6 grues à l’horizon

Le garçon qui erre avec nonchalance durant des heures la nuit dans Paris c’est moi. Qu’est-ce que je cherche dans les rues la nuit ? Le jour peut-être.

Je me dis que le boulevard des italiens est bien loin de la porte d’Italie.

Avenue de l’Opéra je rêve que l’allegro molto de la symphonie n°9 de Dvorak poussé à un volume frisant l’insoutenable emplit Paris avec obsession, n’épargne aucune oreille, même les mieux calfeutrées et recouvre tout comme une pluie de cendres après une éruption volcanique.

Je trouve que la pyramide du Louvre est bien là où elle est. Elle fait écho à l’obélisque. Pour bien faire il nous faudrait un sphinx à Neuilly.

J’imagine les nuits noires du Louvre royal il y a quelques siècles. Le claquement des sabots qui résonne, les flambeaux ici et là ; autant de taches dans la nuit.

Les voitures vont vite. Je traverse le quai prudemment. Cette semaine la femme qui faisait le ménage du bureau est morte. Elle a été renversée au petit matin par un camion, à deux pas du bureau. Quand j’étais petit les routes étaient très très dangereuses. Il fallait se tenir un peu en retrait du bord du trottoir, regarder attentivement à gauche, à droite, puis encore un petit coup rapide à gauche avant d’entamer la traversée de la chaussée qui pouvait se changer en Styx à tout moment. Quand j’étais petit on pouvait se faire renverser, on pouvait en mourir. C’était très grave de se faire renverser alors on faisait très attention.

Sous le pont des Arts un canard tourne en rond dans une flaque de lumière. Il attend le jour pour être libre.

Le Vert-Galant s’ébroue dans la nuit.

Place Dauphine la bourgeoisie discrète a investi les terrasses. Un chemineau a installé son bivouac sur un banc de pierre. Son installation me fait penser aux bateaux des marins qui traversent l’Atlantique en solitaire à la rame. Il traverse Paris en solitaire au pied de la caravane de Montand et Signoret. Et y’a ceux/ Ceux qui ont fait leur nid / Près du lit de la Seine / Et qui se lavent à midi / Tous les jours de la semaine / Dans la Seine

La longue remontée de Saint-Michel au Luxembourg à contre-courant des touristes et des étudiants en goguette est sans surprise. Une fois n’est pas coutume.

Le printemps s’est endormi à l’écart dans les jardins de l’observatoire d’avoir trop joué avec les enfants. Une fine couche de sable clair recouvre les voitures immobiles depuis trop longtemps le long des grilles sur lesquelles je découvre trois pulls oubliés…

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