques, camescopes sont eux aussi toujours plus thin. A l’heure où la compression numérique se fait de plus en plus efficace cette thinisation est un peu ridicule. Le matériel poursuit l’immatériel en vain. En effet, il est tout à fait impossible de parvenir à des gains de place du même ordre. A l’extrême on pourrait envisager une réduction de nos mains, solution dont la pertinence me laisse perplexe et pas seulement d’un point de vue esthétique. On nous explique que la taille moyenne des êtres humains augmente régulièrement, ce dont je déduis, peut-être audacieusement, que leurs mains s’allongent proportionnellement (je ne m’inclus pas car je ne suis pas très grand, je risque donc de faire baisser la moyenne et, en plus, j’ai plutôt des petites mains). Dans le même temps on réduit la taille des appareils, principalement à forte valeur technologique, donc ayant, a priori, un futur prometteur (non, non je ne reviendrai pas sur la FNAC digitale, allez vous faire une idée par vous-même). Il n’y aura plus que les enfants à pouvoir physiquement les utiliser. Au fond ça tombe bien ce sont les nouveaux et les futurs rois de la consommation. Au-delà de ce problème pratique, auquel la mise au point de la commande vocale palliera sans doute, à quoi bon gagner de la place sans arrêt ? Pour vivre dans des habitations plus petites, des alcôves de ruche comme au Japon ? Pour être encore plus entassés que nous ne le sommes déjà ? Je me demande pourquoi on ne consacre pas l’énergie et le temps dépensés à miniaturiser tous les appareils (je ne parle même pas de ce que coûte, tous éléments confondus, tout ce qui touche aux questions militaires) [EDIT (car erreur de manipulation et phrase amputée)] pour rendre habitables toutes les régions invivables en l’état, et au passage améliorer la condition des gens qui vivent autour…

Un Concorde de la British-Airways a perdu une de ses gouvernes, ce dont l’équipage ne s’est aperçu qu’à l’aterrissage, qui s’est heureusement déroulé sans encombres. Un spécialiste du Concorde interrogé à ce sujet s’est montré très rassurant : Le Concorde n’est pas plus dangereux que les autres avions. L’égalité règne dans l’aviation civile : on a autant de chances de se planter avec un avion normal qu’avec le Concorde !

Je crois que j’ai des tendances manichéennes assez marquées. Je perds parfois le sens de la nuance. Un exemple : si je ne sais pas tout, je ne sais rien. Alors qu’on ne peut pas être bon partout. On est généralement plutôt doué pour un truc ou deux et assez mauvais, voire totalement nul, partout ailleurs. Ce qui compte c’est d’essayer et de faire de son mieux. Je peux le dire mais je l’oublie facilement. Barbara me dit : tu es très dur avec toi même. Même si je me plains (un peu, enfin pas trop) je déteste l’auto-apitoiement. En fait j’éprouve de réelles difficultés à m’exprimer. Non pas à m’exprimer dans la forme mais dans le fond. J’ai beaucoup de mal à exprimer fidèlement ce que je pense, et je ne parle pas même pas de ce que je peux ressentir. Dès lors que je veux exprimer ce que je pense une barrière se forme indépendamment de ma volonté et me paralyse. Bien sûr ce n’est pas systématique mais c’est fréquent. J’enrage car après coup ou (surtout) lorsque je suis extérieur à une situation, que je ne suis que spectateur je n’ai pas ce problème et je ne perds pas mes idées ainsi. Combien de fois ai-je littéralement perdu des idées sitôt devant une feuille blanche ou devant la personne à qui je voulais parler alors même qu’elles m’apparaissaient très clairement une minute avant. A l’écrit ce n’est pas le pire, au contraire, je suis plutôt à l’aise, sauf quand je panique, c’est à dire essentiellement durant des examens, comme le dernier en date. Dans ce cas-là j’écris n’importe quoi. Je suis allé à une reddition vendredi pour voir ma copie. A la relire et à discuter avec le correcteur qui était présent je ne peux que m’incliner (même s’il est quand même très très pointilleux ; je vous donne un exemple pour que vous ne croyez pas qu’il s’agit simplement de rancoeur : Application et mise en oeuvre ça ne veut pas dire la même chose, vous ne pouvez donc pas annoncer et parler de l’autre). Bref, je me suis ramassé pour avoir paniqué. Si je lisais ça de la part de quelqu’un d’autre je me dirais effectivement que la personne passe à côté. Lorsque j’ai quelqu’un en face de moi c’est aussi de la panique (toutefois il faut relativiser le terme panique, en général le seul signe est que je devrais dire quelque chose et que je ne le dis pas, c’est à l’intérieur que je sais que ça ne va pas). Pourtant durant les oraux (assez nombreux) que j’ai pu passer la panique était stimulante, tout le contraire de l’écrit. Non, la situation typique c’est évidemment lorsque je suis face à une fille qui me plaît. Je ne sais pas le dire ou très mal. Je suppose que c’est ça un manque de confiance en soi. Ce qui me ramène au tu es très dur avec toi même de Barbara (oui ça fait un détour un peu long…). Je ne m’aime pas beaucoup. On me dira : comme la plupart des gens. Seulement je n’ai pas pris cet élément en compte pendant longtemps, et puis ce n’est pas forcément une très grosse consolation. Cependant j’ai des moments où je m’aime bien. Parfois je fais des trucs pas mal mais il faut reconnaître que depuis quelques temps ce n’est pas ça…

En ce moment je pense beaucoup de manière schématique, en trois dimensions. Je pense sphères et polygones. Je vais vous en donner un aperçu.

