Le coût de la vie
Dans la classe de Calliope il y a un gamin qui a expliqué que s’il était payé il serait d’accord pour se faire violer. Vérification faite il semblait bien savoir ce qu’était un viol. Je n’entamerai pas le débat relatif au fait que si la victime était consentante, peu importe la raison, il n’y pas viol. Je ne suis pas sûr que l’élève en question réalise cette subtilité. Je constate que la boucle est bouclée, l’argent est la contrevaleur universelle, tout peut être changé en argent et donc en biens matériels et nous avons dès lors une contrevaleur en marchandises. Ce qui signifie que l’être humain et le bien, la chose (res), sont échangeables entre eux. L’être humain est une marchandise, idée qui prévalait à l’esclavage et son commerce et que l’on osait croire éradiquée, du moins dans les régions dites développées du monde.
Je me souviens que lorsque j’ai lu 1984 de George Orwell ce qui m’a le plus marqué ce furent les réflexions et les développements à propos du langage et de son appauvrissement : la novlangue, langue officielle élaborée par le Parti visant une simplification excessive du vocabulaire et par extension de la pensée. Un certain nombre de pensées, d’idées, de sensations devenant inexprimables faute d’un langage le permettant. En restreignant le vocabulaire on restreint la pensée. Or j’ai le sentiment que le vocabulaire utile, le langage courant va en s’appauvrissant. Il y a des enfants à l’école qui ne savent pas lire ni écrire à 8, 9 ou 10 ans. D’autres plus âgés qui savent mais encore faut-il voir dans quelles limites. Le vocabulaire s’acquiert en pratiquant le langage : en lisant ou en parlant, pas en regardant des images. (Là je m’égare mais je veux l’écrire ici : Il y a des parents qui ne savent même pas qu’un jour de semaine il y a école. Il y a des parents dont la réaction à l’annonce du départ en classe de neige de leur enfant est : c’est bien comme ça on verra pas ta gueule pendant 10 jours. Il y a des parents dont je ne vois pas bien ce que l’on peut faire d’eux. Fin de la parenthèse.)
Dans le même temps j’entends que les banques développent des crédits sur 30 ans, bientôt 40, voire 50 et vous voilà attaché à vie à votre banquier comme les serfs à leur seigneur ou, plus tard, les ouvriers aux grandes familles qui possédaient l’usine mais aussi tout ce qui était plus ou moins attenant : maisons, commerces, terrains, etc.
Dans tous les mouvements qui agitent le monde et qui semblent si nombreux, si complexes et si difficiles à appréhender il y a un mouvement de fond(s) puissant, régulier, dirigé, dont l’objectif est la concentration du maximum de moyens, et donc d’argent, dans le minimum de mains. Des mains qui forment un puit sans fond. Un puit qui donne bien moins qu’il ne prend. Un trou noir.
Bien sûr ce ne sont que quelques lignes peu fondées, sans chiffres (ô combien adorés des financiers) pour les étayer, sans démonstration développée. Je me permets des raccourcis mais malheureusement je crains qu’il n’y ait pas que moi et que tout ça ne soit pas que pure fabulation.