Au fond

Je n’ai pas toujours une très haute estime de moi-même mais quand je relis mon C.V. je suis carrément inquiet. Je finis par me demander à quoi je passe mon temps. En fait il y a plein de choses qui m’intéressent mais d’un point de vue utilitaire pour un recruteur je crains que ça ne soit pas très prégnant (là c’est du jeu social comme je n’aime pas). Je suis un peu touche à tout mais le revers de la médaille est que je ne suis réellement doué pour rien. J’ai du mal à comprendre les gens qui consacrent la quasi totalité de leur temps à une chose en particulier, un domaine, une activité (type sportifs de haut niveau ou bien les bourreaux de travail qui consacrent 70 heures par semaine à leur boulot)(je me rends compte que mon propos est à prendre avec des pincettes, tel que je l’écris on pourrait croire que je ne comprends pas les gens qui travaillent, ce n’est pas le cas, au contraire, il faut bien vivre. On me dira oui mais c’est une passion, soit, je dis juste que c’est très loin de ma vision des choses). J’aurais l’impression de rater mille choses en faisant ça. Paradoxalement j’ai certaines difficultés en matière de relations humaines et j’entretiens des rapports avec assez peu de gens mais solides. Je n’ai pas vraiment de relations du genre qu’on voit comme ça, comme des collègues de bureau ou des partenaires de tennis (j’ignore pourquoi je pense à cet exemple). En fait je n’aime pas les relations légères, ce n’est pas rassurant. Pourtant je reconnais volontiers que cela présente des avantages certains.

Je vois moins de gens qu’à une certaine époque. J’imagine que c’est la vie. Ca changera sans doute et puis je crois qu’on trouve toujours ce qu’on cherche. Seulement notre quête est parfois inconsciente,ce qui peut causer certains décalages entre la réalité et la perception que nous en avons. Il faut faire un effort de lucidité. Je vois moins de gens parce que je suis sorti du cadre classique de la fac, parce que j’ai passé énormément de temps sur le net, parce qu’un de mes meilleurs amis s’est expatrié en Belgique et que nous entretenons des rapports plutôt frais pour diverses raisons, parce que je suis célibataire ce qui proscrit les sorties en couple (tant à deux qu’avec mes amis qui vivent en couple), parce que je ne suis pas très facile d’accès. Il y a beaucoup de faces cachées dans le diarisme, il n’y a pas que ça mais il y en a une part non négligeable à mon sens. Je me demande dans quelle mesure nous nous retrouverions si nous nous décrouvriions au quotidien. Je ne dis pas que ce que nous (vous permettrez ce nous si vous vous y retrouvez) écrivons est faux, je ne le pense pas. Par contre je pense que c’est ce que nous ne disons pas. Quel est l’intérêt d’écrire ce qu’on a déjà dit ? Nous ne sommes pas là pour faire des procès-verbaux. J’écris ce que je ne peux pas ou ne veux pas dire mais que je ressens le besoin d’exprimer. Il se trouve que dans le cas présent c’est par le biais de l’écriture mais il y a d’autres manières. Il y a beaucoup de choses ici que je ne saurais pas dire, du moins dont je ne sais pas à qui je serais capable de les dire. Pourtant cette partie parfois (parce que d’autres fois j’écris des bêtises, bien sûr c’est moi aussi le grille-pain mais c’est moins sensible) très intime et très secrète (sauf éventuellement pour ceux qui la devinent mais ce qu’on devine reste toujours plus ou moins flou) influe sur la partie visible de moi-même. Je pense que cette partie cachée correspond souvent chez les gens à ce qu’on ne comprend pas. On se doute qu’il y a quelque chose là derrière, mais on ne sait pas quoi. Une idée a commencé à poindre en moi : peut-être pourrai-je, un jour, faire lire tout ça à des lecteurs choisis cette fois, déférence gardée à ceux qui me lisent actuellement et qui même interviennent parfois, ce pour quoi je leur suis reconnaissant.