Je me dis que je ne suis pas moi. Je suis ce que chacun attend. Je tends vers ce que chacun attend. Je m’adapte pour essayer de plaire à tout le monde. Dès lors il n’y a pas d’alternative, je ne peux qu’être une sphère parfaite, lisse, opaque. La forme tournée vers l’intérieur par essence, contrairement à une étoile par exemple (au sens géométrique). La sphère est aussi l’érosion à son paroxysme, quand on ne peut plus déterminer sa nature. L’érosion du regard des autres, non, de l’idée que je me fais de leur regard, de leur avis plutôt. En effet j’ai un physique très banal, ce n’est pas un problème de regard à proprement parler.

Je fais les choses à l’envers, je mets la charrue avant les boeufs. Je ne fais pas ce que je veux quitte à provoquer l’insatisfaction des autres mais au contraire je m’efforce de faire ce que les autres attendent (heureusement ce n’est tout de même pas trop prononcé) ou bien je veux une chose mais je me demande comment l’obtenir seulement après alors qu’il serait plus logique, raisonnable aussi sans doute, de se demander ce je peux obtenir avec ce que j’ai (ah quelle terrible notion que celle de budget mais qui est si indispensable). Le gros risque étant la frustration. Je veux tout et tout faire mais ce n’est pas possible. Ce qui est gênant c’est que je ne fais quasiment rien, trop occupé à me demander si la chose sur laquelle je vais me concentrer sera la bonne. Qu’est-ce que ça veut dire la bonne ?… Celle qui me vaudra la considération des autres. :o/ La solution serait de tout faire alors je me disperse dans tous les sens et je ne m’applique à rien. C’est un cercle vicieux. Le fait de le mettre à plat est peut-être un début pour changer de comportement en la matière.La question est : qu’est-ce que je veux faire ? Etrangement je n’ai jamais trop su y répondre, du moins je n’ai jamais su répondre à cette question terrifiante qu’on assène aux enfants : que veux-tu faire dans la vie ?

Je suis capable d’avoir des réactions qui me semblent normales, naturelles, appropriées, que je conseillerais (même si les conseilleurs ne sont pas les payeurs, ils seraient même plutôt les payés dans notre société) ainsi qu’à les exprimer (comme supra je parle du fond pas tellement de la forme) à peu près correctement à travers un écran. Choses que je fais assez mal en vrai. S’il y a une part de psychologie en jeu il y a également semble-t-il une part physique, au sens propre. Je ne pense pas à mon physique mais à la relation physique, au contact physique et même à la présence. Je me demande pourquoi.

Intimité vient du latin intimus qui est le superlatif de interior. C’est donc ce qu’il y a de plus intérieur, de plus profond, de plus secret et, peut-être, de plus fragile. C’est l’essence (de essencia, de esse, être ; non, je ne me rappelle pas parfaitement de mes cours de latin, j’ai un dictionnaire). Il y a des parts, des faces plus fragiles chez chacun. Il y en a qu’on peut présenter à n’importe qui, qui sont en quelques sortes accessibles à tous, et d’autres, au contraire, dont on ne veut ou même dont on ne peut permettre l’accès qu’à une ou des personnes choisies. L’intimité c’est beau quand c’est partagé. C’est la rencontre, l’ouverture et le contact des faces fragiles, des faces secrètes (des piles quoi), c’est offrir son monde à un visiteur respectueux, admiratif, précautionneux, qui peut se transformer en habitant et réciproquement. C’est sans doute pour ça que si bon et si important de partager un secret, c’est une petite intimité.

J’ai toujours été très intrigué par les lumières la nuit, les fenêtres éclairées au loin. J’ai toujours vécu en ville et j’ai longtemps eu peur du noir, bien que mes grands-parents vivaient alors déjà au fin fond d’une campagne où la nuit est noire comme de l’encre et que j’y passais de nombreuses vacances tous les ans. Qui sont ces gens derrière toutes ces fenêtres ? Que font-ils ? Nous sommes tant que ça ? J’aimais aussi beaucoup les enseignes lumineuses au sommet des immeubles, les lumières oranges qui défilaient à toute vitesse dans les tunnels du périphérique, les lumières qui clignotaient un peu partout. Pour moi le symbole de la présence humaine la nuit c’est une lumière qui clignote, peut-être par analogie avec un battement de coeur. Pas une lumière fixe, un clignotement.

Ce qui précède est déjà très fouillis mais je crains que la fin ne rattrape pas l’ensemble…

Il y a des choses que je vois ou que j’entends, mais que je ne vis pas directement (radio, télé, journaux, net…) qui m’énervent, qui m’agacent, qui m’exaspèrent, que je trouve nulles, déplacées, méchantes, mauvaises mais je n’en parle pas. Je ne veux pas en parler car je ne veux pas leur donner d’écho. Le silence finira par les happer.

Je l’ai déjà citée mais je recommence parce qu’elle est sublime cette phrase de Saint Augustin : Nous chercherions donc comme si nous allions trouver mais nous ne trouverions jamais qu’en ayant toujours à chercher.

L’ironie du sort ou peut-être plus simplement du langage est qu’il faille être deux pour “être aux antipodes”

Mardi 8 octobre 2002

Bon, bon, bon… je dois me reprendre. C’est ridicule tout ça. D’autant plus qu’à y réfléchir calmement deux minutes ce n’est pas la mer à boire et si tant est que ça le soit je l’ai déjà fait (non je n’ai pas bu la mer, juste une tasse, avec un sucre, merci). Il ne tient qu’à moi de trouver l’opportunité de lui parler, la prochaine fois que je la verrai. Je serai de toutes façons plus à l’aise après.

