PPfffffffffff
Ne me regardez pas comme ça. Non je n’ai pas su parler à S. Je ne sais pas faire ça. Toutes les excuses sont bonnes : il y a plein de monde, on n’a pas le temps d’échanger trois mots, je suis aussi pétrifié que si je venais de croisé Méduse (oui, bon, ok médusé quoi). Je ne sais pas lui dire une phrase aussi simple que tu accepterais que je t’invite en dehors ? ou S., j’aimerais bien qu’on se voit à l’extérieur ou… enfin peu importe, les phrases je sais les faire mais je ne sais pas les dire (on exclut tout de suite la lettre, je ne veux pas passer pour un psychopathe). J’ai peur. Je l’ai déjà expliqué il y a quelques jours. Ce n’est pas raisonné. Ici, sur ma chaise, je sais que c’est ridicule, que c’est totalement disproportionné, qu’il n’y a strictement rien à perdre, qu’il n’y a offense ni pour l’un ni pour l’autre quelque soit la réponse, que je me sens seul et que peut-être qu’elle aimerait bien que je fasse un pas vers elle (autant je peux être assez sensible à ce que ressentent les autres (bien que je reste relativement démuni avec mes sensations) en général, enfin m’a-t-on dit, parce que moi ça me paraît normal, autant dans un cas comme ça je suis comme une boussole au pôle nord) mais en face d’elle je ne me dis plus rien du tout à part que je suis un peu un handicapé social (histoire de faire un euphémisme). J’ignore dans quelle mesure les gens s’en rendent compte car je fais quand même pas mal d’efforts pour le dissimuler. Bien sûr il y a des gens dont je sais qu’ils le devinent, mais pour l’immense majorité je l’ignore. J’ai la chance de ne penser à ça que rarement. Quand je pense qu’il paraît qu’il y a des gens à qui je fais peur (pas physiquement ! arrêtez, ce n’est pas drôle). Croyez-moi les gens qui font le plus peur sont très souvent (toujours ?) ceux qui ont le plus peur. Ils ont tellement peur que ça en devient communicatif. Le plus ironique est qu’en général je ne jauge pas trop mal cette peur qui sourd chez les autres. Je crois que la fille de mon beau-père (ah oui, j’avais dit que je l’appelerai ma “demi-soeur”, je pourrai même écrire C. mais là ça pose un problème parce que ma soeur aussi c’est C., donc on reste à ma soeur et ma demi-soeur) est pareille. Elle le sent, parce qu’elle le vit. Nous nous reconnaissons entre nous. Je serai bien incapable d’en parler avec elle.
Je ne suis pas souvent fier de moi. En fait de moins en moins avec le temps j’ai l’impression. Là tout de suite : pas du tout. Il me reste à tâcher de positiver ça (si, si ça doit être possible) en attendant lundi prochain. Je dois réviser en grande quantité, ça peut faire un très bon moteur, si j’arrive à me mettre à bosser pour penser à autre chose je peux être plutôt efficace. L’expérience prouve que c’est un rouage qui peut fonctionner chez moi. Je vais aller chez le coiffeur aussi (de tputes façons je ne suis pas capable de rester concentré pendant très longtemps). J’adore le salon de coiffure, bien que j’y aille très peu souvent. J’irai bien au cinéma aussi. Peut-être que ce ne sont pas les révisions mais la culpabilité de ne pas m’y être mis qui va m’occuper l’esprit…
Beaucoup de bruit pour rien comme eut dit Shakespeare.
J’ai entendu un commercial à la radio qui parlait de téléphones portables. J’écoutais assez distraitement jusqu’à ce qu’il parle de la nécessité de créer le besoin. En gros il expliquait qu’ils fabriquent des conneries qui ne servent à rien et qui coûtent les yeux de la tête, par exemple des téléphones-appareils-photo, et que puisqu’ils ont décidé de fabriquer ça il vont devoir créer le besoin pour pouvoir les vendre. Bien sûr la formule est éculée, mais je m’énerve à l’entendre. Ce gros con explique tout guilleret que les constructeurs, de son propre aveu, fabriquent des choses inutiles et qu’on va nous les refourguer pour engranger quelques deniers. Je résume grossièrement : les téléphones offerts c’est fini, maintenant il ne rempliront pas moins de quatre fonctions. Bon, on continuera à faire un peu de bas de gamme pour les gens qui achètent des téléphones pour téléphoner mais ça doit rester marginal.
Créer le besoin, j’ai l’impression d’entendre un dealer. La première dose est gratuite (comme les premiers téléphones) et après c’est plein tarif. Cependant il n’est pas coupable, pas plus que les gens qui font tourner le système dont il se contente de profiter : tous les mecs qui se jettent sur le dernier portable, qui n’ont de cesse d’avoir le truc le plus récent. Quel est le pire : la bêtise ou l’exploitation de celle-ci ? J’ai l’impression que c’est l’exploitation quand même… On ne reproche pas au cristal sa fragilité, mais la bêtise, la maladresse ou la cruauté de qui l’a brisé.
Je passe sur le projet de loi du ministre inférieur, on en parle partout, je n’ai pas envie d’en parler, ça va me coûter trop de lignes. J’espère seulement que l’opposition sera à l’Assemblée durant les débats et qu’ils saisiront le Conseil Constitutionnel.
J’ai aussi vue un bout d’émission sur la pollution et le recyclage (c’était peut-être à propos du mondial de l’automobile). Je me suis fait la remarque suivante : quels sont les caractères distinguant le tout recyclable de l’organique ? Le recyclable parfait c’est l’organique.
Une émission où des gens couraient le marathon. J’ai trouvé ça plutôt sympathique. Ils courent tous ensemble mais pas vraiment les uns contre les autres. Je dirais plutôt que chacun court contre lui-même, mais ils le font à plusieurs.
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Je ne devrais pas parler de ces choses là ici. C’est chiant. Je n’écris pas pour ça. Il y a les journaux (enfin les autres, vous savez, ceux du kiosque) pour ça. Seulement voilà, je n’aime pas tellement parler de mes peurs, ni dire que je me sens seul, ni dire comment je me sens d’ailleurs (officiellement ça va toujours). Je peux dire, répéter sûrement, que la danse ça me plaît beaucoup, ce que je n’aurais jamais cru. Le fait de faire un truc beau (au moins d’essayer) avec son corps est très plaisant. Et puis ça me fait un peu sortir de moi, je suis dans une grande pièce pleine de monde, ça pousse aux contacts humains. C’est l’activité la plus intéressante que j’ai entamée depuis longtemps.
Sinon j’adore L’orage de Georges Brassens, La bicylette (écrite par Pierre Barouh et Francis Lai) d’Yves Montand, Cinéma de Claude Nougaro (et puis Tu verras et L’île de Ré), Faut vivre de Mouloudji, Le loup, la biche et le chevalier d’Henri Salvador, Regarde bien petit de Jacques Brel. Ne cherchez pas le rapport.