Archive pour novembre 2003

Nulle part ailleurs

Dimanche 23 novembre 2003

C’est vrai que je fais beaucoup d’heures, que je n’ai pas de RTT, pas tellement d’avantages, du moins pas comme si je travaillais dans une grande entreprise, mais dans quelle autre structure ma mission de l’après-midi serait d’aller acheter une chaîne hifi et des CD pour mettre de l’animation à la soirée beaujolais-raclette d’une trentaine de personnes organisée au bureau le soir même ?

Alors que j’attendais la chaîne susdite au retrait des achats de la FNAC j’ai entendu la dame à côté de moi demander : Vous auriez un grand sac pour que je mette tout, parce que dans le métro c’est duraille... sic !

Vendredi 21 novembre 2003

Monsieur Malaussène, Daniel Pennac

Loi de la physique familiale : tout enfant quittant une table avec précipitation provoque une hémorragie.

Loi ô combien vérifiée et pas uniquement en physique familiale.

Vendredi 21 novembre 2003

Je veux comprendre. Comprendre non pas pour justifier. Comprendre non pas pour cesser de condamner. Comprendre pour moins souffrir.

La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt

3 grues à l’horizon

Jeudi 20 novembre 2003

Vous croyiez que j’avais oublié ?

Pique-nique d’hiver

Jeudi 20 novembre 2003

Sur une nappe bleue j’avais disposé deux assiette pâles, une jaune et une blanche, des couverts effilés comme d’extrêmes ramures en janvier, deux serviettes légères de mousseline de nuage, des flûtes de cristal creusées dans des stalagtites, quelques coussins moelleux garnis de brume, des paniers de raffia tressés gonflés de clémentines et un ramequin d’étoiles que tu as renversé.

Mercredi 19 novembre 2003

[…] ayant déjà tout imaginé durant la nuit, la réalité le déçut.

La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt

Le coup de la panne

Mardi 18 novembre 2003

Tous les mardis je me dis que je ne vais pas sortir trop tard du bureau pour avoir le temps de rentrer tranquillement chez moi, de manger et de me changer avant que Calliope ne vienne ne me chercher pour que nous allions au rock (vous croyiez que j’avais arrêté ?).

La plupart des mardis, comme aujourd’hui, je sors plus tard, voire bien plus tard, que prévu et je dois me dépêcher.

Ce soir pour ajouter à la course habituelle Calliope m’annonce qu’elle est presque à sec et qu’il faut absolument que nous fassions le plein au risque de ne même pas aller jusqu’à l’école.

Ne le voyant pas arriver je me dis qu’elle est tombée en panne avant même de m’avoir rejoint. Elle arrive finalement et nous nous mettons en route, direction la station service la plus proche. Cette station service, qui doit se trouver tout au plus à un kilomètre de chez moi se situe dans une longue descente qui prend fin où commence une pente équivalente sur le versant d’en face. Nous n’avons pas encore atteint le carrefour pour nous engager dans cette rue. Il fait nuit, nous ne sommes pas en avance, et Calliope m’annonce que nous avons sans doute calculé un peu juste pour l’essence… Elle surtout ! Je lui intime l’ordre de rester en roues libres et de ne pas freiner. La rue sur laquelle nous nous trouvons descend jusqu’au carrefour. Elle double le bus (en roues libres, le moteur ne tourne plus, je vous le rappelle), se rabat devant lui, tourne à droite au feu et nous nous engageons dans la grande descente. Je lui suggère d’éteindre les warnings et de mettre son clignotant pour indiquer que nous entendons aller à la station service à gauche, ce qui est difficile à deviner avec les warnings. Je n’ai pas envie que nous nous emplâtrions le premier pilote de banlieue venu qui nous trouverait un peu lent et nous doublerait à un moment inopportun. Nous pénétrons dans la station service par la sortie, la seule issue qui s’offre à nous dans ces conditions. Nous sommes sauvés ! Il était moins une… Il fait bien sombre… La première pompe est hors-service. Pas grave. Celle d’à côté aussi. Calliope me dit : on va à laquelle ?. Je descends et je pousse la voiture vers une autre pompe… hors-service. Je manque de m’étaler. La voiture n’est pas très lourde mais le sol est très gras et mes chaussures glissent très bien dessus. Je me tourne vers la caisse. Il n’y a plus rien dans la boutique. Un type tout seul est immobile dans l’aquarium. Il me fait un grand signe des deux bras croisés : il n’y a plus rien, c’est fini. Déjà trois voitures qui sont arrivées et reparties.

Nous sommes tombés en panne d’essence aux portes d’une station service que j’ai toujours connue là aussi loin que je me souvienne mais qui vient justement de fermer ! Je refuse de croire à une quelconque malédiction et réfléchit activement, d’autant plus que l’heure tourne et que nous allons rater notre cours. Il ne reste plus une goutte d’essence nulle part, ni dans la voiture, ni dans les pompes. Impossible de démarrer. En face, dans la montée, quasi symétrique, il y a une autre station service. Nous pourrions y aller à pieds mais nous allons perdre du temps. Je pousse la voiture pour que nous sortions par l’entrée (logique puisque nous étions entrés par la sortie). Je fais arrêter Calliope un peu en retrait de la rue pour avoir de l’élan et je vais vérifier que la voie est libre. A mon signal Calliope relâche les freins et la voiture prend rapidement de l’élan pour aller faire la queue au feu, comme si de rien n’était et que son moteur ronronnait comme tous les autres. Je cours sur le trottoir pour la rattraper. Un homme m’arrête et me dit qu’il vaut mieux éteindre les feux si nous voulons redémarrer. Je lui explique que nous n’avons pas un problème de démarreur mais une panne d’essence. Il rigole et me tape sur l’épaule. J’aime la solidarité nocture banlieusarde. Le capot de sa propre voiture, garée sur le trottoir, est ouvert. Il m’indique que pour sa part il a une panne. Je jette un oeil au feu, toujours rouge. Je cours pour remonter en voiture. Calliope m’a ouvert la portière.