Fort de cette bonne résolution je suis allé chez le coiffeur. Je crois que j’ai choqué la dame qui était assise à côté de moi en expliquant à ma coiffeuse (elle aussi d’ailleurs) qu’aussi affreux que puisse être le crime commis et nécessaire de le sanctionner il importait tout autant de comprendre comment le coupable en était arrivé là et qu’à mon sens la criminalité était sans doute plus importante au XVIIIème siècle, et même plus récemment. Attention ! J’ai aussi travaillé ! Demain je remets ça, le coiffeur en moins, un dîner dehors en plus.

J’ai terminé Le miroir des idées de Michel Tournier. Je ne saurais trop vous en conseiller la lecture (quoi ? encore !). Je peux vous dire qu’avant même de l’avoir fini je savais que je le relirai, ce n’est pas fréquent. Ce livre m’a donné plein d’idées. A titre d’aperçu je retranscris le premier paragraphe de la préface :

Ce petit traité part de deux idées fondamentales. La première pose que la pensée fonctionne à l’aide d’un nombre fini de concepts-clés, lesquels peuvent être énumérés et élucidés. La seconde admet que ces concepts vont par paires, chacun possédant un “contraire” ni plus ni moins positif que lui-même.

Ainsi l’auteur accouple culture et civilisation :

[…] Surtout, la première leçon de la culture, c’est que le monde est vaste, le passé insondable, et que des milliards d’hommes pensent et ont pensé autrement que nous, nos voisins et nos concitoyens. La culture débouche sur l’universel et engendre le scepticisme. S’efforçant d’élargir ses idées à la dimension universelle, l’homme cultivé traite sa propre civilisation comme un cas particulier. Il en vient à penser qu’il n’y a pas “la” civilisation, et en dehors d’elle la barbarie ou la sauvagerie, mais une multitude de civilisation qui ont toutes droit au respect. Il condamne du même coup l’action des colonisateurs et celle des missionnaires qu’il accuse d’ethnocide.[…]

Dès lors je crains que la foi (toujours dans une acception large) et la culture ne soient incompatibles. L’idée que plus on sait de choses plus on réalise l’étendue de son ignorance a été développée à de nombreuses reprises. William Boyd écrit dans un de ses romans que la poursuite du savoir est la route de l’enfer, ce que Friedrich Nietzsche développe, il me semble, dans Le gai savoir (mais je suis aussi à l’aise dans un roman de Boyd que perdu dans un essai de Nietzsche). Il me semble que c’est vrai, à tous points de vue, et notamment/y compris dans l’imagerie chrétienne. Le savoir, la culture apporte le doute et érode nécessairement la foi. Seulement ici comme en toutes choses l’excès est néfaste et autant on a pu constater les ravages de l’obscurantisme d’une foi absolue, autant je crois (ironie du langage) que la foi est nécessaire. Le doute perpétuel (je doute énormément), le scepticisme n’est pas préférable à l’obscurantisme. Le doute paralyse l’action. L’action est à la mesure de la foi. Il faut y croire pour faire quelque chose !

11 grues à l’horizon

Jeudi 3 octobre 2002

Les femmes posent des rideaux. J’ignore si elles aiment les rideaux, mais elles n’ont de cesse d’habiller les fenêtres nues. Elles doivent bien les aimer un peu, je ne peux pas croire que ce ne soit qu’un pis aller. Les rideaux (petit point de vocabulaire : j’écris les rideaux car ils vont très souvent par paire comme les bouleaux (j’ai un faible pour les bouleaux, je trouve charmants ces arbres qui vivent en couple, il y en avait un dans le jardin quand j’étais petit. Le deuxième n’a pas survécu longtemps au premier. Les bouleaux sont le romantisme fait arbres.) toutefois il y a des rideaux qui connaissent la solitude, surtout dans les salles de bains et les toilettes, et ce aussi bien en ville qu’à la campagne !)…

!! Je suis contraint de m’interrompre moi-même au risque de rendre mon propos totalement incompréhensible. J’ai voulu vérifier que les bouleaux se plantaient bien par deux. Aucune trace nulle part de cette information. Mes parents auraient-ils inventé cette histoire parce que j’avais demandé pourquoi il y en avait deux ? L’arboriculture est trop cruelle. Je l’ignorerai à présent. Pour moi les bouleaux resteront tels que je les ai toujours connus, et si un jour j’ai un jardin j’en aurais deux, ça sera plus cher mais quand on aime on ne compte pas. Je continuerai aussi à être choqué par l’impéritie du jardinier qui en a planté un tout seul dans le parc près de chez moi. !!

… Les rideaux, donc, sont des pièces de linge peu maniables, délicates à nettoyer, encore plus à repasser (heureusement qu’il y a des professionnels). De plus avant de les poser il faut les choisir, parfois même les faire soi-même. Les rideaux signent la présence féminine, et on ne peut qu’être admiratif face à ce déterminisme à protéger le foyer. D’ailleurs Bénabar y fait allusion dans son oeuvre sur la femme et ses bienfaits sur le foyer.

S’il n’étaient les bouleaux on pourrait me taxer d’années cinquantisme, je crois. Seulement les faits sont là : essayez de trouver un homme capable de gérer correctement le problème des rideaux de bout en bout !

Que pensent les gens ?

