Le temps des jardins
Jeudi je traverse le jardin du Palais Royal parce que c’est plus agréable. On comprend que les Sages soient venus se nicher là, près des conseillers d’Etat : même dans le jardin l’ambiance est feutrée. Sur les balcons qui surplombent des dames et des messieurs très chics trinquent au soleil mais derrière les fenêtres des ombres s’agitent. Je longe le fourreau d’ombre des tilleuls en ignorant les terrasses de la galerie de Montepensier jusqu’aux colonnes de Buren. Des adolescents sont attroupés autour des plus grandes qui sont autant de totems.
Vendredi je traverse le jardin des Tuileries en sortant de l’exposition Magritte. Au coeur les ilôts de verdure qui bordent l’allée centrale j’aperçois tantôt des enfants qui jouent sous l’oeil bienveillant d’une grand-mère tantôt des amoureux enlacés comme des lianes qui font corps avec l’Eden. Je sors du côté de la passerelle Solférino et je longe le quai jusqu’au pont Neuf. La Seine coule paresseusement et sur les pavés chauds on rêve de plage. Le temps s’est embarqué sur la Seine et a ralenti à son rythme.
Lundi je suis dans le jardin du Luxembourg. Je bouquine à l’ombre des platanes de la fontaine Médicis. Acis et Galathée sont toujours aussi beaux et Polyphème, heureusement, toujours aussi figé. La minuscule terrasse du petit Suisse est bondée. Tant pis pour aujourd’hui. Le soir dans un petit restaurant de la rue du Pot de Fer nous nous croyons en vacances avec Calliope, Arthur, Yvan et Sèverine. Il y a beaucoup de touristes. Il fait chaud. Ils passent un jazz doux à la radio et durant une minute nous nous imaginons que la mer est au bout de la rue.
J’ai envie d’aller faire un tour au Parc Montsouris.