Ma vie c’est Tetris
Le temps s’écoule inexorablement et une multitude de choses (dans un sens aussi large que l’on puisse l’imaginer) se présentent avec lesquelles il faut composer. Autant de petites ou grosses briques aux formes diverses et variées qu’il faut essayer d’imbriquer au mieux pour ne pas perdre d’espace ni surtout de temps. Il faut rentabiliser au travail comme ailleurs. Je peux toujours lire plus, écouter plus, voir plus, ressentir plus, faire plus. Je peux toujours en faire plus… jusqu’à l’épuisement. Cette grosse brique qui revient avec une constance infaillible et emporte avec elle ma conscience à chaque passage.
Je veux toujours faire plus.
Tetris ou la peur du vide. La chasse à l’espace creux. Honni soit le trou. La peur du vide, la peur de rien en fait.
Plus petit j’avais peur du noir. Est-ce une mutation ? Que se passe-t-il dans le noir que je ne vois pas, qui m’échappe ? Que se passe-t-il dans le vide (où tout m’échappe puisqu’il n’y a rien à saisir) ? Est-ce la même angoisse ?
Ou bien la peur de l’erreur, de mal joindre les briques ? La peur des vices de construction. Vous auriez pu mettre une brique là, pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
Ou bien la volonté de tout maîtriser et l’assimilation de la maîtrise au mur parfait, sans défaut, sans brique manquante. Le truc carré, d’équerre. Ambiance niveau et fil à plomb. Que les briques aillent où je le veux. Pour que les autres admirent le maçon ?
Et si je faisais un tas ?
Non, je ne crois pas que je saurais faire ça.