Mercredi 25 septembre 2002

Je dois confesser que je suis très curieux. Le qualificatif, conjugué à trop, est en bonne place au palmarès des remarques que l’on m’a le plus répétées lorsque j’étais enfant, avec ne mets pas tes coudes sur la table ; ne parle pas la bouche pleine ; dis bonjour, au revoir, s’il vous plaît, merci ; tu t’es lavé les dents ? ; tu aimes quoi à part les frites ? etc C’est ce qui m’a amené notamment à lire des journaux en ligne qui offrent la possibilité d’assouvir une curiosité enveloppée dans la cape du vice sans avoir pour autant à assumer la culpabilité d’avoir violé l’intimité de quelqu’un. Finalement c’est assez lâche comme démarche, en ce qui me concerne tout du moins. On peut aussi adopter un autre point de vue consistant à considérer que le fait de se livrer ainsi pour les auteurs purge la curiosité du lecteur de sa substance sombre (bref, comme souvent on peut manier le langage pour convenance personnelle).

J’ai appris que la curiosité a plusieurs visages, tantôt une qualité, estimée en tant qu’intétêret, tantôt un défaut, condamnée en tant qu’indiscrétion. J’ai appris qu’il est des choses qu’il vaut mieux, voire à tout prix, ignorer. Parfois même on pressent qu’il y a sous cette pierre quelque chose de terrible, quelque chose de sombre, blessant parfois létal (allons jusqu’à la tragédie). Une chose qu’il faut se garder de découvrir. Pourtant parfois la curiosité, que certains dirons morbide ou masochiste, l’emporte sur l’instinct de conservation. C’est dire combien ce peut-être un moteur puissant, une véritable passion. Ce moteur vous propulse, cette passion vous emporte.

Je ne peux pas regretter d’avoir hérité de ce trait. Je lui dois beaucoup. C’est effectivement un moteur puissant. La soif de connaissances me facilite la tâche dans bien des cas. Je pense que ma capacité, toute relative, à comprendre des choses rapidement n’est en définitive que la conséquence de cette soif inextinguible, elle ne sert qu’à assouvir cette dernière qui lui préexiste. Toutefois c’est l’objet avec lequel on l’alimente qui détermine la nature de la curiosité. La mienne prend, prenait souvent la physionomie de l’indiscrétion. On touche à la péninsule de ma curiosité : que pensent les gens ? Question qui se reflète aussitôt ainsi : est-ce un symptôme de paranoïa ? Je me garde de répondre.

Le temps s’est conjugué aux remontrances à propos de ma curiosité mal canalisée et j’en suis venu à élaborer des stratégies pour la museler à défaut de pouvoir la juguler. Je pense que cela s’est fait plus ou moins inconsciemment mais avec le recul je finis par le discerner. Parfois je me tais complètement. J’observe, j’écoute (c’est ce que je préfère mais ce n’est possible que s’il y a d’autres personnes pour attirer l’attention afin de me permettre de rester en retrait) et je glane précieusement tout ce que j’entends, vois ou sens mais je ne le provoque pas. D’autres fois au contraire je parle, énormément, à satiété, de tout, de n’importe quoi, j’imagine pour ne pas laisser mon interlocuteur par trop se découvrir et réveiller la bête (terme au combien excessif j’en conviens mais qui m’amuse et qui me semble assez évocateur pour les besoins de l’explication). Le risque à la longue, si ce n’est pas déjà le cas, est de passer pour un égocentrique. Ce sera circonscrit car il y a des gens qui me connaissent suffisamment pour ne pas s’y tromper, mais je crois que c’est potentiel.

Bien sûr il n’y a rien d’autre à voir que la fuite sous ces artifices. La fuite aux mille faces, il serait d’ailleurs plus juste d’écrire aux mille dos. La pire des fuites, la fuite de soi, une fuite qui peut être sans fin. Je ne m’apitoies pas, ni ne désire me faire plaindre. Je m’efforce d’analyser certains mécanismes… par curiosité. La boucle est bouclée, comme souvent le mal comporte son propre remède. Tout est affaire de dosage et de mode d’administration.

On m’a complimenté pour le vocabulaire que j’emploie (du moins l’ai-je pris ainsi, ce qui me permet d’apprécier). Je ne voudrais pas paraître trop prétentieux, du moins pas plus que je ne le suis déjà. J’ouvre très souvent mon dictionnaire. Je m’efforce d’utiliser le plus largement possible le vocabulaire que je connais tant dans un souci de précision et de clarté que pour essayer d’empêcher (à mon degré) les mots de sombrer au fond du dictionnaire d’où ils finissent par ne plus sortir qu’une ultime fois pour ne pas réapparaître dans l’édition suivante. On peut considérer que cela révèle mon incapacité à m’exprimer clairement avec des mots simples.

Je clos cette entrée sous le sceau de la curiosité : aujourd’hui (premier) déjeuner diaristique très agréable.

Y’a aussi des trucs que j’aime

Mardi 24 septembre 2002

Mon arrière-grand-mère disait, il y a déjà longtemps, les gens ne s’aiment plus (si vous le connaissez rajouttez un accent ch’ti mais sans forcer sinon tant pis ça conserve tout son sens sans cela). C’est très simple et c’est à mon sens très vrai. De la même manière mais de façon plus pragmatique Malek Boutih, le président de SOS racisme, disait dans une interview il y a quelques mois : la question c’est “est-ce qu’on veut vivre ensemble ou pas ?” Mon propos n’a pas trait à l’immigration ou au racisme mais plus largement, au-delà de ces considérations, à la vie en collectivité ; sujet inépuisable que je ne fais qu’effleurer. Les villes ont peut-être atteint un taux de concentration tel qu’elles sont à saturation ?

