Archive pour octobre 2004

Vie de quartier

Mercredi 20 octobre 2004

Le fleuriste près de chez moi est encore plus bavard que moi et ce n’est pas peu dire.

Dimanche matin à 8h00 je pénétrai avec précaution dans son échoppe quand il m’annonça qu’en effet elle était déjà ouverte et me demanda ce que je cherchais.

Il ne me fallut guère plus d’une minute pour choisir un magnifique cyclamen perroquet (qui présente la particularité de posséder des fleurs découpées) rose fuschia.

En revanche je mis plus de dix minutes à le quitter non sans avoir appris que le cyclamen supporterait la route sans problème puisqu’il en avait lui-même emporté un en Angleterre en 1967 où il était allé riche des souvenirs de jeunesse de sa mère mais dont il est malheureusement revenu déçu, contrairement à son frère y vit toujours, notamment à cause de l’art culinaire local. (Il convient de rappeler que Francis Bacon était anglais, Guiseppe Arcimboldo italien…)

Je crois que nous devenons un peu plus intimes puisque notre précédente conversation avait porté sur les pompes funèbres et les fleurs.

Bref, il ne faut pas que j’aille acheter de fleurs à la dernière minute mais au contraire que je prévois un systématiquement un petit délai.

Il me plaît bien ce fleuriste, je crois que je ne suis pas près d’aller visiter son concurrent du carrefour suivant.

Pourtant il me semble rien ne nous révèle autant à nous mêmes que ce que l’on ne connaît pas.

Est-ce l’intention qui compte ?

Mercredi 20 octobre 2004

Je déjeune assis sur le bord de la fontaine dans le square. A côté de moi un homme lit. Incorrigiblement curieux, au détour d’un regard, je lis sur la quatrième de couverture le titre de l’ouvrage : Comment se faire des amis.

Je me demande s’ils vendent un corde avec (pas nécessairement pour se pendre, ça peut aussi servir à attacher des amis trop peu fidèles).

Le lendemain midi je déjeune assis sur un banc près d’un groupe de jeunes pétillants de vie comme leur coca de bulles. L’un d’entre eux portent un trop grand sweat-shirt, de ceux qui ont servi de cocon à notre adolescence, mais qui diffère des miens par ce que j’y lis : Kill God, Kill your mom and dad, kill yourself.

Je ne peux m’empêcher de sourire, gentiment, tant cette inscription contraste, heureusement, avec celui qui la porte comme avec ses camarades d’ailleurs.

Deux déjeuners et deux phrases que je ne résiste à mettre en rapport pour me demander comme Candide si plutôt que d’acheter une méthode pour se faire des amis l’homme seul n’aurait pas mieux fait d’investir dans un vêtement marqué d’un appel nihiliste puisqu’il semble, contre toute attente, que ça rapproche.

LA question

Lundi 18 octobre 2004

Qu’est ce que je risque à m’engager ?

Smoking / No smoking

Samedi 9 octobre 2004

Je suis toujours déçu de voir une fille qui me plaît s’allumer une cigarette.

A méditer

Samedi 9 octobre 2004

En 1968 Alexandre Soljenitsyne a écrit :

Vous n’êtes fort que dans la mesure où vous ne privez pas les gens de tout. Car quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre.

Réchauffé

Vendredi 8 octobre 2004

Je suis appuyé sur une barrière face aux grilles de l’entrée principale du Jardin du Luxembourg.

J’attends Etienne que je n’ai pas vu depuis plus de deux ans. Séverine aussi, que je n’ai pas vu depuis quelques jours et puis Calliope et Arthur.

J’attends et le temps passant je fais plusieurs constats.

Je crois que je n’ai jamais eu autant de rendez-vous qu’à cet endroit… Sans doute plus même qu’à la Fontaine Saint Michel quelques centaines de mètres plus bas qui est pourtant, à n’en pas douter, le haut lieu du rendez-vous parisien. Quoique rien ne vaille un rendez-vous aux halles à une époque où il n’y avait pas de gsm.

En dépit de la dégradation de ma chère ponctualité je n’arrive encore pas suffisamment en retard puisque je suis une fois de plus en train d’attendre les autres.

