4 grues à l’horizon
Jeudi 12 février 2004Basse, l’horizon.
Basse, l’horizon.
…ça me fait rire aussi :
Sans qu’on sache trop pourquoi, les dragons, en dépit de leur extrême intelligence et de leur expérience plusieurs fois séculaire, avaient une fâcheuse tendance à recevoir des flèches dans les yeux. Ils n’avaient jamais vraiment compris le truc employé par les hommes qui faisaient semblant de tirer dans une direction et lançait leur trait dans une autre. Ce n’était pas conforme à la pratique en usage chez les dragons et allait à l’encontre de l’idée qu’ils se faisaient de l’éthique guerrière.
Apportez-moi la tête du prince charmant, Roger Zelazny & Robert Sheckley
Julie Depardieu, Mademoiselle Julie, grande tragédienne en devenir, intense et magnétique… On sait depuis La Petite Lili qu’elle n’a rien à voir avec ces starlettes à Bachelor se targuant, en guise de principal talent, d’être chaudes comme des baraques à frites.
Cette phrase est extraite d’un article rédigé par ” Ph. L. “ et paru dans l’édition de ce jour de La voix du Nord.
J’adore l’expression, ça me fait beaucoup rire.
En conséquence je réponds : oui.
Lundi soir je me suis rendu à l’Elysée Montmartre pour assister au concert de Sinclair.
Après une bonne première partie assurée par Smooth, un trio guitare-clavier/basse/batterie/loops (oui, c’est fort à trois) que je ne connaissais pas et dont j’ai acheté le disque après le concert la lumière s’est rallumée le temps de changer les instruments et de préparer la scène pour la suite… alors, après une petite intro instrumentale, Sinclair qui avait manifestement dépouillé The Bride/Uma Thurman avant de venir est apparu et toute la salle s’est mise à onduler en rythme pour deux heures, interrompues seulement par les 2 (!) rappels, d’un groove puissant et sans faille.
Sinclair est un vrai showman. Il se revendique, humblement toutefois, fils spirituel de James Brown, Prince et de son idole (ndla : Sly stone)(dont il nous a interprété une version incandescente), j’ai constaté pour ma part qu’il était aussi leur fils scènique (je n’ai vu que des images des autres mais c’est comme ça que je les imagine). Il est entouré de bons musiciens et l’ensemble fait preuve d’une cohérence qui n’a d’égale que son énergie. Sinclair chante, danse, joue et cabotine. Les intermèdes entre les chansons tombent juste et s’il en fait des caisses ce n’est pas grave, au contraire, on en redemande. Il sait faire bouger son public et lui donner envie de renvoyer autant que ce qu’il reçoit.
Nous sommes ressortis de la salle comblés et je suis en mesure de confirmer que la devise de cette année (pour mémoire : 2004 année de l’éclate) est juste.
Je crois déjà que ça restera une des meilleures sorties de l’année alors même que nous en sommes qu’à la mi-février. S’il fait des festivals cet été vous ne regretterez pas le déplacement, que je ferai peut-être moi-même d’ailleurs si j’en ai l’opportunité.
Aujourd’hui j’ai encore ses chansons dans la tête.
(mémorable réplique de Jean-Pierre Marielle alias Cox dans Les grands ducs de Patrice Leconte)
Au bureau nous recevons un nombre phénoménal de publicité par fax (ce qui à mon sens devrait être interdit : ça coûte de l’encre et du papier (surtout du papier) et ça finit à la poubelle sitôt identifié).
Ce matin nous avons reçu une qui a attiré mon attention plus que les autres. Une entreprise propose ses services pour effectuer le diagnostic sanitaire devant précéder toute vente d’immeuble. En effet en France il est aujourd’hui obligatoire lorsque que vous vendez un bien immobilier de faire procéder à un diagnostic de celui-ci ayant pour but de déceler les traces d’amiante, de plomb et de parasites (essentiellement les termites à l’heure actuelle) dont vous adjoignez les résultats au contrat de vente.
Tant qu’à faire un diagnostic autant qu’il soit complet… il faudrait y inclure les voisins. D’autant plus qu’il est déjà prévu de rechercher les parasites. Ainsi pourrait-on acquérir son logement en étant parfaitement informé. Vous avez tant de voisins directs, qui sont situés de telle manière, M. Untel est un facho fini capable de vous mettre en joug parce qu’il a cru que vous essayiez de voler votre propre voiture, les petits jeunes de l’autre côté sont très gentils toutefois lui aime jouer de la batterie entre minuit et deux heures du matin, la vieille dame de derrière est adorable, offre des gâteaux à tout le monde mais s’ennuie à mourir sans heureusement aller jusque là et peut vous tenir la jambe pendant vingt minutes même sous une pluie battante, le type qui habite tout seul et qui a l’air très bizarre est en fait très timide mais agréable en revanche il ne sait garer sa voiture que sur deux places et, vous l’apprendrez plus tard, souvent devant chez vous, les trois enfants de la famille Truc ont une imagination inimaginable et leur papa est champion du monde de barbecue catégorie sardines grillées à moins de 5 mètres de votre table de jardin, le chien de mademoiselle Chose traîne souvent en liberté mais il est adorable avec tout le monde et ce serait bien la première fois qu’il s’en prendrait à quelqu’un si par extraordinaire il ne vous aimait pas, enfin les retraités au-dessus de chez vous voyagent beaucoup et ont effectivement beaucoup d’absences qui explique qu’ils puissent partir pour deux semaines en Chine en laissant un robinet ouvert.