Une grande descente s’ouvre devant nous. Pourvu que nous ne devions pas freiner. Nous prenons de l’élan. Si le feu reste vert nous passons et nous remontons tout ce qu’on peut, s’il passe au rouge nous nous rangeons sur le côté et nous marchons jusqu’à la station service (cent mètre, deux cent maximum). Nous avons les yeux rivés sur le feu et ça fait longtemps que nous n’avons pas autant souhaité qu’il reste vert. J’ai l’impression d’être dans une caisse à roulette ou sur mon skate-board quand j’étais gamin (j’ai commencé et fini tôt le skate-board (notamment après le survol d’un escalier mais malheureusement pas avant l’atterissage ; rassurez-vous sur ce coup-là j’ai eu le cul bordé de nouilles, c’est ce qui a dû amortir ma chute d’ailleurs, beaucoup plus de peur que de mal)). Je me demande si nous allons y arriver, mais de toutes manières nous avons relâché les freins, Calliope surtout, et maintenant nous devons aller au bout, nous verrons bien où c’est. On ne va pas craquer à quelques mètres du bol de sangria… euh d’essence. Enfin bref.

Climax. Comme au ralenti, mais heureusement pas vraiment, nous passons le feu vert et entamons à pleine vitesse la remontée. J’insiste : surtout tu ne freines pas !. Les mètres défilent. Allons nous y arriver ? Nous n’allons tout de même pas échouer à quelques mètres de portée du tuyau.

Un petit coup de volant à droite et nous voilà dans l’autre station service. Je descends pour pousser la voiture sur les cinq derniers mètres. Je note que là aussi le sol est très glissant. Je m’écrie alors : je n’aurais jamais cru qu’on arriverait jusqu’ici sans essence !. Le type qui descend de la 306 à côté au même moment me regarde avec un drôle d’air.

Nous faisons le plein. Calliope m’indique que le caissier lui a dit que ça faisait trois semaines que l’autre station avait fermé. Il faudrait peut-être faire sortir le monsieur qu’ils ont oublié dedans. Nous repartons aussitôt vers notre destination première parce que j’adore qu’un plan se déroule sans accroc mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, surtout s’ils sont inflammables.

Nous sommes arrivés à l’heure pour le cours, garés devant la porte, royal.

En sortant je dis à Calliope : je crois qu’il y a un truc que tu n’as pas saisi dans le coup de la panne…

Mardi 18 novembre 2003

C’est parce que l’artiste déteste la réalité que, par dépit, il la crée.

La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt

Mardi 18 novembre 2003

C’est étrange, l’amitié. Alors qu’en amour, on parle d’amour, entre vrais amis on ne parle pas d’amitié. L’amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter. C’est fort et silencieux. C’est pudique. C’est viril. C’est le romantisme des hommes. Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l’amour pour qu’on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres. Elle doit être beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu’elle ne se confond pas avec le plaisir et les démangeaisons de peau. […] Chaque fois que je vous voyais plus vulnérables, je vous aimais davantage. C’est injuste, n’est-ce pas ? L’homme et la femme ne s’aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la séduction. Ils jouent un rôle. Pire, ils cherchent chacun le beau rôle. Théâtre. Comédie. Mensonge. Il n’y a pas de sécurité en amour car chacun pense qu’il doit dissimuler, qu’il ne peut être aimé tel qu’il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c’est un mensonge réussi et constamment renouvelé. Une amitié, c’est une vérité qui s’impose. L’amitié est nue, l’amour fardé.

La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt

Bas-Rhin: la mort de canaris sauve la vie d’un locataire…

Lundi 17 novembre 2003

…lis-je sur la page d’accueil de Free.

Curieux je m’empresse d’aller voir, un peu inquiet que Titi nous ait quitté, il faut le dire.

STRASBOURG (AP) — La mort subite de cinq canaris a permis de détecter la présence de monoxyde de carbone a un taux qui dépassait le seuil d’alerte sur quatre étages d’un immeuble de Lingolsheim (Bas-Rhin), soit huit appartements, apprend-on auprès de Gaz de Strasbourg.

Soit, c’est triste pour les canaris, mais il me semble que c’est moins grave que le décès d’un locataire. Ces canaris sont morts en héros, ce qui n’est pas donné à tous leurs congénères.

L’alerte a été donnée en début d’après-midi dimanche alors que l’un des habitants venait de constater que ses onze canaris battaient de l’aile puis s’effondraient. Il a eu le réflexe d’ouvrir la fenêtre avant d’alerter les secours. Six canaris ont pu être sauvés mais cinq sont morts.

Tous les canaris ne sont pas morts, ouf ! Je note la grande perspicacité du propriétaire des oiseaux qui a trouvé anormal qu’ils battent de l’aile, attitude pour le moins inhabituelle de la part de ces animaux. Bon, c’est vrai, je suis mauvais, le fait qu’ils s’effondrent l’a sans doute plus interpellé mais il ne semble pas avoir pensé à autre chose, une intoxication alimentaire par exemple. Heureusement qu’ils s’effondraient ceci dit car s’ils avaient juste battu de l’aile il n’aurait sans doute pas ouvert afin d’éviter une évasion.

L’origine de cet incident qui aurait pu être très grave n’est pas déterminée. Une enquête est ouverte. Les résidents de l’immeuble ont l’intention de porter plainte contre le syndic de la co-propriété.

Peut-on envisager des dommages et intérêts pour le préjudice moral subi par les canaris survivants ?