Il ne fait pas encore particulièrement froid pourtant je n’ai d’envies, de pensées et de souvenirs que de chaleur. Ca fait plusieurs jours que ça dure. Je suis peut-être malade. A moins que ce soit parce que j’ai les mains froides. Je n’ai que rarement les mains froides et je suis toujours un peu surpris que ça arrive, comme s’il s’agissait d’une erreur.

Ce n’est pas tant la chaleur d’ailleurs que le réchauffement qui m’occupe. La sensation de la chaleur qui irradie lentement le corps. Le transit entre le froid et le chaud. Les quelques minutes d’abandon à l’essence la plus primaire de notre vie d’animal au sang chaud.

Quand j’allais au lycée il y avait dans le bus un siège en particulier de sous lequel s’échappait un courant d’air chaud qui enveloppait mes pieds, remontait le long de mes jambes et détendait mon pantalon glacé.

La chaleur qui pénètre lentement mon corps transi, avec l’assurance du temps qui passe, depuis mes mains placées sous un filet d’eau chaude ou bien glissées dans les entrailles des énormes radiateurs en fonte de l’ancienne salle à manger.

La puissante chaleur qui s’écoule en une large flaque du poêle de la cuisine chez mes grands-parents où doux grâce auquel il existe chaud des écarts de température si grand entre la cuisine et les autres pièces.

Les lits tendus de draps frais où j’appréhende le temps d’un frisson de me glisser seul (mais cette nuit où elle s’était blottie contre moi comme jamais) avant de m’endormir sous la couette gonflée de ma propre chaleur.

Des heures durant je regardais les flammes entourer les bûches de leurs caresses morbides au sein de la cheminée de l’ancienne salle à manger.

La cheminée de mes grands-parents était flanquée d’un genre d’alcôve avec une banquette aussi dure que la chaleur qui y régnait était douce.

Dans la nuit noire j’avais regardé luire les dernières braises comme des lucioles perdues dans l’immense âtre de cette maison que nous avions loué en Normandie et dans lequel j’aurais presque pu dormir et qui semblait d’autant plus béant qu’il était plus large que la pièce n’était haute.

La douche de chaleur pure du soleil en début de course qui arrose les terrasses le long des matins d’été.

Et puis ce feu ranimé à plusieurs reprises au coeur de l’hiver et des bois comme un miracle.

Dialogue de couple

Mercredi 6 octobre 2004

Dans le métro une jeune femme explique à un homme ses malheurs au travail. Elle parle durant deux stations. Ils s’apprêtent à descendre quand il lui dit :

- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
- Je sais pas, que ça va aller, que tu m’aimes, de me soutenir quoi !

Puis ils s’éloignent sur le quai et le train repart.

Fausse apparence

Mardi 5 octobre 2004

Contrairement à ce que l’on pourrait croire aucun paradoxe ne naît de la confrontation de ces deux adages : Qui se ressemblent s’assemblent et Les opposés s’attirent. En effet, on n’a jamais dit de ces derniers qu’ils s’assemblaient et réciproquement !

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve

Mardi 5 octobre 2004

par S. Gainsbourg pour Jane B.
mais aussi par tant d’autres…

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Que le ciel azuré ne vire au mauve
Penser ou passer à autre chose
Vaudrait mieux

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Se dire qu’il y a over the rainbow
Toujours plus haut le ciel above
Radieux

Croire aux cieux croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre coeur est mis à sang et à feu

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Comme une petite souris dans un coin d’alcôve
Apercevoir le bout de sa queue rose
Ses yeux fiévreux

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Se dire qu’il y a over the rainbow
Toujours plus haut le soleil above
Radieux

Croire aux cieux croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre coeur est mis à sang et à feu

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Avoir parfois envie de crier sauve
Qui peut savoir jusqu’au fond des choses
Est malheureux

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Se dire qu’il y a over the rainbow
Toujours plus haut le ciel above
Radieux

Croire aux cieux croire aux dieux
Même quand tout nous semble odieux
Que notre coeur est mis à sang et à feu

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Dis-moi que tu m’aimes encore si tu l’oses
J’aimerais que tu trouves autre chose
De mieux

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
Se dire qu’il y a over the rainbow
Toujours plus haut le ciel above
Radieux

On se cache des choses

Lundi 4 octobre 2004

Dès qu’on sent qu’on s’fait d’l'effet, on s’cache des choses.

Pour ménager son effet ?