Le regroupement est une question de survie qui nous apparaît aujourd’hui plus comme un modèle pour des raisons pratiques. Le problème n’est pas relatif au principe du regroupement mais à son degré de concentration. Celle-ci doit avoir des limites, comme toute chose. Je pense qu’elle a joué et qu’elle joue encore un vrai rôle positif en ce qu’elle constitue un puissant facteur d’émulation qui a accéléré le progrès technique. D’une part en raison de la nature humaine mais aussi plus concrètement parce que la concentration urbaine et le progrès technique se sont étroitement liés dans un cercle (vicieux ou vertueux ?) jusqu’à ce que les interactions soient telles qu’on ne distingue plus clairement causes et conséquences. Pour que la vie soit possible dans les conditions que nous connaissons au sein des grandes villes un certain nombre de progrès étaient nécessaires qui ont entraîné à leur tour un phénomène de densification supplémentaire auquel le progrès doit répondre etc etc… Toutefois j’ai malheureusement le sentiment que le progrès (dans une acception très très large, disons tout ce que l’homme découvre, je devrais d’ailleurs plutôt dire comprend car ce n’est que ça, qui améliore sa vie, c’est à dire la rend matériellement moins pénible ou plus confortable, au choix. Matériellement seulement parce que l’âme c’est un autre problème et puis parce que les aspects sociaux ont été exclus de ce cercle, sans doute par la force centrifuge {-( ) n’est pas toujours utilisé à bon escient. J’ignore s’il serait possible de partager les connaissances et leurs applications des pays dits développés (ce qui à l’aune de l’économie est un juste qualificatif mais si l’on change de référence ?) à l’échelle planétaire de manière équitable sans qu’elles soient diluées au point de perdre tout effet bénéfique mais je ne pense pas qu’en l’état actuel des choses il n’y ait ne serait-ce que la volonté de le faire……………………………….

En fait je n’ai pas envie de continuer. Au fond je pense que les gens sont plus individualistes car ils se sentent moins menacés par leur environnement (j’entends par là une menace sauvage, diffuse, une menace de mort), malgré l’insécurité qui nous encercle. Le prisme de l’individualité expose les inconvénients plutôt que les avantages de la collectivité mais jusqu’à quand ? J’ajoute juste encore que je crois qu’il y a un terrible vide du sacré.

Cela m’offre une bonne transition pour vous dire que j’ai lu Comment je suis devenu stupide de Martin Page. J’ai adoré ce bouquin. Je vous en livre juste deux lignes anecdotiques :

Une autre conséquence de ces petits pots pour bébés surdosés en phosphore était qu’Aslee brillait dans le noir. C’était très joli. Quand ils se baladaient dans les rues, la nuit, As, à côté d’Antoine, semblait une immense luciole qui éclairait leur chemin dans les ruelles sans réverbères.

C’est très court, je vous souhaite de passer un aussi bon moment que moi à le lire. Peut-être pourrons nous revenir dessus par la suite (en fait je ne veux pas déflorer le sujet mais j’aimerais bien en lire des commentaires).

J’ai encore froid. Je suis très angoissé pour mon écrit de jeudi, une angoisse plutôt paralysante que divagante.

Je vais probablement supprimer une partie des étagères sur la droite de votre écran ou alors je vais changer la nature du contenu. En effet si je veux parler d’un livre ou d’un film que je viens de lire ou voir je le fais directement dans le corps de texte. Sinon je ne le cite pas du tout. Donc soit je supprime les étagères livres et films (le jukebox c’est pas pareil) soit j’y pose des oeuvres que j’aime bien mais qui ne sont pas récentes et je les changerai de temps en temps. Une sorte de sélection. Il y aura peut-être quelqu’un que ça intéressera, voire à qui ça plaira. Le problème étant que je n’ai pas tellement la place de mettre ne serait-ce qu’un petit commentaire.

Je peux aussi faire comme ça. Le train est un film de Pierre Granier-Defferre avec Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant. En 1940 durant l’exode Jean-Louis Trintignant, marié et père, mais séparé dans le train de sa famille, rencontre Romy Schneider, juive allemande qui a fui l’Allemagne et qui continue de fuir le plus loin possible. Elle sait déjà ce qui se passe dans son pays alors que Trintignant est encore très insouciant à ce sujet comme la plupart des français. Il naît quelque chose entre eux au cours du périple. Bien sûr il est très bien interprété mais je ne dirais pas qu’il s’agit d’un film exceptionnel, c’est un bon film, c’est un film que j’aime parce que voilà il y a une scène en particulier, une scène boulversante comme il n’y en a que très peu. Je ne veux pas en écrire plus, même si je doute que le fim soit dans les vidéoclubs et que personne le voit. Parfois il repasse à la télé, la nuit, peut-être que ce jour-là vous le regarderez, peut-être que la même scène vous émouvra (une parenthèse sans aucun rapport : dans la série les mots que j’aime/j’aime pas : le verbe émouvoir conjugué, à l’exception du participe passé et éventuellement du participe présent, est très laid).

10 grues à l’horizon

Jeudi 19 septembre 2002

La météo a été très clémente depuis le début de la semaine, par conséquent je suis sorti me promener. J’ai beaucoup marché, je crois que je suis passablement stressé (mon besoin de marcher est proportionnel à mon angoisse). Deux questions se font jour : les mots stress et angoisse peuvent-ils être employés indifféremment l’un de l’autre ? Pourquoi marcher ?

