Xeteras

Dans un des couloirs de métro par lequel je passe chaque matin il y a très souvent un homme aveugle qui se tient toujours debout au même endroit avec son chien. Il a un gros magnétophone, du genre de ceux qu’il y avait à l’école, avec lequel il passe des cassettes. C’est très souvent Georges Brassens et je me récite ainsi deux ou trois phrases à chaque passage.

Hier matin, à la seconde où je suis passé, il remerciait une jeune femme qui venait de lui faire l’aumône. Elle lui a souri et presque immédiatement j’ai vu le trouble sur son visage.

Qu’est-ce qu’un sourire pour un aveugle ?

Il y a quelques jours j’ai croisé, dans la cour des arrivées de la gare d’Austerlitz, un petit garçon qui essayait d’attraper des flocons de neige.

Je marchais, je ne me suis pas arrêté et je ne l’ai fugitivement aperçu que le temps de comprendre ce qu’il faisait.

Juste une image de sa main tendue dans le prolongement de son regard vers les flocons.

J’ai souri autant au souvenir de l’avoir fait aussi que d’y assister.