Autant de petites informations que l’on aimerait connaître au moins autant sinon plus que le taux de plomb de la peinture qui se trouve sous le papier peint des WC.
Il semblerait que Madame Fontaine soit favorable à un assouplissement du projet de loi sur l’économie numérique ou LEN.
Il convient de rappeler que cette loi est la transposition (tardive comme souvent en France) d’une directive européenne. On peut présumer que le projet amendé s’inspirera des solutions adoptées dans les pays ayant déjà procédé à cette transposition et confrontés alors aux mêmes questions.
En vadrouille dans Paris ce samedi j’ai frôlé l’incident. J’ai arrêté ma main in extremis juste avant qu’elle ne saisisse la poignée de la porte de la FNAC Digitale. Cela tient du réflexe. Je ne me suis souvenu de ma résolution qu’au dernier moment en un flash salvateur dont j’ai été presque surpris. L’essentiel est que je m’en sois souvenu à temps.
D’abord il y a plusieurs 4×3 qui fleurissent près du bureau. Style publicité moderne. Un logo géant qui inclut un mot : Starbucks. Point barre.
Soit Starbucks vient s’installer à Paris comme ils en font la menace depuis un moment, soit c’est un hoax… la deuxième solution semble peu probable vu le prix du m², même à la verticale, dans Paris.
Dans un journal je découvre que la première hypothèse était la bonne. Un Starbucks a poussé avenue de l’Opéra. Je me demande s’ils ont aussi importé Ally McBeal.
Grâce à un trajet en autobus je procède à un premier repérage visuel. C’est donc vrai, le coffee shop à l’américaine prend Paris d’assaut. Il y en aura sans doute pour regretter que le modèle batave ne lui ait pas été préféré.
Ce matin je passe à pieds. Il ne pleut pas. C’est décidé, je fais mon Ally McBeal. Je veux aller au bureau en remontant la rue avec mon gobelet en carton. Il n’y a pas trop de monde. Je fais simple, je demande un café de la semaine moyen (je crois que les gobelets sont américains parce que vu la taille du moyen je n’ose pas imaginer celle du grand). Je ne sais pas qui a commandé un muffin airelles-orange. Ah c’est moi… vous êtes sûrs ? Bon bah je le prends alors. (les minis cakes choclat et amandes-citron ressemblent étrangement à ceux de Pomme de pain). La caissière m’indique une sorte de petit présentoir où je trouverai du sucre et des touillettes. Le même genre de présentoir que celui des restaurants d’entreprise (quand on est petit on va à la cantine, quand on est grand au restaurant d’entreprise ; bon, pas moi, mais c’est parce que non seulement je suis petit mais la société pour laquelle je travaille aussi) sauf que là il est Starbucks.
Deux détails qui font la différence : il y a deux gobelets l’un dans l’autre pour éviter de se brûler les mains et les touillettes sont de longues tiges en bois (un peu dans le genre de celle du docteur pour faire aaaaahhhhhhhhhhhh mais en beaucoup moins large) or j’aime grignoter et ma préférence est toujours allée aux crayons à papier (en bois) plutôt qu’aux stylos (en plastique).
Un autre détail : il y a du sucre roux et du sucre sans sucre.
J’ai regardé vite fait les bulletins de demande d’emploi dans lesquels j’ai trouvé une rubrique que je n’avais jamais vue ailleurs connaissez-vous quelqu’un travaillant chez Starbucks ? dans laquelle on est prié d’indiquer le cas échéant le nom et le magasin de cette personne.
Ensuite je suis sorti jongler avec ma sacoche, mon muffin et mon gobelet. Je suppose que c’est une question d’entraînement. Cela dit je ne vais sans doute pas avoir beaucoup d’occasions de m’entraîner…
Je marche dans la rue le regard un peu dans le vague comme souvent. J’aime bien regarder les gens que je croise, de manière pas trop appuyée afin que ce ne soit pas gênant. Je croise le regard d’un jeune homme qui me dit en passant son bras autour de l’épaule de la jeune femme qui marche à côté de lui : elle suce très bien. Il a un petit sourire légèrement narquois. Je lui rends très sincèrement. Je continue à marcher sans me retourner. Je me demande s’il voulait me provoquer, fanfaronner ou bien juste rigoler. Je n’ai pas croisé son regard à elle comme il l’a peut-être cru.
Je n’ai que deux disques de lui (ce qui n’est que très peu compte tenu de sa production), je ne suis pas spécialement fan, j’aime bien certaines chansons mais pas toutes, je ne suis pas spécialement sa carrière mais j’ai le sentiment que comme quelques-uns qui ont une certaine grâce (un don, du talent, appelez ça comme vous voulez) quand il fait quelque de chose de moyen il survole déjà la foule, il évolue dans un espace où la moyenne en question ne s’évalue que par référence au reste de son oeuvre, je crois que c’est un génie (auteur, compositeur, arrangeur, producteur, interprète, multi-instrumentiste), je ne l’ai pas vu en concert mais j’aimerais parce que je suis réellement fasciné par Prince quand il joue.