Le petit Larousse compact 1995 (le dictionnaire est mon livre de chevet, je l’ai toujours à portée de main) définit l’angoisse comme une inquiètude profonde, peur intense, née d’un sentiment de menace imminente et accompagnée de symptômes neurovégétatifs caractéristiques (spasmes, dyspnée, tachychardie, sudation, etc), le stress étant un ensemble de perturbations biologiques et psychiques provoquées par une agression quelconque sur un organisme. Aux termes de ces définitions on peut tirer une première déduction : il y a manifestement une succession chronologique entre les deux états. L’angoisse précède, le cas échéant, le stress. Quoiqu’on puisse sans doute défendre l’idée qu’un stress répété favorise l’angoisse ultérieurement. Deuxième déduction (détrompez-vous je ne perds pas le fil !) : les deux termes ne sont donc pas interchangeables. Troisième et dernière déduction (on pourrait sans doute en faire d’autres mais je vais tomber hors sujet) : je serais plutôt angoissé, heureusement sans les symptômes neurovégétatifs (à part peut-être une petite sudation mais après plus de deux heures de marche ce n’est peut-être pas l’angoisse… qui n’existe d’ailleurs peut-être pas puisque je ne présente pas de symptômes neurovégétatifs caractéristiques etc).

Je marche parce que j’ai constaté que je me sentais mieux en marchant. J’imagine que c’est principalement symbolique (le fait de marcher plusieurs heures me fait m’endormir plus tôt aussi). Cela me donne une impression de mouvement (pas qu’une impression vous me direz mais rapporté à ce qui me taraude ce ne peut-être que fictif), de ne pas demeurer statique. Je ne me confis pas dans des pensées inquiétantes. Au fond il ne faut pas se voiler la face, c’est une fuite symbolique.

Je dois passer un concours que je ne peux pas rater et je ne parviens pas à m’y mettre. Pourtant j’ai passé des dizaines d’examens au cours de mes études, j’ai redoublé et j’ai eu des notes que je n’aurais pas imaginées possibles quelques années plus tôt, mais j’ai persisté, je me suis présenté à des oraux dans des états de stress (pour le coup c’était bien du stress) considérables (en m’efforçant de toujours afficher un certain détachement, ce à quoi je parvenais pas trop mal, sauf avec ceux qui me connaissaient bien sûr). J’ai tremblé à je ne sais combien de redditions de copies et d’affichages de résultats. J’ai cru plusieurs fois m’être fait définitivement mettre bas. Finalement je suis passé au travers et je me retrouve face à ce concours, que j’ai raté l’année dernière (ce qui participe sans doute à mon angoisse qui n’en est pas vraiment une). Ce n’est finalement qu’une étape de plus, comme les précédentes. D’autant plus que je connais des gens du même niveau que moi qui l’ont eu. Je vais paraître prétentieux mais je ne pense pas que ce soit un problème de capacité, c’est plus psychologique je crois.

Bon ceci dit, entendons-nous bien, je ne parlais ici que des périodes (finalement très courtes) de partiels. Ce n’était pas le bagne, loin de là, on en a bien profité par ailleurs, et j’ai rencontré certains de mes meilleurs amis, O. et T., à la fac.

Notez bien que tout ceci est dit sous le sceau du secret car jamais au grand jamais je n’en reconnaîtrai le quart si on m’interroge. Il ne faut jamais dire jamais, par contre dans Zéro tués j’ai lu qu’il faut toujours dire toujours. Ca me plaît assez, je préfère toujours à jamais.

[…]

Je suis sorti entre temps. Je suis allé faire une petite visite de courtoisie là où j’ai fait un stage cette année. C’est très agréable de s’entendre dire que pour le prochain il faut que je postule là d’abord, et que d’ailleurs je suis pris d’avance.

Passons aux choses sérieuses : j’ai des nouvelles de deux disparus (non je n’ai pas muté en Patrick Sabatier).

L’ami Ricoré (oui, oui celui du petit déjeuner) m’a écrit !! J’ai reçu une enveloppe, jaune comme il se doit, contenant deux petits sachets que j’ai supposé être des échantillons de sable de la plage où il passe ses vacances. Bien sûr c’est plutôt laconique mais au fond il est plutôt timide l’ami Ricoré. La preuve ? Essayez de vous remémorer son visage ! Il incarne la discrétion et l’humilité l’ami Ricoré, il serait gêné d’encombrer vos souvenirs avec son image ! Non, l’ami Ricoré c’est un parfum, une sensation évanescente.

J’ai également des nouvelles d’E.T. (oui le petit fripé avec le doigt qui clignote). J’étais dans une librairie mercredi, je discutais avec la libraire à propos d’un éventuel rachat d’un stock de vieux livres, quand nous fûmes interrompus par un petit homme qui voulait “téléphone maison”. Je dois avouer que je ne l’ai pas formellement reconnu car il était habillé, il portait même un sac à dos. Ses cheveux ont fini par pousser (ils sont noirs) et il y a… comment dire quelque chose de changé dans ses traits. Mais franchement qui cela aurait-il pu être d’autre ?

