Archive pour février 2005

Le Dormeur du val

Mardi 15 février 2005

C’est un trou de verdure, où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement: il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine.
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud, 1870

Je me souviens avoir étudié ce poème alors que j’étais encore à l’école primaire et je me souviens aussi que deux image m’avaient frappé : Souriant comme Sourirait un enfant malade et Il a deux trous rouges au côté droit.

Je m’en étais fait immédiatement une image précise et les deux se sont liés dans mon esprit, notamment, je crois, parce que je n’ai pas réalisé tout de suite ce que signifiaient les deux trous rouges. Lorsque j’ai compris j’ai pensé que le sourire d’enfant malade aurait dû me laisser deviner. J’en conserve une sensation assez violente.

La main dans le sac

Dimanche 13 février 2005

Je me souviens que lorsque j’étais enfant j’avais un attrait particulier pour le poudrier de ma mère. Cette petite boîte qui contenait un miroir m’intriguait et je voulais l’ouvrir régulièrement pour regarder ce qu’il y avait dedans. Je ne sais pas bien pourquoi. Peut-être qu’au fond je cherchais ce regard particulier de ma mère et j’étais à chaque fois un peu déçu de ne rien découvrir d’autre que le mien.

A quoi pensent les femmes quand elles se regardent dans le miroir de leur poudrier ? Se regardent-elles de la même manière au creux de cette petite boîte qui est l’étui d’un certain regard que face au miroir de leur coiffeuse ou de leur salle de bains ?

Les hommes n’ont pas une telle bulle d’intimité dans laquelle se retrouver face à eux-mêmes n’importe où et n’importe quand. Ils n’ont qu’un regard qu’ils ne portent pas sur eux-mêmes. Pour autant, ils ne s’affranchissent pas nécessairement du regard des autres.

Comme si ça suffisait pas

Dimanche 13 février 2005

Pourquoi a-t-on froid lorsque l’on pleure ?

L’ancre

Samedi 12 février 2005

Le peur de déranger, la peur de gêner parce que c’est indécent de montrer qu’on a mal.

Et puis…?

Comme pour appareiller on remonte l’ancre et on s’attend à la voir crever la surface de l’eau mais à chaque fois ce n’est qu’un maillon de la chaîne.

L’ancre c’est peut-être la peur de ne pas plaire, de ne pas être aimé, d’être rejeté. Elle est lourde à hisser sur le pont et une fois remontée et posée là comme une bête endormie elle n’en demeure pas moins liée à la coque par cette chaîne qu’on a observé et qu’on observe encore fébrilement.

J’ai longtemps raillé cette peur sans pouvoir expliquer que ce n’était pas la peur de l’autre mais le reflet de ma propre peur que j’essayais de chasser ainsi. Comme si je ne pouvais pas voir ma gueule et que je me retrouvais par inadvertance face à un miroir. C’est pas tout à fait faux non plus.

Des larmes étanches

Vendredi 11 février 2005

Je me souviens. Il est mort un vendredi en début de matinée, comme mon grand-père. C’est la première remarque que je me suis faite. Mon père m’a appelé au bureau pour me le dire, tout de suite. Après il reste la journée. Le soir je devais partir pour rejoindre Lili. J’y suis allé parce que j’avais envie d’être avec elle et parce que ça n’aurait rien changé de rester.

Ce jour là elle était venue me chercher à la grande gare. Plus tard elle m’a dit qu’elle avait cru que je voulais la quitter.

C’était en décembre et il faisait déjà nuit. Je crois qu’elle s’est arrêtée sur le bord de la route et m’a demandé ce qui se passait. Alors je lui ai dit. Je n’avais pas su avant.

Je crois qu’elle aurait voulu me consoler et je mourais d’envie de me jeter dans ses bras.

Je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas osé. Je n’ai pas pu. Il y avait quelque chose de plus fort que mon envie de me réfugier contre elle qui m’empêchait d’assouvir cette envie. Je crois que j’avais honte de souffrir, je ne pouvais pas me le permettre. Mais je crois que ce n’était qu’une manifestation parmi d’autre de ce qui est vraiment au fond, tout au fond : la peur de déranger.

Ecrit comme ça c’est presque ridicule. Rationnellement ça me paraît l’être mais émotionnellement ça ne l’est pas du tout, au contraire.

Je me suis rappelé de cet épisode hier ou avant-hier et ce midi en discutant avec Séverine j’ai découvert qu’elle ressentait la même dichotomie entre le rationnel et l’émotionnel.

C’est très troublant de sentir que la résistance est à l’intérieur.

Rationnellement je sais que je n’avais pas de raison d’avoir honte ni d’avoir peur de déranger, je saurais l’expliquer à une personne qui me raconterait cet épisode dont je ne serais alors que le spectateur. Emotionnellement, lorsque je suis impliqué comme acteur, je suis incapable de me raisonner. C’est plus fort que moi. Je n’aime pas cette expression. C’est exactement ça. Parfois je ressens quelques traits de raison mais je reste contraint sans pouvoir appeler à l’aide.

Je crois que ce jour là quelque chose s’est rompu parce que je n’ai pas su attraper sa main.

La question du jour

Jeudi 10 février 2005

Lorsque l’on réalise que sa patronne est l’une des rares personnes sur laquelle on a envie de taper, n’est-ce pas le signe qu’il faudrait envisager de changer de boulot ?

Il faut se rendre à l’évidence

Mardi 8 février 2005

Je suis une quiche en informatique.

J’ai tout réinstallé.

Victoire !

Dimanche 6 février 2005

Après plus de dix heures perdues à tester une tripotée de logiciels et à parcourir des pages et des pages de tutoriaux sur la sécurité je crois que j’ai enfin réussi à dégager la saloperie qui s’était incrustée dans mon PC.

Compte tenu du fait que je ne suis pas informaticien et vu comme j’ai ramé, je ne suis pas peu fier.

Je dois m’en rappeler

Dimanche 6 février 2005

L’important, ce n’est pas de partir mais d’arriver.

Je l’ai dans la tête

Mardi 1 février 2005

Belinda par Claude François.

Il faut que je vous chante pour oublier
Une étoile filante qui m’a quitté
Vous pouvez m’aidez à la trouver

Elle a les yeux bleus Belinda
Elle a le front blond Belinda

Ça fait dix fois qu’elle s’en va et qu’elle revient
C’est elle qui fait mon coeur et qui défait mon coeur de ses mains
Si vous la voyez
Vous la reconnaitrez

Elle a les yeux bleus Belinda
Elle a le front blond Belinda

Je devrais en avoir l’habitude
Et l’attendre comme je l’ai fait souvent
Mais j’entends crier ma solitude
Je l’appelle et ma voix tombe dans le vent

Elle est dans mon sommeil comme une fleur
Un soleil sans soleil et sans chaleur
Vous pouvez m’aider à la trouver

Elle a les yeux bleus Belinda
Elle a le front blond Belinda

Elle a les yeux bleus Belinda
Elle a le front blond Belinda

Elle a les yeux bleus Belinda
Elle a le front blond Belinda