3 grues à l’horizon
Il est toujours troublant de réaliser que nous ne nous comprenons pas. Nous discutons et soudain à l’angle d’une phrase, comme on se ferait surprendre au détour d’un chemin, comme le danger nous attend tapi au creux d’un virage, l’incompréhension surgit. Nous réalisons brusquement que nous ne nous comprenons pas. Soudain l’autre semble changé. La personne qui est en face de nous a disparu. L’enveloppe est là mais l’âme que nous croyions recevoir notre confiance et recueillir notre récit semble volatilisée. Le pont s’est effondré sans qu’on sache pourquoi et chacun est seul de son côté du vide. Il a suffi d’une phrase, d’un mot parfois pour nous faire nous dire : “il/elle ne comprend pas”. Il faut bien l’avouer, si l’incompréhension est le plus souvent réciproque, à cet instant où l’on se sent seul le sentiment qui prédomine est celui d’être soi incompris. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on relativise et que l’on cherche à comprendre l’autre. Face à la solitude née de l’incompréhension on peut tendre vers deux attitudes opposées. Soit l’on considère que c’est l’autre qui ne comprend pas et implicitement qu’il est un peu con et/ou insensible (on peut considérer que ça va de pair). Soit l’on juge qu’on a du mal à exprimer clairement ce que l’on ressent et l’on essaye à nouveau, autrement.