3 grues à l’horizon (et 4 285 199 774 pages recensées par Google)
Lu chez Flo :
Tu sais comment je suis, je vampirise puis voilà, je n’avais plus rien à apprendre de lui.
Et si c’était un peu ce que je fais… le nombre de personnes entrées dans ma vie est presque égal à celui de celles qui en sont sorties.
C’est vrai que j’ai une envie inextinguible, pathologique même, d’apprendre, y compris des autres. Seulement voilà les autres ne sont pas comme des livres. On ne les referme pas comme on les termine. Une relation se termine mais pas l’autre sauf si malheureusement il meurt mais sa vie peut encore avoir des échos pendant longtemps. Une personne évolue, souvent. On apprécie ou pas sa manière de le faire mais c’est subjectif, c’est propre à chacun de ceux qui la connaissent.
On finit pas connaître les autres, ils deviennent prévisibles mais c’est ce qui est rassurant. Ce n’est sans doute pas si vrai. Ils sont prévisibles mais ils évoluent. Moi aussi. Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir de plaisir dans l’habitude ?
Dieu dit à Pascal : Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé et Saint Augustin écrivait : Nous chercherions donc comme si nous allions trouver mais nous ne trouverions jamais qu’en ayant toujours à chercher (non je n’ai pas fait de théologie, je n’ai pas achevé la lecture des confessions de Saint Augustin, je ne sais pour ainsi dire rien à ce sujet mais il est vrai que je fais une fixation sur cette dernière phrase). Je cherche à connaître les autres jusqu’à les trouver, les connaître et me les rendre plus prévisibles. Et après ça… Pourtant je suis convaincu que l’on construit dans la répétition. Toute construction, toute structure est une somme de répétitions. On ne compose qu’avec sept notes, douze demi-tons répétés et combinés à l’infini à différentes hauteurs.
J’ai une envie… un besoin plutôt. J’ai l’obligation d’apprendre. Je crois que je dois apprendre plus, toujours plus. Je ne pourrai jamais tout apprendre. Que se passerait-il si je n’apprenais plus ? Quelque chose de grave. A moins que ce ne soit pour voir quand je vais déborder ? ou exploser ? A moins que ce ne soit qu’une habitude.
J’ai envie… de savoir entre autres. Seulement je crains de ne trouver de plaisir que dans l’envie. Plus de désir, plus de plaisir. Sitôt que j’appréhende l’objet, même immatériel, de mon désir il y a un vide, un trou d’air, une dépression.
J’apprends beaucoup en lisant.
Jean Giono a passé un certain temps en prison. Il racontait que la lecture lui manquait beaucoup et qu’ayant sympathisé avec un gardien il avait demandé à celui-ci d’essayer de lui trouver un livre. L’homme n’avait su trouver qu’un manuel d’instruction militaire. Giono a commencé à le lire et a rapidement trouvé le sujet rébarbatif. C’est alors qu’il a retourné le livre et a commencé à suivre des yeux les lignes dont les lettres n’étaient plus que de signes dépourvus de sens. Il a alors découvert qu’en fait ce qui lui manquait était cette gymnastique des yeux.
Il n’y a sans doute pas que ça. Les causes se déplacent groupées, compactes. Elles s’imbriquent, se fondent jusqu’à former un maelström dont on a du mal à isoler chaque élément. Allez essayer de récupérer vos ingrédients dans un gâteau qui sort du four…
Je fuis dans les livres plus qu’ils ne fuient en moi en distillant leur contenu. Les livres sont riches de promesses. Une bibliothèque est un univers, comme la FNAC… Toutes ces tranches de livres alignées sont autant de portes entrouvertes sur mille possibles. Une infinité de mondes libérés des contraintes de temps et d’espace, autant d’illusions laissant croire que tout est possible. La virtualité avant l’heure pour se libérer de la pesanteur et des limites physiques et matérielles.