10 grues à l’horizon

Jeudi 12 septembre 2002

Je crois qu’en matière de mots on s’est tourné vers l’étymologie suite au cuisant échec qu’aura été la tentative d’utilisation de la généalogie. En effet il est hautement improbable que politique soit le fruit du croisement entre policier et poétique, mariage de celui entre maritime et naufrage, ni même médicament de méditer et subséquemment. On y perd tout de même un peu. Ainsi sécuisant, résultat du croisement, idéal d’une certaine attente, entre sécurisant et séduisant, n’a pas survécu à l’étymologie…

En revanche l’astrologie descendante directe de l’astronomie et de l’étymologie justement ne pouvait que brillament passer de l’une à l’autre (qui a parlé de piston ? Non, je pense qu’il convient plutôt de parler de facilités naturelles). Elle a des cousins et cousines un peu partout dans l’histoire, notamment chez les Aztèques. Ca nous change un peu, c’est l’occasion d’être crocodile, herbe sèche, silex ou même mort (argh…). Je me suis découvert mouvement. Manifestement pas totalement canalisé, ce qui m’attriste. Toutefois il me semble que le pire est à venir : où vais-je trouver mon horoscope hebdomadaire aztèque ? Je ne suis abonné à aucun codex d’information ni même de loisir et quand bien même je le serais je parle le nahuatl à peu près aussi bien que Jean-Claude Van Damme le français…

J’ai vu une publicité qui m’a plu (je ne cite pas de marque, c’est écrit dessus !) :

Au japon il y a des bars à oxygène et des bouteilles d’oxygène… J’espère que cette publicité n’est pas affreusement prémonitoire.

Vous me suivez ?

Mercredi 11 septembre 2002

Romain Gary a écrit que sans imagination, l’amour n’a aucune chance. Je suis tout à fait d’accord (je le redis mais je ne le répéterai plus : c’est une association d’idées qui m’a fait repenser à ça. Je ne la relate pas, c’est long ; peut-être que parfois je le ferais). Je suis d’accord parce qu’il me semble que l’amour tel que nous le concevons aujourd’hui (je m’excuse pour le nous dans lequel bien entendu tout le monde ne se reconnaîtra pas mais je pense qu’une part non négligeable voire importante des gens partagent des espoirs globalement identiques en la matière) est un art. Je me permets (afin d’éviter un débat sur la définition qui à coup sûr tournerait court et qui serait préjudiciable à ma démonstration) de définir l’art ici comme un assemblage d’éléments tendant vers une forme d’esthétisme et corollairement (je sais, c’est un barbarisme) le plaisir d’un, ou mieux des, sens. L’amour romantique qu’incarne l’homme ou la femme de sa vie (qui a dû avoir une panne en route ou bien qui a pris l’A7 et qui est coincé dans les inondations ou que sais-je encore ?) et cette félicité qui serait nôtre pour toujours constitue aujourd’hui un modèle pour beaucoup de gens.

………..(je mets mon casque)……….

Il me semble pourtant que d’une certaine manière ce modèle est contre nature. En effet, fondamentalement l’union entre deux êtres humains a pour but de perpétuer ‘espèce. C’est très bête (dans tous les sens du terme) mais c’est ainsi ! C’est inscrit au plus profond de nous. Pourtant nous rêvons à autre chose, parfois pour s’y subsituer parfois pour s’y ajouter. J’écris modèle mais je devrais même écrire idéal, ce qui le rendrait par essence plus difficile à atteindre. Cependant ne vous y trompez pas : j’y crois. J’encours de passer pour quelqu’un de mièvre, peu m’importe. Alors comment résoudre ce paradoxe (je ne vais peut-être pas faire une entrée spécifique aux paradoxes mais les laisser sourdre d’un peu partout finalement) ?

……..(j’enlève mon casque parce que j’ai chaud)………

L’amour romantique (conservons la terminologie mais ce peut être l’amour fou si vous préférez, ou la passion mais je pense alors toujours à l’étymologie du mot et ce n’est pas très gai) me semble être très difficile à créer. Car oui il faut le créer, il n’existe pas à l’état naturel et c’est pour cela que l’imagination est indispensable. La reproduction est le fait de la nature mais l’amour est le fait de l’homme ; et la mélange des deux en une solution stable relève de la chimie la plus minutieuse. Quand j’écris qu’il faut le créer je ne prétends pas qu’il n’existe pas, je veux dire qu’il n’y a pas une formule absolue qui n’aurait pas encore été découverte mais au contraire qu’il y a une infinité de formules et qu’il faut en créer une nouvelle pour chaque couple (pas pour chaque personne, pour chaque couple) ; et personne d’autre que les deux intéressés ne s’y consacrera ; et ce n’est pas garanti que ça marchera. Chaque formule est à la fois la chose la plus précieuse au monde pour le couple qui l’a découverte et une simple curiosité pour tous les autres. Je crois que les efforts consacrés à la recherche de cette formule (et tout de même un peu le succès les couronnant mais il est souvent dans les efforts eux-mêmes, je ne suis pas sûr d’être clair là) font sa valeur. Ce qu’illustre la phrase de Saint Exupéry : C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

Il y a environ 2000 ans Ovide écrivait L’art d’aimer. L’idée n’est donc pas très neuve… Je n’ai d’ailleurs fait que l’effleurer d’un souffle mais ce sont les bonnes questions qui conduisent aux bonnes réponses (encore faut-il que je ne me sois pas trompé…heureusement pour vous vous n’êtes pas moi !).

Cela me fait penser (par association d’idées ;o)) aux mots que j’aime. Ce n’est pas clair. C’est normal, j’ai volontairement sauté une étape. En fait à parler d’amour je pense aux mots maîtresse et amante. J’aime le mot amante, pas le mot maîtresse. Dans ce cas précis ce n’est pas tout à fait exact. En fait le mot maîtresse m’évoque la maîtresse d’école, ce n’est pas vraiment la même ambiance… Je pense à ces mots et ensuite je pense à cette idée récurrente chez moi : il y a des mots que j’aime et d’autres que je n’aime pas. J’aime les mots amante, vaisseau, héliotrope, opale, diaphane par exemple. Ils me plaisent, ils sonnent bien à mon oreille et m’évoquent des choses agréables. Peu importe pourquoi, c’est ainsi. Régulièrement je suis confronté à un mot à propos duquel je me dis : j’aime bien ou au contraire je n’aime pas. Il y a même des mots que j’évite et que je n’aime pas entendre parce que je les trouve vraiment laids. Je me rends compte que souvent il n’y a que peu de rapport avec le sens du mot. Enfin, heureusement, j’éprouve une profonde indifférence envers la majorité des mots, sauf à arbitrer entre plusieurs dans un contexte déterminé pour exprimer le plus finement possible ma pensée (dans la limite de sa propre finesse).

