Dans ma poche
J’ai une fâcheuse tendance à recopier, le plus souvent sur des morceaux de papier, des choses que je lis qui me plaisent ou bien une poignée de mots auxquels je pense.
Ainsi, je retrouve parfois dans une poche une feuille sur laquelle je me relis. Je me souviens toujours de l’endroit où je l’ai noté et, le cas échéant, de ce que j’avais lu. En revanche, je ne me souviens pas toujours de l’idée que cela avait éveillé chez moi et que je n’ai pas notée.
Ca fait des semaines que je traîne de pantalons en pantalons cette feuille pliée en huit (je les plie souvent de la même façon) sur laquelle je relis :
Le divertissement est un besoin vital.
Il s’agit du slogan d’une publicité de Vivendi que j’ai vue dans le magazine que j’avais acheté avant de prendre le train quand je suis parti en vacances.
J’avais pensé qu’une foule de gens n’avait pas accès à la satisfaction de ce besoin vital. Ensuite, il m’a semblé qu’il y avait plusieurs autres besoins vitaux qui auraient mérité d’être listés avec le divertissement.
Enfin, je ne suis pas certain que la civilisation des loisirs soit un tel progrès.
Rôle d’abandon
Il n’y aura aucune raison de paniquer.
Rôle d’incendie
En tout état de cause, éviter de paniquer
Les rôles d’abandon et d’incendie affichés à bord du navire qui faisait la liaison avec l’île où je suis allé en vacances se concluaient chacun sur la phrase que j’ai relevée.
Cela m’avait fait sourire.
Je ne comprenais pas pourquoi la conclusion du rôle d’abandon est plus optimiste que celle du rôle d’incendie. En effet, dans un cas il n’y aura aucune raison de paniquer tandis que dans l’autre il faudra éviter de paniquer, ce qui signifie qu’il peut exister des raisons de céder à la panique.
De surcroît, la traversée d’à peine cinq minutes donnait un caractère futile aux instructions mentionnées.
“Je n’ai jamais douté de la vérité des signes, ils sont la seule chose dont l’homme dispose pour s’orienter dans le monde. Ce que je n’ai pas compris, c’est la relation entre les signes.”
Frère Guillaume à Adso son disciple dans “Le nom de la Rose” d’Umberto Eco
Relevé dans le même magazine que ci-dessus. Je ne sais plus de quoi traitait l’article que cet extrait venait illuster.
J’ai le même problème. Non seulement il faut percevoir les signes mais ensuite il faut parvenir à les relier entre eux et à les interpréter.
Autant d’embûches quotidiennes.
J’en viens parfois à me demander s’il ne vaudrait pas mieux que les signes m’échappent systématiquement plutôt que de les pressentir mais de ne rien savoir y comprendre.