Date d’expiration

Depuis une semaine j’ai une nouvelle carte d’identité.

C’est le genre de détail anodin qui donne un coup de vieux qui l’est beaucoup moins.

Ce n’est que la troisième carte d’identité de ma vie.

La première était à l’ancien format de ces cartes en carton couleur mastic qui se pliaient en deux. Elle comportait la photo d’un enfant fixée par deux rivets ainsi que l’inévitable tampon sec qui a aujourd’hui disparu.

Je ne me souviens plus à quelle occasion elle avait été établie mais je sais que c’était avant 1986. En effet, à l’époque c’était un document dont la durée de validité était déjà de dix ans. Or j’ai demandé ma seconde carte d’identité en 1996 pour pouvoir partir en vacances en Tunisie avec Octave, Romuald et un troisième type, car la précédente n’était plus valide. J’avais vingt ans.

J’avais opté pour une carte d’identité plutôt qu’un passeport car l’une comme l’autre permettait indifféremment d’entrer, et de ressortir, de Tunisie mais la carte d’identité coûtait moins cher et avait une durée de validité deux fois plus longue.

Cette seconde carte d’identité était déjà la carte sécurisée dont le modèle est toujours en vigueur.

Il y a neuf ans je suis donc parti en vacances en Tunisie avec des amis. La date de validité de ma carte d’identité, en 2006, m’avait alors paru extrêmement éloignée. C’était après la fin de la fac, même dans la pire des hypothèses. C’était une date irréelle, trop lointaine pour être jamais atteinte. Un peu comme le 25 décembre quand j’étais petit sauf que là je n’avais même pas envie d’y arriver.

En juillet dernier, assis dans le bureau de l’état civil, j’avais beau me rassurer en me disant que nous n’étions qu’en 2005, la date d’expiration de ma carte d’identité m’apparaissait comme une réalité très proche. Comme toujours, ce n’est pas tant le terme que le délai qui retenait mon attention conformément au principe qui veut que l’attention soit fixée sur le terme tout au long délai qui le précède pour ne s’intéresser au délai proprement dit qu’une fois le terme atteint. A cet égard je devrais essayer de m’imprégner un tant soit peu de la pensée Bouddhiste et tout particulièrement d’un de ses préceptes fondamentaux qui est de faire l’expérience de la vie telle qu’elle est. Il s’agirait de se concentrer un peu sur le moment présent.

Ma première impression est qu’il ne s’est pas passé grand chose depuis 1996. Quand je commence à me souvenir des détails, l’accumulation me fait rapidement revenir sur cette première impression mais sans que je parvienne à m’en détacher tout à fait.

En tout état de cause le premier fait qui me vient à l’esprit c’est qu’Octave et Romuald sont toujours mes amis. Ensuite j’ai repensé à quelques épisodes et j’ai commencé à réaliser que se détachaient particulièrement de la masse de très beaux jours et des moments clés, pas forcément aussi agréables.

J’ai été arrêté par la peur d’en dresser une liste exhaustive. Le symptôme de la fin m’attend toujours à l’orée du bois… Je n’ose pas faire un bilan. Rien que le mot lui-même me déplaît. J’ai bientôt trente ans.

En fait ce n’était pas une demande de carte d’identité que j’étais venu déposer à la mairie mais une demande de passeport. J’ai profité de l’opportunité pour faire d’une pierre deux coups car ma carte d’identité arrivait bientôt à expiration et que ce document est aujourd’hui gratuit.

J’ai donc également un passeport à présent… pour un voyage que je ne ferai pas.

Contre toute attente, renversant le fameux adage selon lequel la fonction crée l’organe qui avait pourtant prévalu à ma demande, le fait de disposer d’un passeport m’incite à voyager.

Reste à régler la question du financement.

Erreur de la base de données de WordPress : [Table 'xeteras.wp_comments' doesn't exist]
SELECT * FROM wp_comments WHERE comment_post_ID = '334' AND comment_approved = '1' ORDER BY comment_date

Laisser un commentaire