Tant que nous sommes dans les mots je me suis fait la remarque tout à l’heure que étrave et entrave étaient très proches alors que de sens contraires, paradoxalement….

Tant qu’à parler de paradoxes (et oui, j’ose vous faire deux fois de suite le même coup : d’abord tant que nous sommes dans les mots alors qu’ici il n’y a que ça et maintenant exactement la même avec les paradoxes, ça confine à l’insolence) je suis en train de me demander dans quelle mesure la notion occidentale de paradoxe, exclusive, ne serait pas l’exact opposé, ce qui consituerait donc d’une certaine manière le point d’achoppement entre philosophies (le terme étant ici détourné pour les besoins de la cause et à prendre dans un sens très large et ) occidentale et extrême-orientale, du Taiji (= le Yin et le Yang), inclusif. Il est fort possible que ce soit totalement absurde (comme une bonne partie de ce qui appert au cours de mon esprit facétieux) car je vous le livre en simultané.

A la lecture de ce qui précède on comprend mieux la nécessité impérieuse de m’aérer régulièrement.

Ainsi un jour ensolleillé où vous êtes près de la station Couronnes. Remontez la rue de Pali Kao qui est perpendiculaire à droite du boulevard de Belleville quand vous allez vers la Villette. Entrez dans le parc de Belleville par l’entrée du bas qui est en haut (paradoxalement) de la rue. Traversez le parc en le remontant. Arrêtez vous en chemin pour vous poser un moment sur le gazon ou un banc et profiter de la vue (superbe) sur Paris. Prenez votre temps. C’est le moment de vous relever pour aller vous désaltérer. Ressortez tout en haut à la Maison de l’air. Vous êtes rue Piat. Il y a une place (si vous êtes sortis au niveau de la Maison de l’air la place est légèrement sur votre droite). A l’angle de la rue Piat et de la rue des Envierges il y a un bistrot avec une grande terrasse sur le très large trottoir. C’est sans doute une des plus belles, et une des plus calmes, terrasses panoramiques donnant sur Paris… Commandez et regardez.

Merci Ultraorange, j’apprécie tout autant et tout aussi indiciblement ton journal.

Rentrez la tête dans les épaules !

Dimanche 1 septembre 2002

Lu dans la rubrique High-tech du 20 minutes n°109 du lundi 26 août :

Lecteur CD surpuissant, attention danger.
La course à la puissance lancée dans le secteur des lecteurs et graveurs de CD ne va pas sans risque. Pourtant avec une vitesse de lecture 72 fous supérieure à celle d’un simple lecteur audio, le gain de performance peut être attrayant. Mais certains constructeurs tirent la sonnette d’alarme. Selon Plextor et Pioneer, il existe des risques pour l’ordinateur et le consommateur dans le cas de l’utilisation d’un lecteur supérieur à 40 x. D’après Laurent Bernardet, responsable France chez Plextor, “les CD rayés et de mauvaise qualité peuvent exploser s’ils sont lus ou gravés à haute vitesse (Ndlr : 9600 tours par minute pour un 48 x) et même être éjectés hors de l’ordinateur. Pour éviter ces accidents, la vitesse maximale est réglée par défaut sur 40 x sur nos modèles haut de gamme”.
Selon Jacques Noirbent, responsable marketing chez Pioneer, “s’il est sale, le CD, maintenu sur un axe par un effet de magnétisme, peut se détacher et causer de sérieux dommages, tant à l’ordinateur qu’à l’utilisateur”. De plus, un lecteur rapide voit sa durée de vie décroître par rapport à un modèle plus lent (20 % de moins pour un 48 x par rapport à un 40 x). Le niveau de bruit étant plus élevé, l’intérêt d’acheter un tel périphérique est donc assez restreint.

Reste la solution de mettre le lecteur dans un coffre fort pour ne pas prendre le risque d’être décapité par un disque éjecté…

J’avais beaucoup aimé Le voyage de Chihiro. Je suis donc allé voir Mon voisin Totoro qui est repris dans plusieurs cinémas. Je n’ai pas été déçu. De plus, à raison d’un ou deux films en VO par an, je devrais pouvoir soutenir une conversation en japonais d’ici 2050. Tout vient à point pour qui sait se détendre.

Samedi soir j’ai invité O., T. et M. à dîner. Comme j’avais du temps je leur ai confectionné un repas complet avec mes petites mains (j’ai vraiment des petites mains). Ca leur a plu, ça fait plaisir. Aujourd’hui je n’ai rien fait du tout, et je ne pense pas m’y mettre ! D’autant plus que la semaine à venir sans être écrasante semble annoncer la densification inéluctable qui caractérise toute rentrée. Je pense que toute ma vie septembre sera la rentrée… Pourtant on a écrit que le mois de septembre était le plus tendre… C’est vrai que le mois de septembre à deux est sans doute le plus tendre, l’été passé, on s’avance doucement vers l’automne et l’hiver, mais à deux. Traverser l’hiver à deux c’est heureux, c’est se blottir (le mot blottir m’évoque immanquablement la neige, le froid, et la chaleur de l’autre). Ca laisse rêveur…