Je me souviens
Vendredi soir je suis allé au théâtre voir Je me souviens de George Pérec interprété par Sami Frey.
Je dois avouer que ce n’était pas tant le texte que l’homme qui m’attirait, quoique théoriquement le second est au service du premier. J’ai une véritable admiration pour Sami Frey. Sa classe et son charisme doublé d’une discrétion de bon aloi le nimbent d’un mystère troublant. C’est le genre d’homme par lequel je comprends que les femmes soient attirées, je serais même surpris du contraire. Et puis c’est le David de César et Rosalie. D’ailleurs, pour l’anecdote, il cite Romy Schneider et Yves Montand dans ces souvenirs.
J’ai adoré ce spectacle. La scène est recouverte d’un immense drap quadrillé d’élingues reliées aux passerelles de manoeuvre qui lèvent alternativement des pointes de drap figurant ainsi, avec le soutien d’un très bon éclairage, un paysage vallonné dans lequel Sami Frey évolue au guidon de son vélo probablement posé sur un système de rouleaux installé sur une estrade circulaire d’environ 2 mètres de haut. Il pédale pour de vrai tout au long de la représentation en se souvenant à voix haute comme il soliloquerait seul sur la route. Les mouvements tant circulaire que latéraux de l’estrade ajoutent au réalisme d’une mise en scène remarquable, que je qualifie personnellement de parfaite. On a le sentiment d’être une petite souris assise sur son épaule.
Le texte de Pérec est moins évocateur pour moi que pour des gens plus âgés, qui constituaient d’ailleurs l’immense majorité des spectateurs. Je n’ai pas été contemporain des personnes, des événements et de l’époque qu’il évoque mais j’en connais un certain nombre et par ailleurs ils font écho en moi et me rappellent d’autres choses (parlant de Pérec je me permettre ce terme) auxquelles je les associe. J’aime beaucoup être confronté à des textes qui ont pour moi une part d’abstraction importante et qui me laissent ainsi une certaine latitude d’évocation. Les chansons d’Alain Bashung en constituent un bon exemple. D’une certaine manière ils m’ouvrent des perspectives, ils ouvrent mon esprit, comme si je ne parvenais pas à le faire seul. Il constituent une sorte de clé, de catalyseur ou de détonateur.
Rien à ajouter, rien à enlever.
Si vous avez l’occasion d’assister à un représentation je vous invite à ne pas la rater.