L’écriture offre une distance suffisante pour parvenir à exprimer certaines choses mais il est vrai que tant qu’à écrire autant être lu plutôt que de cacher un cahier dans un tiroir. J’admets volontiers que l’attitude est assez paradoxale. On pourrait parler d’une troisième voie si l’expression n’avait pas été si dévoyée. Ceci dit ce n’est peut-être pas si paradoxale que ça. Il s’agit de confronter une part de sa personnalité aux autres mais à travers un filtre à défaut d’y parvenir de manière plus traditionnelle. Les mots écrits sont nettement détachés de soi contrairement aux mots dits. D’autant plus s’ils ne sont pas écrits à la main. Il n’y a plus trace de ma personne physique. Bien sûr on pourra m’opposer le fait qu’on peut très bien enregistrer sa voix mais il y a de soi dans sa voix, comme dans son écriture manuelle, on reconnaît le timbre de celui qui parle. Les intonations sont aussi significatives que les mots employés. L’écriture est forcément plus brute et atteint son paroxysme avec la typographie. Pourtant je sais bien qu’on cherche beaucoup plus à imaginer physiquement un auteur (c’est uniquement pour les besoins de ma phrase, prenez le dans le sens de quelqu’un qui écrit) qui parle de lui qu’un auteur de romans. Les mots écrits ne sont donc pas totalement détachés tant qu’ils décrivent une réalité. Il y a au moins une personne qui me lit et qui m’a déjà vu (souvenez-vous…)(oui, je suis rencontrable) et inversement. Cela fait une différence. Une petite car on ne se connaît pas en un déjeuner. A y repenser c’est tout de même étrange car on conserve une certaine pudeur, on ne peut pas discuter comme ça de ce qu’on a lu de l’autre et pourtant on n’est pas confronté à une personne étrangère. C’est une rencontre inversée en quelque sorte. Vous rencontrez quelqu’un que vous connaissez, en partie, de l’intérieur. Vous découvrez l’enveloppe charnelle au sein de laquelle vous savez certaines choses que les observateurs autour de vous, qui la découvrent en même temps que vous, ignorent. La situation ne m’a pas gênée (contre toute attente) du fait de la réciprocité. Ensuite vous associez une image aux mots. Si tant est qu’il y en ait je suis désolé pour les personnes curieuses de ma physionomie mais je tiens pas à mettre de photo ici. Les gens que je connais en vrai ignorent que j’écris et je ne tiens pas à ce qu’ils le découvrent en me reconnaissant ici. Et puis je reste relativement méfiant vis à vis du net. N’importe qui peut arriver ici. De toutes manières je ne suis pas très photogénique, je ne vous laisserai donc imaginer qu’une silhouette : je mesure 1m72, pèse 65 kilos, j’ai les cheveux châtains clairs plutôt courts, les yeux… ça se discute (on dirait un avis de recherche)… je ne suis ni armé ni dangereux.

Cependant je ne perds pas le fil. Si je vois moins de monde c’est parce qu’au fond je n’étais pas très à l’aise avec du monde autour de moi. Je n’aime pas trop les groupes. L’idéal c’est d’être deux parce qu’on peut se concentrer sur l’autre. Trois est presque toujours deux plus un. Quatre ça peut encore aller. Pour un repas on peut se réunir jusqu’à huit. Au-delà, c’est trop. C’est bien pour une soirée ou une fête, mais ce n’est plus un groupe ce sont des personnes réunies en lieu précis. Je ne suis pas très à l’aise s’il y a beaucoup de monde autour de moi mais je ne suis pas paniqué. Ce n’est pas de l’agoraphobie. Cela fait des années que je prends les transports en commun y compris aux pires heures sans jamais m’être senti inquiété, ni au cinéma, ni dans la rue, etc Non la rencontre humaine (dès lors que l’autre en face peut me découvrir) me stresse, je crois. J’imagine que c’est un problème de confiance en soi. Je crains de décevoir l’autre parce que je n’en saurai pas assez, je parlerai et j’agirai mal, je ne lui plairai pas. J’ai l’impression que j’ai pris la mauvaise habitude d’anticiper tellement une réaction déçue que je n’essaye plus que rarement (ce qui est assez prétentieux finalement puisqu’en faisant ça je prétends savoir ce qu’il pense mieux que lui (je parle toujours de l’autre)). A la longue ça me pèse, ce qui commence à provoquer une réaction inverse de ma part : je fais des efforts pour communiquer (enfin vous voyez ce que je veux dire quoi…).

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